
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au fil des années, le nombre de théories cabalistiques ne diminue pas.Image: Keystone/imago, montage watson
Aux Etats-Unis, Donald Trump a donné un nouvel élan aux théories du complot. En Suisse aussi, le taux de croyance aux conspirations augmente après avoir chuté pendant le Covid.
26.05.2025, 16:5526.05.2025, 17:29
Pascal Michel / ch media
Plus d'une personne sur trois en Suisse croit aux théories du complot. Une étude publiée l'année dernière par la Haute école des sciences appliquées de Zurich donne un chiffre précis: 36,9%.
Un résultat très révélateur de notre époque
Le chercheur en extrémisme Dirk Baier a utilisé un sondage en ligne pour demander à plus de 2 000 personnes si elles soutiennent des affirmations, telles que «Il existe des organisations secrètes qui ont une grande influence sur les décisions politiques» ou «Les politiciens et autres dirigeants ne sont que des marionnettes des puissances qui se cachent derrière».
Les résultats sont particulièrement intéressants, car ils remontent jusqu'à 2018. A l'époque, 35,9% des personnes interrogées croyaient aux théories du complot. Pendant la pandémie, alors que les théories du complot faisaient l'objet d'un débat médiatique intense, la proportion a étonnamment chuté à 27,1%. Dirk Baier pense que l'attitude agressive des corona-sceptiques a eu un effet dissuasif.

Pendant la pandémie, les théories du complot ont été très présentes dans les médias. Notamment en raison des mesures sanitaires restrictives. Ces dernières avaient causé des rassemblements contestataires, comme ici à Genève.Image: Keystone
Les théories du complot offrent des repères
Le dernier sondage montre à nouveau une nette augmentation: près de 37% des Suisses croit aux théories du complot. Cette tendance est particulièrement marquée dans certains groupes: l'année dernière, les femmes, les personnes ayant un niveau d'éducation faible ou moyen et la population rurale ont davantage cru aux théories du complot.
Il faut noter que les personnes les moins bien loties économiquement continuent d'être globalement plus favorables aux théories du complot que la moyenne. L'étude précise:
«Il semble que les différentes crises qui ont suivi la pandémie, la guerre en Ukraine, l'approvisionnement énergétique, l'augmentation de la migration, l'inflation, sont inquiétantes dans leur ensemble et provoquent un sentiment de menace et une peur du déclassement qui conduisent davantage à chercher des repères dans des récits conspirationnistes.»
Cette augmentation pourrait poser problème, écrit Dirk Baier. Car les tendances conspirationnistes sont souvent liées à l'extrême droite et à l'extrême gauche ainsi qu'à des attitudes violentes. Et, selon l'enquête, ces dernières ont également augmenté en 2024, même si ce n'est pas toujours de manière significative.
«La sensibilisation de la population aux modèles d'explication conspirationnistes et aux dangers qui y sont liés devrait donc absolument se poursuivre»
Dirk Baier, spécialiste de l'extrémisme
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci
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