D’après une étude, 70% des Suisses et Suissesses estiment que la cohésion sociale s’est affaiblie ces dernières années dans le pays. Les sujets les plus clivants sont l’immigration, le soutien à l’Ukraine et les mesures contre les pandémies.
Plus de la moitié du corps électoral souhaite une limitation de l’immigration, révèle lundi un sondage représentatif mené auprès de 2500 personnes, à l’initiative de Pro Futuris et de la Fondation Mercator Suisse, en collaboration avec l’Université de Berne.
La «polarisation émotionnelle» (ou affective) est particulièrement marquée sur l’immigration: une grande partie des Suisses ressent une antipathie extrêmement forte face aux personnes désireuses de faciliter celle-ci, souligne l’étude. Par ailleurs, plus de 50% du corps électoral estime que des restrictions de liberté individuelle sont nécessaires pour lutter contre les pandémies. Un quart s’oppose à de telles restrictions:
«Quatre ans plus tard (après le début de la crise Covid), les mesures en cas de pandémie polarisent encore fortement. Les positions pour ou contre les mesures continuent de générer de forts sentiments négatifs», relève une co-auteure de l’étude, Isabel Schuler.
Sur d’autres sujets, la polarisation est moins chargée émotionnellement. C’est le cas pour l’organisation de l’Etat social, l’égalité des sexes et la protection des minorités sexuelles. Les personnes souhaitant une extension des prestations sociales de l'Etat sont plus nombreuses que celles réclamant leur réduction, d’après le sondage.
Sur l'égalité des genres et sur la conception de l’Etat social, «la population se considère comme particulièrement disposée à faire des compromis. Cela pourrait indiquer qu'il existe de la place pour de nouvelles solutions constructives sur ces deux questions», notent également les chercheurs.
Les électeurs UDC et du PS sont les plus enclins à prendre des positions clivantes avec un fort attachement émotionnel. Ce sont eux aussi qui «montrent les antipathies les plus prononcées à l'égard des personnes ayant une position opposée marquée sur certaines questions», toujours selon l'étude.
Les personnes qui s'engagent bénévolement et qui ont une grande confiance dans le gouvernement et les médias sont «moins polarisées sur le plan affectif». (jah/ats)