En 2024, Swiss – la filiale de Lufthansa – a enregistré le deuxième meilleur bénéfice de son histoire: 684 millions de francs. Une belle performance… sauf que de nombreux employés n’en voient pas la couleur. Résultat, la grogne monte, et le syndicat du personnel de cabine a décidé de passer à l’action.
Depuis l’annonce de ce bénéfice record, le malaise est palpable chez Swiss. En cause? Le système de rémunération variable, qui dépend à 70% des résultats du groupe Lufthansa. Et ceux-là, comparés à ceux de Swiss, sont décevants. Le bonus attendu par beaucoup est tombé à l’eau — ou du moins, s’est révélé bien moins généreux qu’espéré. Sur l’intranet interne, les réactions ont fusé:
Les choses n'en sont pas resté là. Pour faire passer leur message, les membres du syndicat Kapers ont distribué environ 4000 pièces de chocolat (les fameuses Schoggitaler) aux hôtesses et stewards. L’idée? Que chaque employé renvoie symboliquement ce franc en chocolat à la direction.
Mais au-delà du geste, c’est un ras-le-bol plus profond qui s’exprime: une charge de travail de plus en plus lourde, une organisation des vacances compliquée... Bref, le moral n’est pas au beau fixe.
Dans une lettre jointe au chocolat, Kapers rappelle que le personnel fait preuve d’un engagement sans faille depuis des mois, malgré la pression.
Le syndicat exige donc des mesures concrètes: plus de transparence sur les objectifs à atteindre avant de devoir choisir entre les différents modèles de rémunération, des objectifs réalistes et surtout, un 13e salaire garanti pour tous, en plus d’une vraie participation aux bénéfices.
Le patron de Swiss, Jens Fehlinger, a été interpellé dans une lettre ouverte. Mais la réponse de la direction est claire: aucune modification du processus n’est envisagée. D’après eux, tout est conforme au contrat collectif de travail (CCT).
Kapers ne conteste pas ce point, mais insiste. «Même si c’est conforme, le résultat de cette année est vécu comme une gifle pour celles et ceux qui, au vu des chiffres, avaient cru à une vraie reconnaissance de leur engagement.»
Traduit de l'allemand par Joel Espi