Spectaculaire et dramatique accident de chantier vendredi matin à Prilly, dans l'Ouest lausannois: un échafaudage de 60 mètres de haut s'est effondré près de la Vaudoise Aréna. Le bilan provisoire est lourd: au moins trois morts, quatre blessés graves et cinq autres blessés.
Lorsque survient un tel drame, y a-t-il dans votre syndicat quelque chose de prévu pour venir en aide aux familles des victimes?
Pietro Carobbio: Je ne peux pas m’exprimer sur l’accident de Malley, dont j’ignore, à ce stade, les circonstances. Il faut laisser l'enquête se faire. D’une manière générale, tout dépend des circonstances du drame et des personnes impliquées. Par exemple, il s’agira de savoir si les victimes sont ou étaient syndiquées.
C’est en fonction des cas et de la situation que nous intervenons. Naturellement, nous recevons les proches des personnes syndiquées qui auraient besoin d’aide ou tout simplement d’être écoutées, même si nous n’avons pas au sein d’Unia de cellule psychologique. Il y a un fonds de secours qui peut être activé pour le rapatriement des corps, par exemple. Face à pareil drame, la camaraderie et l’entraide jouent, quoi qu’il en soit. C’est ce qu’on appelle la solidarité.
Savez-vous si des personnes syndiquées chez Unia travaillaient sur ce chantier?
Il y a probablement des travailleurs syndiqués qui étaient présents sur ce chantier, mais je n’en sais pas plus en l’état.
Est-ce que les syndicats de la construction comme le vôtre s’impliquent dans les mesures de sécurité des chantiers?
Oui, nous faisons des campagnes de prévention des risques. Nous participons avec l’aile patronale à des cours de formation par rapport à la sécurité. Lors de nos visites de chantiers, si nous constatons des anomalies, nous intervenons auprès des maîtres d’ouvrage concernés ou de l’organe de contrôle qu’est la Suva.
Est-ce qu'il peut y avoir des pressions exercées sur une entreprise de construction, partant, sur des ouvriers, pour terminer un chantier dans les délais?
Oui, cela arrive, c'est un des gros problèmes qui se posent dans la construction. Je ne peux pas vous dire si de telles pressions ont été exercées dans le cas du chantier de Malley où le drame est survenu.
A qui sont payées les pénalités de retard?
Elles sont payées par l'entreprise de construction au maître d'ouvrage.
Est-il fréquent, dans le secteur de la construction, de marquer une pause dans les chantiers pour partir en vacances? Ce qui pourrait expliquer que, dans certains cas, on se presse d'en faire le plus possible avant de mettre fin temporairement aux travaux.
Cela arrive, bien sûr. Mais normalement, le début des vacances d'été, dans la construction, coïncide avec la fin de la troisième semaine de juillet, voire de la quatrième. Là, nous sommes à la fin de la deuxième semaine de juillet. Je ne sais pas si une date de fin temporaire des travaux pour les vacances d'été était prévue sur le chantier accidenté. Il arrive que, sur un gros chantier, les équipes se relaient de façon à ce que le chantier ne s'arrête pas, même durant les vacances d'été.
L'une des hypothèse pour expliquer l'origine du drame serait que le monte-charge ait chuté, emportant avec lui tout un pan d'échafaudage. La raison de cette chute pourrait-elle être un poids trop important placé sur le monte-charge. N'y a-t-il pas des grues pour les poids les plus lourds?
Bien sûr qu'il y a des grues, en tout cas une. Autant que je sache, la grue qui figurait sur ce chantier n'était plus là au moment de l'accident. Quant au monte-charge, je ne suis pas un spécialiste, mais il va de soi qu'il y a des limites de poids.
Est-ce que vous avez le souvenir d’un accident de chantier aussi grave survenu dans le canton de Vaud?
D’une telle ampleur, je n’en ai pas le souvenir. Il y a eu l’an passé une grue qui est tombée sur un chantier à Lausanne. L’accident avait fait un mort.
(amn)