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Voici les métiers qui souffrent pour recruter en Suisse

Très demandés, difficiles à trouver: les installateurs de chauffage.
Très demandés, difficiles à trouver: les installateurs de chauffage.Image: Shutterstock

Voici les métiers qui ont le plus de peine à recruter en Suisse

La pénurie de main-d'oeuvre qualifiée est importante. Une enquête de l'Union patronale suisse montre dans quelles professions et branches, et dans quels cantons la situation est particulièrement grave. Spoiler: la Suisse romande s'en sort bien
09.03.2023, 14:27
Florence Vuichard / ch media
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Ces temps-ci, tout le monde se plaint de la pénurie de personnel qualifié: les restaurants d'alpages, les magasins de village, les jeunes entreprises informatiques, les hôpitaux universitaires. Tous ont des postes vacants qu'ils ne parviennent pas à pourvoir et doivent donc limiter leurs heures d'ouverture, refuser des commandes ou même réduire le nombre des lits d'hôpitaux.

Si toutes les entreprises peinent à recruter, les difficultés ne sont pas partout les mêmes: dans certaines régions, branches et professions, il est encore plus compliqué, voire impossible, de trouver du personnel. Les différences entre les professions et les régions sont de taille. C'est ce que montre une nouvelle étude commandée par l'Union patronale suisse au Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et au bureau de conseil BSS.

Les métiers techniques souffrent

Les auteurs de l'étude ont pris comme indicateur de la pénurie de personnel qualifié la durée de vacance des postes ou pendant laquelle les offres sont en ligne. L'idée est la suivante: plus une offre pour un poste est publiée longtemps, plus il est difficile de le pourvoir et donc plus la pénurie de personnel qualifié est forte.

L'analyse a porté sur un total d'environ 3,1 millions d'offres d'emploi publiées entre début 2018 et fin 2021. En moyenne, les postes sont donc publiés pendant 43 jours sur les portails d'emploi en ligne et les sites web des entreprises. Mais alors que certaines annonces peuvent être retirées du réseau après quelques jours seulement, 10% restent en ligne plus de 100 jours. Environ 50 000 postes étaient même toujours en ligne après 240 jours ou huit mois durant la période étudiée.

Selon l'étude de l'Union patronale suisse, c'est chez les installateurs de chauffage que la pénurie de personnel est la plus importante: leurs postes sont publiés en moyenne pendant 76 jours, soit presque deux fois plus longtemps que l'annonce moyenne pour l'ensemble de la Suisse. Il existe également des différences au sein même de la recherche d'installateurs de chauffage: dans 20% des cas, le poste peut être attribué après moins de 25 jours, alors que dans les 20% de cas les plus difficiles, il est encore vacant après 130 jours.

Les charpentiers, les dessinateurs techniques, les contremaîtres, les installateurs sanitaires et de nombreux autres métiers techniques de l'industrie et de la construction sont également très difficiles à trouver. En revanche, il est relativement facile de trouver des personnes pour des emplois de bureau. Les offres d'emploi pour les secrétaires sont retirées du site au bout de 23 jours en moyenne. Dans 20% des cas, il faut plus de 30 jours.

Difficile pour les bureaux d'architectes, plus facile pour l'administration

Ce ne sont donc pas les ingénieurs, les médecins ou les informaticiens et développeurs de logiciels, dont on parle tant, qui sont les plus recherchés, et ce ne sont pas les professions nécessitant un diplôme universitaire qui figurent dans le top 10 des durées de vacance les plus longues, mais celles qui requièrent un diplôme professionnel avec certificat fédéral de capacité.

L'évaluation par branche confirme l'image d'une pénurie aiguë dans les professions techniques. Il en ressort que la pénurie de personnel qualifié est la plus importante dans le domaine de l'architecture et de la planification, avec 62 jours de vacance en moyenne. Suivent la branche du bois et du papier ainsi que le secteur de la construction avec 60 jours chacun.

La technique environnementale, l'approvisionnement en eau, l'informatique ainsi que différentes branches de l'industrie des machines, de l'électricité et de la métallurgie enregistrent également une forte pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Le tourisme ainsi que la gastronomie et l'hôtellerie se situent au niveau de la moyenne suisse. Le secteur de l'aviation, qui prévoit cette année encore de réduire ses horaires de vol en raison du manque de personnel, se situe lui aussi dans la moyenne.

En revanche, l'administration publique ne connaît guère de problèmes de recrutement: les postes y sont publiés en moyenne pendant 29 jours, et pour les 20% les plus compliqués à pourvoir, la recherche dure plus de 32 jours.

La Suisse romande bien placée

En ce qui concerne la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, il existe également de grandes différences entre les cantons. Les auteurs de l'étude parlent même d'une «disparité est-ouest».

En Suisse romande, la durée de vacance est la plus faible, surtout dans les cantons de Genève et de Vaud avec 38 jours en moyenne. Aucune valeur n'est disponible pour le canton du Tessin, car la qualité des données est moins bonne, expliquent les auteurs de l'étude.

A l'autre bout du classement on retrouve la Suisse centrale et orientale ainsi que dans le canton d'Argovie, où la durée moyenne de vacance est la plus élevée. A Glaris, une annonce d'emploi doit par exemple rester en ligne en moyenne 50 jours; dans les cantons d'Uri, de Nidwald et d'Appenzell Rhodes-Intérieures et Extérieures, cette période est de 49 jours.

Les différences régionales persistent même en comparant des postes similaires, c'est-à-dire des emplois qui s'adressent aux mêmes professionnels et qui exigent les mêmes qualifications. Selon ces calculs, le même poste reste affiché environ 12,5 jours de plus dans le canton de Saint-Gall que dans le canton de Genève.

Selon les auteurs de l'étude, les différences entre les taux de chômage cantonaux, qui se distinguent par un schéma similaire, pourraient expliquer ces différences régionales pourtant considérables. Mais là, la courbe est inversée: la Suisse centrale et orientale a les valeurs les plus basses et la Suisse romande les plus élevées. La durée de vacance plus faible en Suisse romande pourrait donc s'expliquer en partie par le nombre plus élevé de demandeurs d'emploi.

Des pertes de plus de sept milliards

Les auteurs de l'étude ont également calculé les coûts des durées de vacance excessivement longues, puisque l'économie perd des heures de travail productives lorsqu'un poste reste vacant. Ils chiffrent la perte de valeur ajoutée pour l'ensemble de l'économie à jusqu'à 0,9% du produit intérieur brut (PIB) suisse par an, ce qui correspond à près de sept milliards de francs. Les pertes varient selon les branches: plus la branche est intensive en termes de valeur ajoutée, plus les pertes sont importantes. Valentin Vogt, président de l'Union patronale suisse, déclare:

«Si nous ne parvenons pas à atténuer au moins un peu le problème de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, notre prospérité diminuera sensiblement»

Selon Vogt, il existe aujourd'hui en Suisse un potentiel de main-d'œuvre inutilisé de l'ordre de 300 000 équivalents temps plein. «Nous devons les mobiliser», dit-il. C'est un travail difficile. Car il n'y a pas de recette miracle contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, elle ne peut être combattue que par une multitude de petites mesures, souligne Valentin Vogt. «C'est une mosaïque que nous devons assembler ensemble.» Le président de l'Union patronale suisse considère que les employeurs, les employés et les autorités publiques ont tous une part de responsabilité.

Il faut par exemple de meilleures incitations fiscales et des offres de garde par des tiers en nombre suffisant et à un prix abordable pour ramener les femmes dans la vie active, des assouplissements dans la prévoyance vieillesse pour maintenir les personnes dans la vie professionnelle au-delà de l'âge de la retraite ou un assouplissement des contingents des pays tiers pour que les personnes qui suivent une formation dans notre pays puissent ensuite y travailler.

Trop d'exigences?

Le président de l'Union patronale suisse appelle les entreprises à plus de flexibilité et à moins d'exigences. Elles devraient aussi mettre des postes au concours à temps partiel. Car selon les calculs de l'étude de KOF-BSS, les durées de vacance sont en moyenne plus courtes lorsque le poste est mis au concours avec un taux d'occupation flexible, par exemple 80 à 100%.

Le temps nécessaire pour pourvoir un poste diminue également lorsque le catalogue des exigences est réduit. Concrètement:

«Chaque exigence supplémentaire en matière de compétences augmente la durée de vacance de 0,6 jour»
L'étude de KOF-BSS

On constate également que la durée du poste vacant augmente particulièrement lorsque les compétences suivantes sont demandées dans l'annonce: innovation, disposition à voyager, compétences professionnelles, anglais, confiance en soi, sociabilité et bienséance. Peut-être que les services de recrutement pourraient renoncer à l'avenir à quelques-unes de ces exigences.

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