Chaque année, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, le magazine The Economist publie son «indice du plafond de verre». Il s'agit d'un classement qui compare les conditions de travail des femmes dans 29 pays, Suisse incluse. Il permet ainsi de voir où elles ont le plus de chances de bénéficier d'un traitement égalitaire sur le lieu de travail.
Le classement est basé sur plusieurs facteurs différents, comprenant l'écart salarial entre les sexes, la part des femmes dans la population active, chez les cadres et dans les parlements, ainsi que le coût des gardes d’enfants et la durée du congé parental.
L'indice 2025 est le suivant:
La Suède se classe première, suivie par trois autres pays scandinaves (l'Islande, la Finlande et la Norvège) et par la France, cinquième au même titre que la Nouvelle-Zélande et le Portugal. Le succès des pays scandinaves n'est pas étonnant, estime The Economist, qui évoque leurs politiques soutenant l'égalité des sexes et les parents qui travaillent.
A l'autre bout du classement, on retrouve la Turquie, qui occupe la dernière place, après le Japon, la Corée du Sud... et la Suisse. Notre pays se classe en effet 26e (sur 29); bien loin des meilleurs, donc. Essayons de comprendre pourquoi, en passant en revue chaque indicateur.
La Suisse fait relativement bien au niveau de la présence des femmes sur le marché du travail. Leur taux de participation est seulement 7% inférieur à celui des hommes. En Italie, par exemple, ce pourcentage se monte à 18%, alors que la moyenne de l'OCDE est de 14%.
L'écart salarial y est également moins prononcé qu'ailleurs. Ce dernier est de 12%, un pourcentage encore élevé, mais plus faible que celui affiché par l'Allemagne, le Canada ou les Etats-Unis, par exemple. La part de femmes dans les parlements est aussi relativement importante: elles représentent 38% des élus et élues, contre 46% en Suède, l'exemple le plus vertueux.
Les choses empirent lorsqu'on regarde la proportion de femmes occupant des postes de cadre et dans les conseils d'administration: la Suisse affiche des valeurs moyennes, se situant autour de 30% dans les deux cas. Notre pays possède également la part la plus faible de femmes titulaires d'un diplôme universitaire.
Mais il y a un domaine dans lequel la Suisse brille par sa médiocrité, selon The Economist: les indicateurs qui touchent à la famille. Il s'agit du coût des gardes d’enfants et de la durée du congé parental payé, tant pour les mères que pour les pères.
La Suisse affiche les coûts des gardes les plus élevés du groupe de référence: selon The Economist, ces derniers représentent presque la moitié du salaire moyen. En Allemagne, ce pourcentage est d'à peine 1%. Même scénario pour les congés parentaux: celui pour les femmes dure l'équivalent de 7,8 semaines (contre 78 en Hongrie et 68 en Slovaquie), tandis que celui pour les pères ne dure qu'une semaine, contre 31 au Japon.
Ces indicateurs sont très importants, rappelle le magazine américain:
The Economist rappelle finalement que son indice a ses limites, mais qu'il permet de montrer les performances des pays analysés sur un groupe cohérent d'indicateurs au fil du temps.
«Bien que les femmes aient encore du mal à franchir le plafond de verre, la plupart des pays évoluent au moins dans le bon sens», note-t-on. Ce n'est pas le cas de la Suisse, qui conserve sa 26e place depuis une bonne dizaine d'années. (asi)