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Comment la Suisse pourrait endiguer l'immigration

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On demande souvent aux gens de travailler plus longtemps. Mais pour les plus âgés, la recherche d'un emploi reste difficile.Image: KEYSTONE
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Comment la Suisse pourrait endiguer l'immigration

L'UDC a gagné les élections sur la peur d'une Suisse à 10 millions d'habitants. Il y aurait pourtant des possibilités de mieux utiliser le potentiel de main-d'œuvre existant dans le pays.
28.10.2023, 16:3228.10.2023, 17:07
Peter Blunschi
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Le slogan était accrocheur, et il a fonctionné. «Non à une Suisse à 10 millions d'habitants», pouvait-on lire sur les affiches, les flyers et les annonces avec lesquels l'UDC a tenté de mobiliser l'électorat. Un message visiblement menaçant pour de nombreuses personnes, puisque le parti a obtenu dimanche le troisième meilleur résultat électoral de son histoire, avec 27,9%.

Peu importe qu'elle ait mélangé l'immigration économique, la politique d'asile et la criminalité des étrangers en une mixture peu ragoûtante. L'UDC s'en est tirée parce que les autres partis ont une fois de plus refusé de mener un débat de fond. Pourtant, après une accalmie temporaire, l'immigration a de nouveau fortement augmenté.

Cela génère des craintes liées notamment à la «surpopulation étrangère». Elles sont souvent irrationnelles, mais en toute objectivité, il faut reconnaître que l'UDC touche un point sensible. La surface utilisable en Suisse est limitée. Plus la population augmente, plus le conflit entre l'espace urbain, l'agriculture et la protection de la nature s'accroît.

La crise du logement menace

L'aménagement du territoire s'efforce d'assurer une coexistence compatible. Mais cela implique une densification de l'habitat, ce qui provoque des résistances. Et avec le ralentissement récent de la construction, la Suisse est menacée d'une grave crise du logement. Elle pourrait apporter de nouvelles adhésions à l'UDC, qui n'a pourtant guère de recettes pour lutter contre l'immigration.

La part de loin la plus importante revient au marché du travail. Pour limiter ce besoin, l'UDC devrait remettre en question sa politique économique néolibérale. Cela se fait tout au plus de manière rudimentaire. Par conséquent, le parti vise la libre circulation des personnes avec l'UE, notamment avec son «Initiative pour la durabilité».

Taux d'occupation élevé

D'autres sont plus courageux, comme Jacqueline Badran (PS/ZH). La conseillère nationale la mieux élue a même remis en question, dans une interview, l'implantation de Google à Zurich. Si l'on ne veut pas entrer dans ce «champ de mines», il faut trouver des moyens de mieux exploiter le potentiel indigène. Ce qui n'est pas simple, car deux tiers des plus de 15 ans sont actifs.

En comparaison internationale, c'est un chiffre très élevé. Il existe néanmoins des potentiels «dormants» qui permettraient au moins d'endiguer l'immigration. Ils sont les suivants.

Temps partiel

Le taux d'occupation élevé masque le fait que le travail à temps partiel est répandu en Suisse. Près de 60% des femmes travaillent à moins de 90%. Chez les hommes, c'est à peine 20%. Ce phénomène est bien connu: le travail à temps partiel est considéré comme un frein à la carrière. C'est pourquoi ce sont généralement les femmes qui finissent par réduire leur temps de travail.

Un changement de mentalité chez les employeurs ne se met en place que lentement. Le remède préconisé est le développement de l'accueil extrafamilial des enfants. Un projet en ce sens est en suspens au Parlement, mais le glissement à droite lors des élections pourrait le faire chuter. A cela s'ajoute le fait que certains travaillent volontairement moins grâce aux salaires suisses élevés.

Sous-emploi

Toutefois, certaines personnes souhaiteraient travailler davantage, voire travailler tout court. Le taux de chômage se situe à un niveau record de 2%, ce qui donne l'illusion du plein emploi. Mais la réalité est tout autre. L'Office fédéral de la statistique chiffre le potentiel de main-d'œuvre inutilisé en Suisse à 674 000 personnes.

Parmi eux, on trouve des chômeurs en fin de droit, des employés temporaires, des travailleurs à l'heure et d'autres qui souhaitent augmenter leur temps de travail. Les personnes âgées sont très souvent concernées. Certes, la recherche d'emploi devient plus facile pour les chômeurs de plus de 50 ans en raison du manque de personnel, mais elle n'est pas simple. Et avec l'âge, elle devient plus compliquée, voire impossible.

«Tout le monde parle de travailler plus longtemps, mais dans la réalité, les personnes de plus de 55 ans ont du mal à trouver un nouvel emploi», a déclaré Pascal Scheiwiller, CEO du cabinet Von Rundstedt & Partner, cité dans une étude publiée la semaine dernière. Selon lui, cette situation est déprimante pour les personnes concernées, surtout lorsque l'on se plaint constamment de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

Les mentalités

Dans la plupart des cas, le problème se situe au niveau des employeurs. «82% des entreprises ne disposent d'aucun programme de recrutement ou d'intégration pour les groupes à risque, comme par exemple les travailleurs âgés de plus de 60 ans, les bénéficiaires partiels de l'AI ou les femmes après une longue maternité», tel est le résultat de l'enquête menée auprès de 1907 responsables du personnel.

Ce n'est pas le seul obstacle. Selon l'enquête de Von Rundstedt, deux tiers des employeurs exigent impérativement une expérience dans le secteur lors du recrutement. Les personnes venant d'autres horizons ne sont donc pas les bienvenues. Au lieu de les engager et de les former, on préfère faire venir du personnel «prêt à l'emploi» de l'étranger.

Pistes multiples

Dans sa dernière édition, la NZZ am Sonntag a attiré l'attention sur un autre potentiel de ressources. En Suisse, pays prétendument libéral sur le plan économique, il existe des domaines qui échappent en grande partie à la concurrence et qui sont «gonflés» en conséquence. Ainsi, il y a environ 600 fournisseurs d'électricité, presque autant que dans toute l'Allemagne.

Les petits clients sont «enchaînés» à leur fournisseur, ce que beaucoup ressentent douloureusement en ce moment. Un assainissement des structures libérerait des spécialistes qui seraient «très bienvenus ailleurs», selon la NZZ am Sonntag. D'autres exemples sont le secteur de la santé («à chaque vallée son hôpital») ou les nombreuses caisses de maladie et de pension.

Un assainissement du paysage hospitalier aurait également pour effet secondaire bienvenu de réduire le recrutement de médecins et de personnel soignant à l'étranger, qui pose de graves problèmes éthiques. Des réformes structurelles mises en oeuvre avec discernement ne libèrent pas seulement du personnel qualifié, elles tendent également à accroître l'efficacité et à faire baisser les prix.

Der Eingang zur Notfallstation beim Spital Zweisimmen, am Dienstag, 29. August, 2023 in Zweisimmen. (KEYSTONE/Peter Klaunzer)
Une meilleure planification hospitalière permettrait de réduire les besoins en personnel.Image: keystone

Les personnes concernées se défendent souvent avec la massue du lieu de travail. Mais cette «arme» s'est émoussée. Bien que l'économie montre actuellement des signes de ralentissement face aux crises mondiales, la pénurie de main-d'œuvre reste un problème majeur. Et il ne disparaîtra pas de sitôt, car la vague de départs à la retraite des baby-boomers bat son plein.

Une plus grande flexibilité dans l'esprit des employeurs, combinée à des réformes structurelles, contribuerait à éloigner le «spectre» d'une Suisse à 10 millions d'habitants dans un avenir prévisible. Et si la prise de conscience fait (encore) défaut, des contraintes matérielles pourraient peut-être aider, car partout dans une Europe vieillissante, la main-d'œuvre se fait rare.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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