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Cet avocat publie une offre d'emploi qui fait trembler la Suisse romande

Cet avocat publie une offre d'emploi qui fait trembler la Suisse romande

Dimanche, Sébastien Fanti a secoué le marché du travail romand. En cause? L'avocat valaisan s'est mis en quête de son futur chief happiness officer. Depuis, c'est une avalanche de messages outrés, amusés, circonspects. Vrai ou fake? On a lancé un coup de fil à l'ancien (et sulfureux) préposé valaisan à la protection des données et à la transparence.
15.01.2023, 18:00
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«J'ai rédigé cette annonce en vingt minutes, parce que la météo m'empêchait d'aller skier. Jamais j'aurais pensé que ça pouvait prendre une telle ampleur. Je suis un peu dépassé par les événements.» Mais de quoi parle-t-on? Dimanche, le sulfureux avocat Sébastien Fanti s'est mis à la recherche d'un être humain ayant les compétences nécessaires pour incarner le bonheur en entreprise. En l'occurrence, dans son cabinet, Lexing Switzerland.

Pour cela, le tout frais ancien préposé valaisan à la protection des données et à la transparence a posté une offre d'emploi sur ses différents réseaux sociaux.

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«Vous devez donc et en bref contribuer au bonheur des collaborateurs»

On reconnait très vite, dans le fond comme dans la forme, les manières du célèbre Valaisan. L'offre d'emploi, mais aussi le vocabulaire employé, sont volontiers provocateurs. Parmi les tâches de cette future perle rare: «relativiser les problèmes rencontrés par l'humour (si besoin corrosif)».

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Depuis dimanche, c'est une avalanche de réactions qui s'abat sur cette offre d'emploi à temps partiel. Certains crient à la fake news, d'autres s'offusquent du ton employé et des petits malins en profitent pour proposer leur candidat idéal (l’humoriste Recrosio est en bonne place). Mais que peut bien faire un chief happiness officer dans un cabinet d'avocat?

«Notre métier est encore plus difficile depuis la fin du Covid. Les coups sont quotidiens: on gère les emmerdements des autres, rarement leurs succès. Le bonheur de ceux qui bossent avec moi est donc capital, mais je n'ai pas forcément le temps de m'en occuper»
Sébastien Fanti

L'agenda de cette ouverture de poste n'est pas tout à fait anodin. Depuis le début de l'année, Fanti n'est donc plus le préposé valaisan à la protection des données et à la transparence. Une mission qu'il a remplie pendant neuf ans et qui ne lui a pas rapporté que des amitiés en Valais.

En cause (notamment), son franc-parler et son caractère frondeur. Pour rappel, dans Le Temps et juste avant de rendre son tablier, il avait taclé ouvertement 80% du parlement cantonal: «Le niveau de faiblesse est tel qu’aujourd’hui, à part peut-être 20% des députés, les autres ne comprennent rien à ce qu’ils décident, mais font de la politique partisane.» Ce chief happiness officer sera-t-il également chargé d'amortir les provocations du patron sur le quotidien de ses collaborateurs? «Oui. Et c'est aussi pour que cette transition se déroule au mieux. Ce début d’année sera marqué par des changements fondamentaux dans notre activité.»

«Bien sûr que mes collaborateurs ont une certaine pression sur les épaules. Ce n'est effectivement pas facile pour eux d'entendre des critiques et des menaces à mon encontre»
Sébastien Fanti.

Travailleur bisounours?

Pour clouer le bec de ses détracteurs, Sébastien Fanti évoque aussi le succès de son offre d'emploi. «Rien que ce matin, j'ai reçu une quinzaine de dossiers. Je pense qu'on atteindra 500 postulations au total. Je peux vous dire que les candidats sont sérieux. Certains sont encore juristes dans de grandes sociétés, vous vous rendez compte? Je pense que ça démontre que la recherche d'un certain bonheur au travail n'est pas si futile qu’on voudrait le croire.»

Un commentaire posté dimanche sous la publication de Sébastien Fanti sur Facebook.
Un commentaire posté dimanche sous la publication de Sébastien Fanti sur Facebook.

Si l'annonce a créé autant de remous, c'est parce que cet intitulé de poste est aussi récent que clivant. Un emploi dans le vent pour un travail qui brasse de l'air? «J'attends évidemment un retour sur investissement. Ce n'est pas juste pour la beauté du geste. Le bonheur en entreprise joue un rôle-clé dans la motivation et la fidélité d'un collaborateur. D'autant que je déteste le changement.»

«Ce n'est pas un travail de bisounours. La personne ne sera pas là pour dire oui à tout et cajoler les collaborateurs toute la journée. Elle devra être à la fois empathique et directive. Une certaine force de caractère sera nécessaire»

L'annonce précise enfin que le chief happiness officer aura «carte blanche». Fanti, qui n'a jamais été très tendre avec le monde des RH de manière générale («des flics le plus souvent»), admet que le management n'est pas sa plus grande spécialité. «Ce n'est pas un secret, bosser avec moi, ce n'est pas simple. Je ne peux pas sourire à tout le monde continuellement et j'ai mon caractère. Tout le monde n'ose pas venir me parler.»

Adepte du morning gratitude, (il adresse une dizaine de lettres manuscrites bienveillantes tous les matins), l'avocat valaisan a récemment chargé une fleuriste d'égayer chaque semaine les bureaux comme elle l'entend. Au bout du fil, le trublion annonce vouloir faire bientôt de même en ce qui concerne «l'ambiance olfactive» au bureau. Une stratégie du bonheur au travail, très à la mode chez Google ou Qoqa, dont cette dernière offre d’emploi n'est finalement qu'une nouvelle étape.

«Certains diront que le vieux a encore pété un câble. Mais je crois que c'est aussi un exercice d’humilité que de confier le bonheur de ses collaborateurs à une tierce personne.»

Journée de chaos à Brasilia
Video: watson
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