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L'UDC exige la démission d'Amherd: voici les véritables raisons

Bundespraesidentin Viola Amherd waehrend der Wintersession der Eidgenoessischen Raete, am Mittwoch, 11. Dezember 2024 im Staenderat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Viola Amherd est dans le collimateur de la direction de l'UDC.Image: keystone

L'UDC exige la démission d'Amherd: voici les véritables raisons

L'UDC exige dans un communiqué de presse la démission de Viola Amherd. Mais ça en dit plus sur le parti lui-même que sur la ministre de la Défense.
14.01.2025, 11:57
Benjamin Rosch / ch media
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C'était un embarras d'un genre particulier pour le chef de l'armée Thomas Süssli et Markus Mäder, secrétaire d'Etat à la sécurité: les deux cadres du Département de la défense ont d'abord pu exposer leur vision de la sécurité de la Suisse aux cadres de l'UDC à Bad Horn. Et ont dû constater un peu plus tard que le parti d'extrême droite demande dans un communiqué de presse la démission de la ministre de la Défense Viola Amherd (Le Centre, ex-PDC).

Markus Mäder et Thomas Süssli avaient sans doute espéré que l'UDC, si critique envers l'Otan, s'ouvre à l'idée d'un rapprochement avec cette organisation après avoir entendu leur vision du futur de l'armée. Au lieu de cela, leurs exposés sont devenus des preuves que l'élite de l'UDC a utilisées pour faire le procès de la conseillère fédérale du Centre. Après tout, Süssli avait lui-même reconnu que l'armée était en mauvaise posture.

«Démissionnez, Madame la Conseillère fédérale Amherd»: même les membres du groupe UDC s'étonnent de la demande de la direction du parti. Car sur le fond, elle est quelque peu insolente. Bon nombre des multiples erreurs que le DDPS a commises ces dernières années trouvent leur origine dans les années où des magistrats UDC comme Ogi, Schmid, Maurer ou Parmelin étaient aux commandes du département.

Les scandales liés aux frais, les flops d'acquisition et les menaces de lacunes en matière de capacités ne sont que quelques-uns des chantiers dont les conseillers fédéraux UDC se sont transmis la responsabilité.

Trois raisons pour briser un tabou

Alors pourquoi l'UDC s'en prend-elle à Amherd? Même l'ancien conseiller fédéral Alain Berset, détesté par l'UDC pour ses mesures contre la pandémie de Covid-19, n'a pas été la cible d'une attaque aussi généralisée. Une demande de démission non dissimulée d'un parti gouvernemental contre un membre du Conseil fédéral est un tabou désormais brisé.

Trois circonstances expliquent comment on en est arrivé là.

  • La première raison se trouve à l'étranger: ces derniers mois, le ton des partis de droite nationale s'est durci dans toute l'Europe. En Autriche, le FPÖ a demandé la démission du chef du gouvernement Karl Nehammer, en Allemagne, l'AfD a demandé celle du chancelier Olaf Scholz. Le scepticisme gouvernemental des deux partis joue en leur faveur. L'UDC ne fait pas exception à la règle: ce parti n'a jamais vu de contradiction entre leur propre responsabilité gouvernementale et leur rhétorique d'opposition.
  • La deuxième raison touche à la politique intérieure: les rumeurs de démission d'Amherd courent depuis longtemps, mais l'annonce du départ de Gerhard Pfister de la présidence du Centre leur a donné un nouvel élan. Si cela se produit, ce que beaucoup d'observateurs politiques attendent pour cette année, l'UDC se fixera comme but d'encourager le départ d'Amherd.
  • La troisième raison est a trouver à la base du parti, et a été mis en évidence lors de la dernière année de votation. La 13ᵉ rente AVS, la loi sur l'énergie et l'uniformisation des coûts de la santé ont divisé la base du parti et éloigné le groupe parlementaire de la direction du parti. L'UDC se concentre désormais sur ses thèmes centraux – migration et neutralité – afin de resserrer ses rangs et séduire l'électorat.

Pour comprendre le problème 👇

L'initiative sur la neutralité et l'initiative contre la Suisse à dix millions attendent d'être traitées par le Parlement. Et dans le débat sur l'Europe, l'UDC a pris la précaution de sortir les hallebardes. A l'approche de la mi-législature, l'enjeu est de taille.

Sur le plan de la communication, l'UDC a déjà donné le ton pour l'année politique 2025. Cette revendication n'est néanmoins pas pertinente sur le plan politique: la Suisse ne connaît toujours pas de procédure de destitution et il n'y aura pas de nouvelles élections. Et si Amherd annonce sa démission, ce sera de son plein gré, et l'UDC applaudira chaleureusement.

On peut seulement se demander si, compte tenu de l'importance croissante de la politique de sécurité, l'UDC fera à nouveau valoir ses droits sur le DDPS lors du prochain remaniement ministériel – ou si elle en restera à des communiqués de presse martiaux.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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