Au cours des 20 dernières années, la direction de l'UDC a déclaré avant les élections au Conseil fédéral: «Nous nous en tiendrons au ticket proposé». Cela semble désormais révolu.
Le doyen de l'UDC, Christoph Blocher, parle, dans Tele Blocher – son propre média, de la succession à Viola Amherd. L'ancien conseiller fédéral déclare:
Et en effet, le Parlement fédéral est libre de choisir par lui-même.
Après l'éviction de Blocher en 2007, la direction de l'UDC a édicté une clause d'exclusion: les politiciens UDC qui acceptent une élection au Conseil fédéral sans avoir été désignés par le parti perdent immédiatement leur qualité de membre du parti.
Cette clause a été critiquée par d'autres partis, mais a contribué à calmer le jeu. Lors des élections au Conseil fédéral, les partis ne présentent plus de bulletin unique, mais nomment au moins deux candidats. En contrepartie, les autres partis s'en tiennent aux bulletins. Depuis l'entrée d'Eveline Widmer-Schlumpf au gouvernement fédéral – en décembre 2007, justement à la place de Christoph Blocher –, il n'y a plus eu d'élection sauvage.
Christoph Blocher s'éloigne désormais du principe de base de l'UDC selon lequel le parti s'en tient aux propositions de candidats des autres partis. Pourquoi le fait-il?
Interrogé à ce sujet, le milliardaire zurichois souligne qu'il s'agit maintenant de trouver une personne compétente pour remédier le plus rapidement possible aux dysfonctionnements du Département de la défense:
Est-ce que «quelqu'un d'autre» signifie que le Parlement doit forcément élire un représentant du Centre? Pour Blocher, ce n'est pas obligatoire. Il explique:
Ce serait la fin du système de concordance. Avec une part électorale de 14,1%, le droit du Centre à un siège au gouvernement fédéral est avéré. Quel parti – si ce n'est Le Centre – devrait, selon Blocher, reprendre le siège laissé vacant par Viola Amherd?
Un candidat de l'UDC est-il envisageable? Oui. Mieux encore, Christoph Blocher se met en lice. Il dit:
Christoph Blocher a 84 ans – se sent-il inspiré par Donald Trump, qui est redevenu président des Etats-Unis à 78 ans? Le père du parti veut-il effacer les traces de son éviction du gouvernement fédéral? Un conseiller national UDC souligne que Christoph Blocher poursuit toujours une stratégie. Il s'agit peut-être maintenant pour lui d'ouvrir la voie à quelqu'un au Conseil fédéral.
Blocher n'est en tout cas pas d'humeur à plaisanter. Il nie que sa nouvelle position soit en contradiction avec la clause d'exclusion de l'UDC:
Qu'en pense le président de l'UDC Marcel Dettling? Son groupe votera-t-il peut-être le 12 mars pour un homme politique qui n'appartient pas au parti du Centre? «Nous allons d'abord procéder à des auditions et déciderons ensuite qui nous soutiendrons», écrit-il. Il ne dit pas pour autant que l'UDC se prononcera nécessairement pour l'un des deux candidats centristes auditionnés.
Au sein du parti, certains émettent des réserves sur le conseiller national Markus Ritter: il pourrait poursuivre le rapprochement avec l'Otan que Viola Amherd a fait avancer. Quant au conseiller d'Etat zougois Martin Pfister, certains se demandent s'il est assez fort pour diriger et faire le ménage au DDPS. Lors de sa conférence de presse, Pfister a donné une impression plutôt mesurée.
Christoph Blocher n'est plus membre de la direction du parti UDC. Il continue, cependant, de siéger au comité directeur, qui se réunit quatre fois par an. L'automne dernier, la direction de l'UDC voulait que les délégués recommandent le rejet d'une réforme de la santé. Blocher était cependant favorable à l'adoption. La direction a basculé vers la liberté de vote; mais les délégués ont clairement dit oui, comme l'avait suggéré le vieux lion de la politique.
Quel est son objectif avec cette candidature? La démarche est en tout cas inhabituelle.
Traduit et adapté par Chiara Lecca