Suisse
Le Centre

Conseil fédéral: ces deux femmes se sont senties snobées

gmuer schneider schneiter
Andrea Gmür (à gauche) et Elisabeth Schneider-Schneiter, toutes deux considérées comme des conseillères fédérales potentielles.Image: keystone

Ces deux femmes se sont senties snobées dans la course au Conseil fédéral

Dans la course au Conseil fédéral, le Centre n'a pas trouvé de femme à inscrire sur son ticket aux côtés de Markus Ritter et Martin Pfister. Leurs candidatures n'auraient pas vraiment été soutenues.
05.02.2025, 18:5005.02.2025, 18:50
Othmar von Matt et Lea Hartmann / ch media
Plus de «Suisse»

Les femmes du Centre ont été claires: un ticket exclusivement masculin pour l'élection au Conseil fédéral, ce n'est pas possible. «Il nous faut désormais une présidente et une conseillère fédérale», a écrit Christina Bachmann-Roth, présidente du Centre Femmes, sur X. Elle faisait aussi allusion à la démission du président du parti Gerhard Pfister.

Mais son souhait s'est heurté à la réalité. Aucune femme du parti n'a souhaité concurrencer le président de l'Union des paysans, Markus Ritter et le directeur de la santé zougois, Martin Pfister.

«Je n'ai pas été contactée»

Selon nos informations, la commission de recherche a parlé à de nombreux papables afin de les convaincre de se présenter. Mais aucun entretien sérieux n'a été mené avec les deux femmes qui ont hésité jusqu'à la fin.

Ainsi, ni la conseillère aux Etats Andrea Gmür ni la conseillère nationale Elisabeth Schneider-Schneiter n'ont été contactées, envisagées ou encouragées à se lancer par l'un des deux co-présidents de la commission en question. Ni par aucun autre membre.

La première confirme n'avoir été nullement sollicitée jusqu'au conclave du groupe organisé vendredi dernier. La plupart des personnes qui le composent semblaient partir du principe que la conseillère aux Etats serait candidate. Mais à 16 heures, elle a annoncé l'inverse.

La conseillère nationale Elisabeth Schneider-Schneiter a apparemment vécu une situation similaire:

«La commission de sélection ne m'a pas contactée au préalable et ne m'a pas incitée à me présenter»

Lundi matin, peu avant la fin du délai, Elisabeth Schneider-Schneiter a renoncé à son tour.

Ritter et Pfister, l'intense concurrence

Il en a été tout autrement pour le conseiller national et président des paysans, Markus Ritter. Comme aucun candidat au Conseil fédéral ne se profilait quelques jours après la démission de Viola Amherd, il s'est intensément entretenu avec Philipp Matthias Bregy, coprésident de la commission de recherche du Centre au Palais fédéral. Ce dernier a encouragé le patron de l'USP à se porter candidat.

Bundesraetin Viola Amherd spricht an einer Medienkonferenz zum aktuellen Stand von Top- und Schluesselprojekten im VBS, am Freitag, 31. Januar 2025, in Bern. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Viola Amherd a annoncé en janvier qu'elle quittait son poste.Image: keystone

Le conseiller d'Etat zougois Martin Pfister, arrivé dans la course à la dernière minute, a, lui aussi, pu compter sur le soutien de la commission de sélection dans la phase finale - à savoir celui de Gerhard Pfister, l'autre coprésident. Le président du parti l'a confirmé ce lundi.

«Je lui ai bien entendu dit que je le considérerais comme un excellent conseiller fédéral. Tout autant que Markus Ritter»

La commission a en outre adressé une lettre à tous les conseillers d'Etat pour les inviter à réfléchir à la succession de la ministre démissionnaire.

Alors pourquoi ne pas avoir abordé Gmür et Schneider-Schneiter avec davantage d'entrain? Philipp Matthias Bregy, par ailleurs chef du groupe parlementaire du Centre, s'en explique:

«Ce sont les partis cantonaux qui ont mené les nominations. Les membres de la commission de recherche étaient à tout moment à disposition des personnes intéressées pour des entretiens.»

C'est surtout dans les derniers jours avant l'expiration du délai que «les entretiens se sont multipliés, notamment avec les candidats pressentis».

Fraktionschef Philipp Matthias Bregy, Mitte-VS, orientiert an einem Point de Presse ueber die eingegangenen Kandidaten zur Bundesratsersatzwahl, am Montag, 3. Februar 2025, in Bern. Die Vereinigte Bun ...
Philipp Matthias Bregy: «Ce sont les partis cantonaux qui ont mené les nominations».Image: keystone

Plusieurs casquettes

Le président du parti, le chef du groupe parlementaire et trois autres membres de la présidence de l'ancien PDC forment à eux seuls la moitié de la commission de sélection. L'autre moitié se compose du bureau du groupe parlementaire.

Historiquement, les choses se sont toujours déroulées ainsi au Centre. Mais cela soulève aussi certaines questions, car ce sont les mêmes personnes qui se chargent à la fois du bon fonctionnement des organes du parti, et des candidatures au Conseil fédéral. Même l'UDC recourt à des méthodes permettant une plus grande indépendance.

Tout porte à croire que la direction de la formation - et donc la commission de sélection - a encouragé celles et ceux qui lui convenaient à se présenter au Conseil fédéral. Par exemple, la conseillère nationale zurichoise Nicole Barandun. «J'ai eu droit à plusieurs entretiens et on m'a encouragée à y aller», confie-t-elle.

Gmür et Schneider-Schneiter avaient en revanche émis des critiques à l'encontre de Gerhard Pfister et de la direction du parti. La conseillère aux Etats a exigé un examen par une instance externe des reproches en lien avec le style managérial de la secrétaire générale, Gianna Luzio. Schneider-Schneiter a de son côté déclaré cette semaine au magazine bâlois Bajour:

«De nombreuses femmes ne ressentent pas assez de soutien de la direction du parti»

Ni Gmür ni Schneider-Schneiter ne souhaitent s'exprimer sur ce déséquilibre, évident de l'extérieur, dans le traitement de candidatures masculines et féminines. Idem pour Christina Bachmann-Roth, présidente des femmes du Centre.

Communication chaotique

Les femmes du Centre devraient par ailleurs balayer devant leur porte. En matière de communication, elles n'ont pas franchement brillé au cours des dernières semaines. Quelques jours avant la fin du délai de candidature, elles se sont montrées convaincues auprès de CH Media qu'une candidate se présenterait. Peu après, la réalité les a rattrapées.

Leur réaction au ticket 100% masculin est également malheureuse. Elles ont envoyé un communiqué confus, dans lequel on pouvait comprendre qu'elles continuaient à miser sur un ticket à trois - 50 minutes plus tard, un «corrigendum» suivait.

La conseillère nationale zurichoise Nicole Barandun critique cette gestion chaotique des relations publiques par les femmes du Centre.

«Tout cela prend une ampleur qui ne se justifie plus, de mon point de vue»

La conseillère aux Etats argovienne Marianne Binder, membre de la direction et de la commission de sélection, prend également ses distances: selon elle, les déclarations de la présidente des femmes du Centre, Christina Bachmann-Roth, ne reflètent pas celles des femmes du groupe parlementaire.

Recherche vaine d'une représentante

Dans le même temps, Christina Bachmann-Roth reçoit aussi un fort soutien. On dit qu'elle a tout fait pour inciter une femme à annoncer sa candidature: «Je l'apprécie beaucoup - elle est droite, courageuse et intelligente», affirme par exemple la conseillère aux Etats Andrea Gmür.

«Elle m'a approchée à plusieurs reprises»

Pour Bachmann-Roth, il était important de «réagir tout de suite et d'exiger une femme sur le ticket». Le groupe qu'elle préside a ainsi réussi à «faire entrer cette requête dans le débat public». Et de souligner: «Nous avons été en contact avec tout le monde».

Christina Bachmann-Roth, Pr�sidentin Die Mitte Frauen Schweiz, spricht waehrend der Delegiertenversammlung der Mitte-Partei am Samstag, 25. Mai 2024, in Arbedo, Tessin. (KEYSTONE/Ti-Press/ Maria Linda ...
Christina Bachmann-Roth, présidente des femmes du Centre.Image: keystone

«Pas de raisons spécifiquement féminines»

Le fait qu'aucune femme ne se soit finalement décidée n'a rien à voir avec le sexe. «La plupart du temps, ce sont des raisons personnelles qui ont motivé les retraits», constate Bachmann-Roth.

Pour Babette Sigg, ancienne présidente des femmes du Centre, une question «omniprésente» a fait pencher la balance pour les candidates potentielles: l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. «Les femmes, mais aussi les hommes, ne veulent plus tout sacrifier pour une fonction. Auquel cas, il faut pouvoir en tirer un bénéfice personnel clair».

(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

10 ans de conseillers fédéraux avec des gorets dans les bras

1 / 12
10 ans de conseillers fédéraux avec des gorets dans les bras
Guy Parmelin à la 78ème édition de l'Olma, à St-Gall.
source: keystone / gian ehrenzeller
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
5 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
5
«Panne d'électricité massive» près de Bienne
La région Seeland Est a été touchée par une panne de courant ce mercredi matin. Mais la situation est revenue à la normale.

Une panne de courant s'est produite mercredi matin près de Bienne. Le service Alertswiss a signalé peu avant 09h00 une «panne d'électricité massive» dans la région Seeland Est.

L’article