Berne veut grandir, mais elle a un problème. Jusqu'à la pandémie, le nombre d'habitants de la ville fédérale avait légèrement augmenté. Mais ensuite, un nombre inattendu de Bernoises et de Bernois ont soudainement tourné le dos à leur ville.
La capitale n'est pas un cas isolé. En effet, au cours des années de pandémie, de nombreuses autres grandes villes suisses, auparavant en plein essor, ont également rétréci, comme Lausanne et Genève. Ou du moins, elles ont connu une croissance nettement moins forte que l'ensemble du pays.
Les chiffres de l'année dernière le montrent: avec l'atténuation de la pandémie, la croissance de la population dans les centres reprend également de la vitesse. Et pas seulement grâce aux réfugiés en provenance d'Ukraine.
A titre de comparaison, sur l'ensemble du pays, la population, y compris la partie non permanente – c'est-à-dire les réfugiés d'Ukraine avec le statut S - devrait avoir augmenté d'environ 1,6% pour atteindre plus de 8,9 millions. Parmi ces derniers, 64 000 sont arrivés en Suisse entre janvier et octobre 2022.
Mais si l'on regarde trois ans en arrière, on constate qu'à l'exception de Genève, toutes les grandes villes de Suisse comptent à nouveau plus d'habitants qu'avant l'apparition de la pandémie:
A l'exception de Winterthur, les grandes villes suisses ont toutefois connu une croissance moins forte que le reste du pays au cours des dernières années. Une analyse de la NZZ a récemment montré que la plus forte croissance démographique a eu lieu dans des communes situées dans les agglomérations des lacs Léman, de Zurich et de Zoug.
Les communes dites «périurbaines», qui jouxtent géographiquement les agglomérations, ont également connu une croissance nettement plus forte que les grandes villes au cours des dernières années. Elles ont un caractère rural, mais sont bien desservies – et surtout, les logements y sont encore disponibles à des prix plus abordables.
Dans les années à venir, les communes d'agglomération situées dans les régions autour des lacs du Léman, de Zurich et de Zoug ainsi que les «communes périurbaines» devraient également être plus dynamiques. Les raisons en sont multiples:
Genève, quant à elle, est un cas particulier: la grande ville de loin la plus dense n'a que peu de surfaces libres - et a particulièrement souffert pendant la pandémie de Covid-19, car les collaborateurs des organisations internationales ont tourné le dos à la ville. Auparavant, la cité Calvin avait pourtant enregistré une croissance constante.
Zurich, où près de 2000 nouveaux logements ont été mis sur le marché au cours de la deuxième année de pandémie, a réussi à suivre plus ou moins le rythme de la croissance démographique.
Mais revenons à Berne. Si la ville a légèrement augmenté l'année dernière et compte désormais 144 447 habitants, ce n'est pas grâce à Monsieur et Madame Suisse. Leur part a en effet diminué de 0,2%.
Au contraire, la part des étrangers à Berne est passée de 4,5 à 24,5%. La raison principale? Les réfugiés ukrainiens qui sont actuellement 1183 à être enregistrés (+663% par rapport à l'année précédente). Ils représentent désormais le cinquième groupe de population dans la ville fédérale. Saint-Gall a également justifié récemment sa croissance à 81 615 habitants par l'immigration accrue et l'accueil de personnes en provenance d'Ukraine.
Malgré ce renversement de tendance, Berne a toutefois manqué de peu ses propres prévisions démographiques l'année dernière. Il y a quatre ans, la ville s'était en effet fixé comme objectif d'atteindre au moins 144 893 habitants d'ici fin 2022.