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La Suisse compte sur cet «avantage» pour faire plier l'UE

La Suisse compte sur cet «avantage» pour faire plier l'UE

Le négociateur en chef de Berne, Patric Franzen, affirme que les diplomates de l'UE seraient plus pressés par le temps que lui dans les négociations avec la Suisse. Il veut «utiliser cela en notre faveur». Une date circule déjà pour l'annonce officielle de l'accord.
18.10.2024, 18:54
Stefan Bühler, Francesco Benini / ch media
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Depuis le 18 mars, Berne et Bruxelles négocient la poursuite de la voie bilatérale. Après 130 sessions de négociations dans 14 domaines, il resterait «encore trois ou quatre questions ouvertes» dans tous les dossiers. C'est ce qu'a déclaré le négociateur en chef de la Suisse, Patric Franzen, jeudi à Berne.

Le secrétaire d'État adjoint a fait un exposé sur les négociations lors d'une conférence de l'association Swiss Medtech. Franzen a une fois de plus expliqué que le commerce avec l'UE représentait un milliard de francs par jour et que la balance commerciale avec les pays voisins était à elle seule plus de deux fois plus importante que celle avec les Etats-Unis - c'est pourquoi la voie bilatérale est si importante. Des arguments importants, mais pas nouveaux.

Patric Franzen a ensuite donné un aperçu des coulisses:

«Nous n'avons pas de calendrier officiel, la qualité est plus importante pour nous que le temps»

L'UE souhaite conclure matériellement les négociations d'ici la fin de l'année. «Nous verrons si cela est possible». Selon lui, ce sont plutôt les négociateurs de l'UE qui sont soumis à une plus grande pression du temps:

«Tactiquement, c'est un avantage pour nous, nous voulons utiliser la pression du temps de l'UE en notre faveur»

Apparemment, c'est une opinion répandue à Berne. Ainsi, le ministre de la Justice Beat Jans a également déclaré mercredi dans une présentation à Zurich que pour le Conseil fédéral, la qualité prime sur la cadence: il est très important de trouver une bonne solution avec l'UE.

Mais les diplomates de Bruxelles sont-ils vraiment pressés par le temps? Le fait que les négociations avec la Suisse soient un projet de l'ancienne Commission européenne, qui sera probablement remplacée fin novembre, plaide en faveur de cette hypothèse. De plus, de nouvelles négociations avec le Royaume-Uni se profilent à l'horizon à Bruxelles, ce qui mobilisera des ressources. Mais il en va de même pour Berne: si aucun accord n'est trouvé, l'incertitude demeure. Par exemple pour l'avenir de la coopération en matière de recherche ou pour d'importants secteurs d'exportation.

Le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi suit les négociations avec le plus grand scepticisme. Son parti est fondamentalement opposé à tout lien institutionnel avec Bruxelles. Il est actuellement président de la délégation du Parlement pour l’Association européenne de libre-échange (AELE).

C'est à ce titre qu'il s'est rendu à Bruxelles cette semaine. Lors de ses entretiens, Aeschi a eu l'impression que les négociations sont beaucoup plus avancées que ce qu’il entend en Suisse. A Bruxelles, on est optimiste quant à la conclusion des négociations d’ici à la fin de l'année.

Des personnes au courant des négociations ont confirmé que la Suisse souhaitait également conclure les négociations cette année, précise Thomas Aeschi. Il a entendu dire que Viola Amherd se rendrait à Bruxelles vers le 18 décembre pour annoncer la conclusion des négociations.

Mais, interrogé à ce sujet, le porte-parole d'Amherd a balayé l'information:

«La présidente de la Confédération n'a pas prévu de voyage à Bruxelles autour du 18 décembre»

La Suisse continue de débattre sur l'immigration

Pendant ce temps, le débat sur une clause de sauvegarde en matière d'immigration se poursuit en Suisse. Ainsi, le conseiller fédéral Beat Jans l'a affirmé à Zurich:

«Les négociations battent leur plein»

Il suggérerait ainsi que la Suisse pourrait peut-être tout de même arracher à l'UE une limitation de la libre circulation des personnes. Concernant la déclaration du commissaire européen Maros Sefcovic selon laquelle il n'est pas question d'invoquer unilatéralement une clause de sauvegarde, Beat Jans a souligné qu'il s'agissait probablement aussi pour Sefcovic de montrer aux Etats de l'UE que les négociations sont intenses et que le résultat sera bon.

Le chef du parti UDC observe quant à lui:

«Une clause de sauvegarde unilatérale n'aurait aucun effet, car selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, l'accord sur la libre circulation des personnes de l'UE a la priorité sur notre Constitution et nos lois».

Seule l'initiative populaire «Pas de Suisse à 10 millions!» permettrait de limiter durablement l'immigration en Suisse.

Le président du PLR Thierry Burkart se montre serein: selon lui, les négociations entre Berne et Bruxelles sont dans une phase intensive: «Dans cette situation, les prises de position tranchées de la partie adverse sont tout à fait normales». Il attend du Conseil fédéral «qu'il continue à négocier fermement - avec pour objectif un concept de protection qui soit dans l'intérêt de la population suisse».

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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