Officiellement, la police vaudoise a mis un terme, jeudi, à son opération visant l'évacuation de la «zone à défendre» (ZAD) de la colline du Mormont, occupée par des militants écologistes. Alors que 93 personnes ont été interpellées, deux zadistes, perchés dans un arbre, résistent depuis trois jours. Leur lutte? Dénoncer la dépendance de notre société envers le béton et protester contre l’extension de la carrière du cimentier Holcim.
Ce vendredi, soit 72 heures après la gigantesque opération des forces de l'ordre, qui a mobilisé 600 policiers, les négociations se poursuivent. La police vaudoise invite les militants, qui sont perchés dans un arbre depuis mardi matin, à descendre. Selon une source anonyme, il s'agirait d'une femme et d'un homme, âgés entre 20 et 30 ans. La situation est délicate et la police, contactée par téléphone, «espère la résoudre au plus vite».
L'ambiance n'est pas aussi sereine pour le reste de la «résistance». A défaut de manifester sur place – le site est interdit d'accès – les militants et sympathisants s'inquiètent de l'état de santé des deux derniers zadistes, encore présents sur les lieux. Ont-ils de quoi s'hydrater et se nourrir? Ne risquent-ils pas l'hypothermie? La stratégie de la négociation respecte-t-elle les droits humains fondamentaux? Voici quelques-unes des interrogations posées, par exemple, dans la communauté de soutien sur Telegram.
Les échanges fusent depuis ce vendredi matin, nous avons donc recontacté, par téléphone, le porte-parole de la Police cantonale vaudoise.
Quelques minutes après la fin de la discussion téléphonique, des précisions supplémentaires de la police nous parviennent par SMS:
Nos échanges avec la police cantonale ont été très réguliers durant l'après-midi de ce vendredi. Aux alentours de 16 heures, Jean-Christophe Sauterel nous recontacte par téléphone et indique que les deux zadistes sont descendus un petit moment de l'arbre pour discuter avec une dizaine de militants, venus finalement sur place pour les soutenir. «Il ne faut pas craindre l'état de santé des deux zadistes, ils vont bien. Ils peuvent descendre de l'arbre quand ils le souhaitent et nous leur fournissons à boire. Ils ne sont ni en hypothermie, ni en danger de mort», assure le porte-parole.
L'affaire reste à suivre. Dans son communiqué du jour, la Police cantonale vaudoise précise: «Depuis jeudi soir 1er avril 2021, les négociateurs et les gendarmes sont en contact avec les deux dernières personnes, qui se trouvent encore dans un arbre, refusant d’en descendre depuis le 30 mars dernier. Ils ont passé la nuit dans leur hamac. Lors de l’intervention la police a pu saisir leurs effets personnels, tout en s’assurant qu’ils étaient en sécurité. Les policiers n’ont à aucun moment touché ou coupé les cordes mises en place par ces personnes, ils leur ont par contre fourni de l’eau».
Il est probable que les deux zadistes restent une nuit de plus. Les négociations se poursuivent. Sur les réseau sociaux, les activistes appellent, désormais, à manifester samedi à Lausanne:
Le communiqué de police de jeudi faisait déjà référence aux deux activistes qui refusent de descendre de leur perchoir. «Aucun risque ne sera pris afin de préserver l’intégrité physique de ces personnes et des intervenants, c’est pourquoi aucune action n’est menée pour l’heure», explique la police. Pour rappel, l'équipe de watson était présente, mardi, pour suivre l'événement:
Parmi ces gens:
Les 45 prévenus ont été condamnés à une peine privative de liberté ferme et/ou une peine pécuniaire ferme sans sursis, ainsi qu'à une amende et aux frais de justice, détaille la police. Ces ordonnances pénales immédiates peuvent faire l'objet d'oppositions auprès du Ministère public. La police a aussi découvert et saisi quelques engins pyrotechniques.
Pour savoir comment la journée a commencé:
Les opérations de démontage des infrastructures sont terminées et la remise en état du site se poursuit. La police a, en outre, engagé les aspirants actuellement en formation à l'Académie de police de Savatan pour procéder à une recherche dans les bois de la colline du Mormont pour sécuriser les lieux et ramasser tous les objets intéressants pour l'enquête.
Le site est maintenant placé sous la responsabilité du propriétaire, la société Holcim qui a engagé une société de sécurité privée. En raison des travaux de renaturalisation en cours, l'accès à la colline du Mormont n'est pas autorisé pour l'instant. (ats/jah)