Une Romande refusée d'un club car c'est une femme: «C'est la tradition»
En cherchant un nouveau stand de tir à l’arc, Esther, archère depuis l’âge de 5 ans, a découvert que son genre pouvait être un obstacle. A 28 ans, cette passionnée peine à trouver un lieu où pratiquer son sport. «J'ai longtemps fait partie d'un club à Lausanne, mais je n'y ai pas trouvé ma place, je ne me sentais pas accueillie et on me disait à peine bonjour, donc j'ai quitté le club», confie-t-elle.
La Romande s'est donc mise à la recherche d'un nouveau club. Elle rappelle qu'en Suisse, faire du tir à l'arc dans le domaine public est interdit. Cependant, Esther n'a rien trouvé:
Mais la jeune femme n'a jamais reçu de réponse et a rapidement découvert que le club était réservé aux hommes. Un silence qu'elle a du mal à digérer:
Esther et son arc👇
«C'est simplement la tradition»
Esther ne le savait pas encore, mais ce club était en réalité une abbaye. En Suisse, ces sociétés traditionnelles de tir sportif, souvent masculines, perpétuent parfois la non-mixité de leurs membres. «Il n'y a pas beaucoup d'autres options autour de Lausanne pour faire du tir à l'arc, ça m'attriste de voir que ce club-là me ferme la porte», regrette la Romande.
Contactée, l'Abbaye de l'arc à Morges se défend:
Dans le canton de Vaud, 81 abbayes restent réservées aux hommes, contre 94 qui sont devenues mixtes.
Le président de l'Abbaye de l'Arc, Lionel Stalder, ajoute que la question de l’inclusion des femmes ne s’est jamais réellement posée, faute de demandes ou d’intérêt manifeste, mais que l'association serait prête à en discuter à l’avenir si la situation change. Il précise que les femmes sont déjà les bienvenues pour observer, participer aux moments festifs ou partager un verre avec eux.
A rebours de la société
Maribel Rodriguez, cheffe du Bureau vaudois de l'égalité entre les femmes et les hommes, souligne:
Comme les abbayes sont des institutions privées, le bureau de l'égalité vaudois ne dispose d’aucun pouvoir légal pour intervenir ou imposer des règles internes. La liberté d’association protège l’autonomie de ce type d’organisation et l’Etat ou les autorités publiques ne pourraient restreindre cette autonomie qu’à titre exceptionnel.
Esther repart donc à la recherche d’un club de tir à l’arc dans la région lausannoise et espère trouver son bonheur, même si elle explique avoir peu d’espoir, les options étant limitées.
