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Payerne: la résolution choc qui ne sera finalement pas votée

Tag sur un restaurant libanais à Payerne.
Tag sur un restaurant libanais à Payerne.image:

Tags antisémites: cette résolution choc est passée à la trappe

Un projet de résolution condamnant les tags racistes et antisémites de Payerne, bien qu'approuvé par tous les chefs de groupe, n'a finalement pas été soumis au vote du Grand Conseil vaudois. La Cicad sollicite la présidente du Conseil d'Etat, Christelle Luisier, qui a lu mardi une déclaration.
18.03.2025, 17:0718.03.2025, 18:32
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Une résolution condamnant les tags racistes et antisémites de Payerne devait être votée ce mardi au Grand Conseil vaudois par l’ensemble des partis. Elle n’a finalement pas été soumise au vote des députés. Selon nos informations, alors que tous les chefs de groupes s’étaient mis d’accord sur un texte élaboré par le député vert’libéral David Vogel, des désaccords sont apparus au sein de deux groupes, ceux du PLR et de l’UDC.

Si la résolution gardait ses chances d’être acceptée, elle n’aurait pas obtenu l’unanimité des parlementaires vaudois, ni même une forte majorité, lui ôtant la solennité recherchée. D’où son retrait décidé par son auteur, a-t-on appris de sources concordantes.

Rappelons que le candidat investi par la section PLR de Payerne pour l’élection du 13 avril à la syndicature du chef-lieu de la Broye vaudoise, Lionel Voinçon, est impliqué dans l’affaire des tags racistes et antisémites, et qu’il est soutenu par l’UDC dans son combat électoral local.

Soutien aux traditions satiriques, mais...

La résolution, qui n'a donc pas d'existence officielle, était une condamnation ferme des actes de Payerne et de leurs auteurs. watson s’est procuré le texte qui n’a finalement pas été présenté aux députés vaudois. Le voici dans son intégralité:

«Par cette résolution, nous tenons, comme membres de la députation, à revenir sur les propos antisémites et racistes qui ont eu lieu lors des Brandons de Payerne. Les députés soutiennent les traditions satiriques ainsi que les moqueries qui peuvent être faites envers les autorités. En revanche, il est inacceptable et déplorable que les propos visant des commerçants en ciblant spécifiquement leurs origines soient diffusés sans mot dire.»
«Stigmatiser des Asiatiques pour leur supposée consommation de canidés, amalgamer des membres de la communauté libanaise aux bombes qui explosent ou parler de "Liquidation finale" pour un commerçant juif, Monsieur Bladt, en précisant qu’on a "gazé la blatte" n’est plus du registre de l’humour lourd mal calibré ou de sensibilités heurtées.»
«Il s’agit de propos antisémites et racistes qui, sous couvert d’humour, attisent les tensions entre communautés. Ces propos sont d’une stupidité rare et nous encourageons leurs auteurs à se remettre sérieusement en question»

«La frontière entre l’humour piquant et l’offense»

Le projet de résolution se terminait ainsi:

«La frontière entre l’humour piquant et l’offense peut être fine, mais cette frontière existe et ne doit pas être franchie. Par cette résolution, les groupes politiques s’unissent pour demander au Conseil d’Etat de rappeler publiquement que ce genre de propos racistes ou antisémites n’ont pas leur place dans les manifestations publiques. D’autre part, nous encourageons les organisateurs des Brandons à aller discuter directement avec les personnes qui ont été visées par leurs propos.»

En lieu et place de ce projet de résolution, le Grand Conseil, comme le demandait la résolution elle-même, a entendu mardi une déclaration se rapportant aux événements de Payerne mais aussi de Lausanne survenus le 8 mars, lue par la présidente du Conseil d’Etat, la PLR Christelle Luisier, qui fut syndique de Payerne et dont Lionel Voinçon est l'ancien collaborateur personnel.

La déclaration de la présidente du Conseil d'Etat

«Certaines actions récentes qui se sont déployées sur le territoire vaudois dans le cadre d’événements publics, à Payerne et à Lausanne, invitent le Conseil d’Etat à rappeler avec force que le respect, quels que soient le contexte, le lieu et le moment, est la valeur fondamentale qui doit prévaloir, ici comme ailleurs, dans les rapports que nous entretenons les uns avec les autres.»

«Le Conseil d’Etat ne saurait tolérer tout acte, geste ou propos raciste, antisémite, haineux ou discriminant visant une confession, un genre ou une appartenance religieuse et culturelle.

«Le gouvernement rappelle ainsi que la négation implicite ou explicite du droit à l’égalité, voire à l’existence de certaines personnes, en raison notamment de leur religion, de leur origine ethnique et culturelle est intolérable et condamnable dans notre pays»

«Toutes et tous, individus ou collectifs, devons veiller à entretenir des relations saines et respectueuses en toute circonstance.»

«Plus que jamais, la dignité et la valeur de l’être humain doivent nourrir à chaque instant, aujourd’hui comme demain, nos actes et nos paroles»
Christelle Luisier

La présidente du Conseil d’Etat ne nomme pas les «actions» qu’elle condamne. Il s’agit, on l’a vu, des tags racistes et antisémites apparus lors des Brandons de Payerne, ainsi que des intimidations exercées à l’endroit d’un groupe de personnes, certaines étant juives et dans l’opposition déclarée à l’«islamisme», qui souhaitait rejoindre la manifestation féministe du 8 Mars à Lausanne, dominée par l’extrême gauche et arborant des drapeaux palestiniens. Ces personnes en ont été empêchées aux cris de «sionistes, fascistes, hors de la manif».

«Une action à vocation pédagogique et historique»

Quelle suite donner à ces événements, à ceux de Payerne en particulier? Pour la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation), «il est nécessaire à présent de réfléchir à la manière de répondre à cette opération parfaitement déplorable de tags racistes et antisémites survenue à Payerne», indique à watson son secrétaire général, Johanne Gurfinkiel. Il poursuit:

«Ces actes déplorables mériteraient, pour les Payernois, d’être au bénéfice d’un action à vocation pédagogique et historique. A ce propos, la Cicad a un projet qu’elle souhaiterait pouvoir développer en accord et en collaboration avec les autorités cantonales et municipales. Il s’agirait, dans le respect de l’Histoire, d’enfin tourner la page de cet épisode parfaitement funeste et déplorable.»

Christelle Luisier sollicitée par la Cicad

Johanne Gurfinkiel fait ici allusion aux récents tags, mais aussi à l’assassinat antisémite d’un marchand de bétail, Arthur Bloch, à Payerne, en 1942, un fait historique que la cité payernoise a visiblement du mal à surmonter. «J’ai initié un premier contact avec la présidente du Conseil d’Etat, Mme Christelle Luisier, dont j’espère un retour prochain afin de pouvoir discuter de cette situation et des suites qu’on imagine pouvoir y donner», ajoute Johanne Gurfinkiel.

Louane - Maman France
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