Une résolution condamnant les tags racistes et antisémites de Payerne devait être votée ce mardi au Grand Conseil vaudois par l’ensemble des partis. Elle n’a finalement pas été soumise au vote des députés. Selon nos informations, alors que tous les chefs de groupes s’étaient mis d’accord sur un texte élaboré par le député vert’libéral David Vogel, des désaccords sont apparus au sein de deux groupes, ceux du PLR et de l’UDC.
Si la résolution gardait ses chances d’être acceptée, elle n’aurait pas obtenu l’unanimité des parlementaires vaudois, ni même une forte majorité, lui ôtant la solennité recherchée. D’où son retrait décidé par son auteur, a-t-on appris de sources concordantes.
Rappelons que le candidat investi par la section PLR de Payerne pour l’élection du 13 avril à la syndicature du chef-lieu de la Broye vaudoise, Lionel Voinçon, est impliqué dans l’affaire des tags racistes et antisémites, et qu’il est soutenu par l’UDC dans son combat électoral local.
La résolution, qui n'a donc pas d'existence officielle, était une condamnation ferme des actes de Payerne et de leurs auteurs. watson s’est procuré le texte qui n’a finalement pas été présenté aux députés vaudois. Le voici dans son intégralité:
Le projet de résolution se terminait ainsi:
En lieu et place de ce projet de résolution, le Grand Conseil, comme le demandait la résolution elle-même, a entendu mardi une déclaration se rapportant aux événements de Payerne mais aussi de Lausanne survenus le 8 mars, lue par la présidente du Conseil d’Etat, la PLR Christelle Luisier, qui fut syndique de Payerne et dont Lionel Voinçon est l'ancien collaborateur personnel.
«Certaines actions récentes qui se sont déployées sur le territoire vaudois dans le cadre d’événements publics, à Payerne et à Lausanne, invitent le Conseil d’Etat à rappeler avec force que le respect, quels que soient le contexte, le lieu et le moment, est la valeur fondamentale qui doit prévaloir, ici comme ailleurs, dans les rapports que nous entretenons les uns avec les autres.»
«Le Conseil d’Etat ne saurait tolérer tout acte, geste ou propos raciste, antisémite, haineux ou discriminant visant une confession, un genre ou une appartenance religieuse et culturelle.
«Toutes et tous, individus ou collectifs, devons veiller à entretenir des relations saines et respectueuses en toute circonstance.»
La présidente du Conseil d’Etat ne nomme pas les «actions» qu’elle condamne. Il s’agit, on l’a vu, des tags racistes et antisémites apparus lors des Brandons de Payerne, ainsi que des intimidations exercées à l’endroit d’un groupe de personnes, certaines étant juives et dans l’opposition déclarée à l’«islamisme», qui souhaitait rejoindre la manifestation féministe du 8 Mars à Lausanne, dominée par l’extrême gauche et arborant des drapeaux palestiniens. Ces personnes en ont été empêchées aux cris de «sionistes, fascistes, hors de la manif».
Quelle suite donner à ces événements, à ceux de Payerne en particulier? Pour la Cicad (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation), «il est nécessaire à présent de réfléchir à la manière de répondre à cette opération parfaitement déplorable de tags racistes et antisémites survenue à Payerne», indique à watson son secrétaire général, Johanne Gurfinkiel. Il poursuit:
Johanne Gurfinkiel fait ici allusion aux récents tags, mais aussi à l’assassinat antisémite d’un marchand de bétail, Arthur Bloch, à Payerne, en 1942, un fait historique que la cité payernoise a visiblement du mal à surmonter. «J’ai initié un premier contact avec la présidente du Conseil d’Etat, Mme Christelle Luisier, dont j’espère un retour prochain afin de pouvoir discuter de cette situation et des suites qu’on imagine pouvoir y donner», ajoute Johanne Gurfinkiel.