«Grâce à ma caméra embarquée, on m’a innocenté en Suisse»
A une époque où filmer et se faire filmer est devenu une habitude, il parait peu étonnant que les caméras embarquées soient, elles aussi, frappées par un regain d’intérêt. Si ces petites dashcams font fureur en France ou aux Etats-Unis, sur les vélos, les motos ou dans les voitures, c’est aussi à cause des réseaux sociaux.
Certains influenceurs rencontrent un succès maous en filmant et diffusant leurs aventures sur le bitume, à l’image d’Artis en France, en suscitant toute une palette d’émotions fortes avec de mauvaises habitudes d’automobilistes, les absurdités urbanistiques, quelques altercations en direct et pas mal de séquences chocs.
J'ai trouvé un glitch sur le boulevard Voltaire, une façon de présenter l’absurdité de la signalisation sur cet axe… https://t.co/Dxd5UZwZPA pic.twitter.com/BLmSVfreht
— Altis ▷ (@AlTi5) October 5, 2025
Filmer tout ce que l’on fait n’épargne donc pas la mobilité, y compris en Suisse. Galaxus vient d’ailleurs d’annoncer une forte augmentation des ventes de dashcam cette année, avec 39% de transactions supplémentaires par rapport à la même période en 2024. Selon la boutique en ligne, ce serait une grande obsession masculine.
«On constate que près d'un tiers des caméras sont achetées par des personnes âgées de 55 ans et plus», a ajouté le porte-parole au site 20 Minutes. Malgré les craintes liées à la protection des données, les automobilistes suisses se jettent manifestement sur ces petits appareils de plus en plus accessibles, dans un souci de sécurité sur les routes.
Rarement recevables devant les tribunaux, les caméras embarquées peuvent en revanche servir lors d’infractions pénales graves. La plupart du temps, l’appareil rassure: «Ça calme rapidement les gens qui ont envie de mentir», explique par exemple un automobiliste sur le site de Galaxus.
Claude, qui habite dans le canton Neuchâtel, n’a pas attendu le boom récent des ventes de dashcam pour en accrocher une sur son tableau de bord. Interrogé par watson, le quinquagénaire explique que c’est lors d’un long séjour à Singapour où «toutes les voitures étaient pourvues d’une caméra» et où «ça roule globalement assez mal», qu’il a découvert cette pratique. De retour en Suisse, il s’est donc décidé à en installer une dans sa voiture.
S’il roule depuis près de 15 ans une caméra embarquée, Claude n’est pas pour autant un «apprenti shérif», terme utilisé par le Tribunal fédéral en 2020 au moment d’annuler la condamnation d’un conducteur vaudois, estimant qu’un enregistrement vidéo de la scène avait été obtenu illégalement. Pour notre interlocuteur neuchâtelois, c’est avant tout «au cas où, parce qu’on peut vite être attaqué pour des conneries aujourd’hui».
Un cas qui a fini par se présenter, il y a quelques années:
S’il se dit étonné d’entendre que la vente de caméras embarquées n’explosent «que maintenant» en Suisse, Claude esquisse une piste: «Sur les réseaux sociaux, je tombe de plus en plus souvent sur des vidéos où l’on voit des automobilistes reculer volontairement dans la voiture de derrière pour tenter de toucher l’argent de l’assurance. J’imagine que les automobilistes suisses veulent renforcer leur sécurité».
Après quinze ans à filmer tous ses trajets, pourrait-il aujourd’hui rouler sans être accompagné de sa dashcam? «Oui, tout à fait. Pour tout dire, je ne la remarque même plus une fois au volant et c’est un très vieux modèle.» D’ailleurs, pour l’anecdote, avant de prendre congé de notre interlocuteur, il nous avouera s’être fait volé sa caméra il y a quelques jours à peine. Et, pour l’heure, pas question de la remplacer.