Les Suisses raffolent des SUV. Ces gros véhicules urbains ont, une fois de plus, représenté plus de la moitié des nouvelles immatriculations automobiles l’an dernier, selon une récente analyse du comparateur en ligne Comparis. Pour un plus grand espace intérieur et une assise plus haute, de nombreux automobilistes acceptent volontiers une consommation de carburant plus élevée.
Ce phénomène ne passe pas chez les Verts. Il y a 17 ans déjà, les Jeunes Verts tentaient d’interdire ces véhicules plus polluants avec leur initiative «Stop Offroader». Ce mercredi, le Conseil national devrait à nouveau se pencher sur une proposition émanant du parti, qui demande cette fois l’interdiction pure et simple des SUV et véhicules tout-terrain.
Une demande qui a peu de chances d’aboutir, les Verts le savent. Ils préparent donc une alternative moins radicale: instaurer une taxe pour ces véhicules. Dissuader plutôt qu’interdire.
Dans une intervention déposée la semaine dernière, la conseillère nationale verte Marionna Schlatter propose d’introduire une «taxe nationale progressive sur les véhicules motorisés particulièrement puissants et lourds». Elle évoque un seuil de 225 chevaux ou de deux tonnes, ce qui toucherait les voitures de sport et certains SUV.
Les Verts s’inspirent du «Superbollo» italien, une «taxe de luxe» qui s’applique depuis plus de dix ans sur les véhicules de forte puissance. Elle entre en vigueur dès 185 kilowatts (environ 250 chevaux) et augmente de 20 euros par kilowatt au-delà. Une étude publiée en 2021 suggère que cette mesure aurait effectivement eu un effet positif sur le bilan écologique des nouvelles immatriculations.
Marionna Schlatter argumente:
Ils représenteraient aussi un danger accru pour les cyclistes et les piétons. Selon elle, le modèle italien constitue un «outil incitatif efficace» qui permet de réorienter le marché automobile vers des véhicules plus sobres.
Les Verts souhaitent que les recettes générées par cette taxe soient affectées à des projets de mobilité écologique – infrastructures pour les voitures électriques, développement des transports publics, etc.
L’idée n’est pas nouvelle. Le parti écologiste a déjà soumis des propositions similaires dans plusieurs cantons. À Bâle-Ville, la mesure a d’ailleurs reçu le soutien du parlement, et le Conseil d’État doit désormais en définir les modalités concrètes. En revanche, le parlement zurichois l’a tout récemment rejetée. La Ville de Zurich, elle, planche sur une augmentation des tarifs de stationnement pour les véhicules les plus encombrants. Ce que le Conseil communal de la Ville de Lausanne a accepté en votant un postulat pour augmenter les tarifs de stationnement pour les gros véhicules, spécifiquement les SUV.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder