Amag, le principal importateur automobile en Suisse, affirme, sans détours, dans un article publicitaire:
Mieux que les véhicules à essence ou diesel, donc. Mais qu'en est-il vraiment? Le Touring Club Suisse (TCS) abonde également dans ce sens: les voitures électriques reviennent souvent moins chères, grâce à un coût énergétique plus bas, moins d’entretien, moins de réparations et, selon les cantons, une imposition allégée.
Résultat: un avantage de 5 à 10 centimes par kilomètre.
La voiture électrique réduit donc non seulement les émissions, mais elle allège aussi le portefeuille. Le beurre et l’argent du beurre, en somme. Mais comment cette équation est-elle devenue possible, alors qu’il y a peu encore, ces véhicules étaient moqués pour leur lenteur ou leur faible autonomie?
Le TCS a effectué des calculs à partir d’un véhicule type coûtant 44 500 francs et parcourant 150 000 km en dix ans. Résultat: une voiture à essence revient à 76 centimes par kilomètre. Pour une électrique, tout dépend du prix de l’électricité.
Dans le canton le plus cher à cet égard (Appenzell Rhodes-Extérieures: 45 centimes/kWh), les coûts sont équivalents à ceux d’un modèle thermique. Mais avec un prix moyen de l’électricité, la voiture électrique descend à 73 centimes par kilomètre. Et si l’on recharge avec une installation solaire privée, le coût chute encore à 70 centimes par kilomètre.
Ce constat s’inscrit dans une tendance mondiale: L’Agence internationale de l’énergie (AIE) relève dans son rapport que l’accessibilité des véhicules électriques a augmenté au cours des dix dernières années. Les experts l'affirment:
Les batteries, cœur de la voiture électrique, ont vu leur prix s’effondrer: selon le centre de recherche Our World in Data, entre 1990 et 2018, leur coût a baissé de 97%. Un système qui valait 300 000 dollars en 1990 s’obtenait en 2018 pour 7300 dollars. Depuis, les prix ont continué de chuter, avec une baisse supplémentaire de 25% entre 2023 et 2024.
Cette évolution a permis une forte baisse des prix d’achat. En Suisse, Amag propose désormais des modèles électriques au même prix, voire moins chers que leurs équivalents à essence.
Selon le TCS, quatre modèles coûtant moins de 30 000 francs étaient déjà disponibles en 2023. Cette année, Hyundai propose une citadine à 24 000 francs. En Chine, BYD a baissé le prix de son modèle d’entrée de gamme de 7000 à 5600 francs. Au Japon, une start-up commercialise un véhicule monoplace pour moins de 5000 francs.
Autre facteur déterminant: le développement spectaculaire du solaire. En 2013, les grandes installations photovoltaïques produisaient un courant quatre fois plus cher que celui issu du gaz ou du pétrole. Dix ans plus tard, leur coût a été divisé par dix. Aujourd’hui, le solaire coûte moitié moins cher que les énergies fossiles, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).
Les voitures électriques tirent aussi parti d’un autre avantage: une mécanique plus simple. Un moteur électrique compte environ 200 pièces, contre 1000 à 2000 pour un moteur thermique. Moins de pièces, c’est moins de risques de panne et moins de réparations à effectuer.
La voiture électrique suit le schéma classique des technologies performantes et abordables: son adoption s’accélère. En 2025, plus d’un quart des véhicules vendus dans le monde seront électriques, selon l’AIE. En Chine, leur part frôle les 60%. Au premier trimestre, les ventes ont bondi de 35% par rapport à 2023, établissant de nouveaux records sur tous les grands marchés.
D’ici 2030, les projections mondiales annoncent une part de marché de 40% pour l’électrique, près de 60% en Europe, environ 80% en Chine. Seule ombre au tableau: les Etats-Unis, où Donald Trump freine activement les politiques climatiques. L’AIE n’y prévoit plus qu’une part de 20%, soit moins de la moitié de ce qu’elle anticipait avant son retour en politique.
Plus de véhicules électriques, c’est moins de pétrole et de gaz brûlés, donc moins d’émissions de CO2. En 2024, selon l’AIE, l’ensemble du parc mondial aura permis d’économiser l’équivalent de 350 millions de barils de pétrole, soit cinq fois la consommation annuelle de la Suisse. En 2030, ce chiffre devrait dépasser 1,8 milliard de barils.
L'AIE l'affirme: la transition énergétique est en train de rapporter de l'argent. D’ici dix ans, elle pourrait réduire de moitié le coût de fonctionnement du système énergétique mondial. Pour Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE:
Autrefois, augmenter les taxes sur l’essence déclenchait des révoltes, comme celle des Gilets jaunes en France. Pour réussir la transition, il fallait retirer quelque chose aux gens. Aujourd’hui, selon l’AIE, on peut la réussir en leur offrant quelque chose: rouler moins cher.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder