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À 22 ans, on n'a rien d'autre à faire que de diriger un village?

Moiry, Lionel Tissot
Elu au premier tour avec 58% des voix, Lionel Tissot entrera à la Municipalité de son village, en juillet prochain.Image: Watson

À 22 ans, on n'a rien d'autre à faire que de diriger un village?

La moyenne d'âge des Municipaux vaudois, élus ce printemps, est de 52 ans. Pourtant à Moiry (VD), Lionel Tissot va intégrer l'Exécutif de son village à seulement 22 ans. Rencontre avec un jeune homme aussi idéaliste que terre à terre, qui compte bien défendre ses idées.
20.04.2021, 12:02
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Municipal des routes, des parcs et des promenades, du social et de l'énergie. Tout ça à 22 ans. Élu avec 58% des voix, dès le premier tour, Lionel Tissot intégrera l'Exécutif de son village natal, en juillet prochain. Si sa victoire a été «une surprise pour beaucoup», elle ne fait par perdre le sens des réalités au jeune Vaudois qui, après des études de comédien, s'apprête à entamer un apprentissage de mécatronicien.

À 22 ans, est-ce qu'on n'a pas autre chose à faire que de diriger un village?
Lionel Tissot, Municipal de Moiry:
Si on n'a pas envie de le faire, oui, sans doute. (Il se marre.) J'ai conscience que cela prend du temps et que je vais devoir faire des sacrifices parmi mes autres activités, notamment le chœur mixte, la société de tir, la jeunesse et l'équipe d'improvisation. C'est vrai que cela m'embête mais je pense que cela vaut le coup. Cela m'a toujours intéressé de pouvoir défendre mes idées et je suis content de pouvoir passer à la Municipalité. Cela va continuer à me faire grandir. Pour moi, c'était le bon moment, j'avais envie d'être un jeune élu, j'aime ce côté challenge. Après, je pense que d'autres jeunes de mon âge n'auraient pas forcément osé.

Vous avez douté de votre candidature?
C'est vrai que j'ai failli ne pas oser. Ce qui m'inquiétait, c'était les qu'en dira-t-on et le regard potentiel des collègues. J'ai quand même 20 ans de moins que le plus jeune d'entre eux. Et puis, il faut aussi présenter les dossiers devant le conseil général (réd: il en fait partie depuis ses 18 ans). C'est bien plus stressant d'imaginer être de l'autre côté de la table. Mais, grâce au théâtre, je sais que j'ai les moyens de gérer mon stress et, finalement, je n'ai eu que des retours positifs sur mon âge.

«La politique n'est pas un métier qu'on apprend en vieillissant mais en faisant»

Vous pensez que les jeunes devraient prendre davantage de place en politique?
Je ne pense pas que ce soit une question d'âge. Moi, ce qui m'attriste, c'est de voir que le taux de participation aux votations fédérales soit inférieur à 50%. Donc cela concerne plutôt l'ensemble de la population.

Mais alors, comment on fait pour que les gens s'y intéressent?
Franchement, je n'en ai aucune idée! Moi, je sais qu'on a parlé politique à table depuis que je suis tout petit, même si on n'appelait pas ça comme ça. Mon papa était au conseil général, puis à la Muni et ma maman était secrétaire municipale. Donc tout cela me paraît très concret, j'ai l'impression que si je défends mes idées, il va forcément se passer quelque chose. Je crois que c'est ce côté concret qui manque souvent aux jeunes, mais c'est difficile à dire parce que je ne sais pas ce que pensent ceux qui ne votent pas. Dans un village, la politique, c'est très terre à terre, c'est les problèmes du voisinage. Au niveau cantonal ou national, quand on parle politique, j'ai le sentiment que cela devient plus flou. On est toujours dans un lexique guerrier de qui est-ce qui va gagner des voix. Je pense que cela se fait au détriment des projets concrets. Dans l'absolu, mon objectif est de pouvoir faire valoir mes idées plus haut, mais j'espère être capable de garder mes racines et d'amener cette idée de rester très concret.

«J'ai des neveux et des nièces pour qui j'ai envie que le village soit agréable à vivre»

En septembre, vous allez donc être apprenti de première année et Municipal d'un village. Comment vous allez vivre ce grand écart?
Je ne sais pas du tout mais je me réjouis. Je suis un peu touche-à-tout, j'aime cette ambivalence. Au début, je me réjouissais vraiment d'entrer à la Muni, ensuite, j'ai été élu, c'était super et puis, tout à coup, il y a un stress qui est arrivé. C'est vrai que j'ai une petite crainte d'être traité comme le petit jeune à qui on doit tout expliquer et d'être rabaissé, consciemment ou inconsciemment par mes collègues. Je me suis donc promis de ne pas me laisser manger. Une de mes tactiques, cela va être de bien étudier les dossiers à l'avance, pour avoir déjà un avis très clair sur ce que je veux défendre.

Moiry, Lionel Tissot
En juillet, Lionel Tissot gravira les marches de la maison de commune, pour prendre place à la Municipalité.Image: Watson

Justement, qu'est-ce que vous allez pouvoir apporter à cette Municipalité?
À mes yeux, ce n'est pas qu'une question d'expérience, c'est aussi une question de vision. L'angle depuis lequel on regarde peut permettre que certaines choses soient évidentes pour nous. Après, j'ai quand même l'impression que l'on a des pouvoirs relativement limités dans une Municipalité comme celle de Moiry. On doit trouver la meilleure façon de faire, mais on est dépendants des autres, du Conseil général, du canton, des communes voisines. Il s'agit moins de grandes discussions philosophiques que de gestion concrète. Moi, je suis quelqu'un de très idéaliste, je commence toujours par avoir de grandes idées, peu importe le budget. Ensuite, je me retrouve confronté à la réalité et c'est là qu'il faudra faire preuve de créativité.

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Video: watson
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