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Ces Ukrainiens n'ont aucune confiance dans la trêve de Poutine

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Ces Ukrainiens n'ont aucune confiance dans la trêve de Poutine

A Kiev, l'annonce d'un cessez-le-feu de trois jours décrété par Vladimir Poutine suscite scepticisme et colère. Marqués par des trêves non respectées et la poursuite de l'agression russe, étudiants et soldats ukrainiens expriment leur profonde défiance envers Moscou.
03.05.2025, 15:54
Igor SHVYDCHENKO / Kiev
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«Comment peut-on croire un tyran, un agresseur?», s'insurge Sofia Golovko, jeune étudiante de Kiev. Comme d'autres habitants de la capitale ukrainienne interrogés, elle dit n'avoir aucune confiance dans le cessez-le-feu de trois jours annoncé par Moscou.

Le président russe Vladimir Poutine a décrété lundi cette pause dans les hostilités du 8 au 10 mai, à l'occasion des commémorations de la fin de la Deuxième guerre mondiale. Cette trêve fait suite à un premier cessez-le-feu pour Pâques qui avait conduit à une baisse des combats sans être totalement respecté par les deux camps.

Ce nouveau cessez-le-feu, Sofia, âgée de 18 ans et qui étudie à l'université Mogyla de Kiev, n'y croit pas:

«Je n'ai aucune confiance dans les Russes. Tout cela ne sert qu'à faire croire à (Donald) Trump qu'ils veulent la paix, mais en réalité, la terreur se poursuit, la conquête des territoires continue.»

Le dirigeant américain a montré ces derniers jours des signes de frustration envers la Russie, qui continue d'avancer des exigences maximalistes pour conclure une paix, à savoir la reconnaissance de l'annexion de cinq régions d'Ukraine qu'elle occupe, l'abandon des ambitions de Kiev de rejoindre l'Otan et l'arrêt de l'aide occidentale.

Un autre étudiant, Rouslan Tkatchenko, âgé de 19 ans, estime également que l'annonce d'un cessez-le-feu par Vladimir Poutine est une «manipulation».

Il veut croire que l'armée russe «a besoin de ralentir ou de geler la guerre, au moins un certain temps, pour se regrouper et reconstituer leurs forces, trouver d'autres moyens d'approvisionnement».

«Combien de fois avons-nous entendu parler de toutes sortes de trêves?», demande Mikhaïl Demianenko, 24 ans, qui fait lui aussi état d'une absence de confiance.

«Il est difficile d'y croire encore aujourd'hui»

La confiance envers la Russie «a été gaspillée non seulement depuis le début de la guerre, mais aussi avec ces nouvelles trêves», affirme-t-il.

«Cela ne changera rien»

«Des gens continuent de mourir. Même s'ils concluent une sorte d'accord, cela ne changera rien en fin de compte», poursuit le jeune homme. En Donald Trump, il dit voir un homme voulant avant tout conclure «une sorte d'accord commercial» avec Moscou. «C'est vraiment triste.»

Un soldat ukrainien au nom de guerre «Kazbek», âgé de 42 ans, pense aussi que Vladimir Poutine «ne tiendra pas ses promesses». «Il dit toujours beaucoup de choses, il affirme que nos troupes ukrainiennes sont les premières à tirer et que (les troupes russes) ne font que riposter», poursuit-il.

«Ce n'est pas vrai. Je le sais parce que j'étais là et que j'ai tout vu»

Comme pour la dernière trêve, à Pâques, le dirigeant russe a ordonné à ses troupes de riposter en cas de violation du futur cessez-le-feu de mai. L'Ukraine a de son côté appelé la Russie à accepter un cessez-le-feu immédiat et global, pour au moins 30 jours.

Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure au plus vite un cessez-le-feu et un accord de paix, mais les positions des deux camps semblent difficilement conciliables. L'Ukraine veut une fin des combats sans conditions préalables, avant d'organiser dans un deuxième temps des négociations de paix avec Moscou. La Russie, à l'inverse, veut des avancées concrètes sur ses demandes pour un accord de paix avant d'accepter un cessez-le-feu global.

Lundi, la Maison Blanche a répété vouloir une fin des hostilités «permanente» et non temporaire, et appelé les parties à négocier.

La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev

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La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
Faces of war pour le New York Times.
source: alexander chekmenev
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