La vie n'a pas épargné Dunja M. Enfant négligée par ses parents, puis placée, en 1994, dans un foyer à l'âge de 4 ans, la femme a été victime de violences et d'abus sexuels dans un lieu d'accueil du canton de Glaris. Comme le rapporte le Sonntagszeitung, elle réclame désormais justice.
«Née dans le milieu de la drogue zurichois», ces mots figuraient dans le rapport des autorités de tutelle, lorsque Dunja a été placée dans le foyer Flueblüemli à Braunwald, dans le canton de Glaris. Jeune enfant, elle vivait seule avec sa mère, qui la laissait régulièrement seule, parfois durant plusieurs jours. Nourrie par des voisins, la petite se trouvait dans un état lamentable.
Mais l'enfer a continué. Comme le rapporte le journal Südostschweiz, l'éducation dans ce foyer privé était «froide et sans amour», et les enfants étaient régulièrement punis par des brûlures sur les mains, où en étant enfermés dans un sous-sol sans lumière.
Dunja n'avait que des souvenirs diffus de cette période, explique le Sonntagszeintung. Mais c'est en se replongeant dans les archives des cantons de Glaris et de Zoug que les maltraitances, et surtout les détails sur les abus sexuels, lui sont revenus.
La femme de 34 ans se rappelle désormais clairement comment un surveillant, tout juste majeur à l'époque et censé s'occuper d'elle, l'a forcée à avoir plusieurs relations sexuelles avant ses 8 ans.
Dunja se souvient notamment d'une scène où elle avait signalé à une encadrante avoir du sang sur ses sous-vêtements. La personne lui aurait alors répondu qu'elle avait dû se blesser en faisant du vélo. Seulement, il n'y avait pas de vélo au foyer.
Dunja a pu retracer son propre récit car nombre de détails étaient consignés dans les documents des autorités d'adoption, qu'elle a obtenus des autorités cantonales. A l'époque, une famille zurichoise avait entamé les démarches pour l'adopter, avant de renoncer après trois mois en apprenant les abus dont la petite fille avait été victime.
Selon la Sonntagszeitung, Dunja a pu établir que son tuteur, la direction du foyer - fermé depuis 1998 - et les autorités d'adoptions étaient au courant des violences dont elle a été victime. L'auteur, lui, a nié les faits.
Dunja M., qui doit désormais lutter contre sa propre addiction à l'alcool, a pu discuter avec d'autres personnes anciennement placées dans le foyer. Soutenue par la Fondation Guido Fluri, qui s'attaque notamment aux violences faites aux enfants, elle rencontrera dans les prochains jours une délégation du Département de l'intérieur de Glaris.
La jeune femme a également déposé une plainte pénale contre l'auteur des faits. Ce dernier serait déjà en détention pour d'autres crimes. (joe)