Il fallait un Jude Law prêt à dégainer et un Nicholas Hoult aussi glacial que la pression d'une détente de flingue, et voilà que The Order devient l'un des excellents films de ce début d'année.
Directement catapulté sur la plateforme Prime Video sans passer par la case cinéma (incompréhensible), on découvre une histoire basée sur un bouquin nommé The Silent Brotherhood, de Kevin Flynn et Gary Gerhardt, adapté par le cinéaste Justin Kurzel, l'excellent auteur australien derrière l'adaptation sublime de Macbeth (2015) ou encore de l'accident industriel Assasin's Creed (2016).
Cette fois-ci, il est question de la traque d'une bande de voyous issus d'une église d'extrême droite, pilotée par des siphonnés du cerveau qui veulent taire la prière et les voies impénétrables du Seigneur, pour lancer un programme suprémaciste blanc dans l'Idaho.
Au-devant de cette sympathique faction aux idées bien arrêtées se dresse Terry Husk (Jude Law), un agent du FBI à la carte de visite bien décorée, après des enquêtes sur le KKK et la mafia. Il fait la rencontre de Jamie Bowen (Tye Sheridan), un officier du coin qui va lui prêter main forte.
Dans le camp des méchants racistes, il y a un certain Nicholas Hoult, dans la peau de Bob Matthews, tout à fait impressionnant avec son regard bleu profond et son âme noircie par la haine. Il est l'architecte de cette «race war». Et pour ce faire, il met en place une série de braquages pour financer le projet nommé «The Turner Diaries» - un modèle qui a servi aux émeutes du Capitole du 6 janvier 2021, apprend-on.
Comme un écho à notre époque, The Order est aussi percutant qu'immersif lorsqu'il empoigne le thriller policier, dans sa formule la plus classique. On pense à la rigueur de Sicario, de Denis Villeneuve, ou encore à William Friedkin. La mise en scène tendue et des séquences de braquage qui valent leur pesant de cacahuètes, Justin Kurzel démoule un film qui dessine une Amérique qui s'abandonne à la violence.
Si The Order n'est pas exempt de tout reproche - on soulignera quelques clichés du genre et des personnages féminins délaissés -, le face-à-face entre Jude Law et Nicholas Hoult assoit la qualité du film et, surtout, la capacité de Justin Kurzel à sublimer des sujets du genre. Une autre oeuvre de qualité qui prend place dans la filmographie encore mésestimée du cinéaste australien.
«The Order» est à découvrir sur Prime Video.