Divertissement
Cinéma

On a causé avec Edward Berger, réalisateur du film «Conclave»

On a causé avec Edward Berger, réalisateur du film «Conclave»
Edward Berger (à gauche) et Ralph Fiennes, complices sur le tournage de Conclave.dr

Va-t-il réaliser le prochain James Bond? On a causé avec Edward Berger

Il y a deux ans, Edward Berger remportait quatre Oscars avec A l'ouest rien de nouveau. Il revient aujourd'hui avec Conclave, magnifique thriller sur la succession du pape. Un entretien sur le doute, l'avenir de l'Eglise et l'éternelle question de savoir si Edward Berger sera le prochain réalisateur de James Bond.
01.12.2024, 16:0201.12.2024, 16:50
Tobias Sedlmaier / ch media
Plus de «Divertissement»

Edward Berger est le genre de réalisateurs qui adaptent des sujets européens à l'américaine: avec force, avec un sens des grandes images et des grands moments. Quand son film A l'ouest rien de nouveau est sorti, en 2023, il a pris d'assaut Hollywood. Quatre Oscars lui ont été décernés sur neuf nominations, un record pour une production allemande.

Le réalisateur adapte un autre roman en film: Conclave, d'après le best-seller de Robert Harris. Le réalisateur austro-suisse parvient à transformer le rituel entièrement planifié d'une élection papale fictive en un thriller meurtrier.

On a rencontré Edward Berger au Festival du film de Zurich et on lui a posé quelques questions.

La bande-annonce:

Vidéo: youtube

watson: Vous avez dit un jour que la question la plus importante que vous vous posez pour un nouveau film est: pourquoi est-ce que je veux faire ce film? Alors, pourquoi ce film?
Edward Berger
: Tout d'abord, le roman de Robert Harris est vraiment un excellent thriller! Et puis, les scripts de notre scénariste Peter Straughan ont toujours une signification plus profonde, un deuxième niveau. Dans ce cas, il s'agissait du voyage intérieur que Ralph Fiennes traverse dans le rôle du cardinal Lawrence, le voyage émotionnel et intellectuel du doute: doute sur sa foi, sur le sens de la vie, sur le fait d'être cardinal. A la fin, il trouve une sorte de libération, va traverser la vie avec un peu plus de légèreté.

Et vous, vous êtes bien identifié à cette évolution?
Oui, car le doute est le moteur de ma vie: Pourquoi est-ce que je fais ce prochain film? Qu'est-ce que je veux raconter? La caméra est-elle bien placée? On se pose constamment toutes ces questions, car faire un film n'est pas une science exacte. On ne sait pas exactement comment faire, on doit le découvrir à chaque film.

Conclave montre en tout cas clairement le décalage entre l'image puissante de l'Eglise et les faiblesses personnelles des cardinaux...
Je trouvais important de montrer les cardinaux comme des êtres humains: ils ont des téléphones, ils fument.

«Le pape est embarqué dans une ambulance, dans un sac mortuaire en plastique, il finit comme vous et moi»

Je voulais ramener les cardinaux sur Terre avec leurs doutes, leurs péchés et leurs erreurs. Ainsi, ils deviennent proches, nous les comprenons et nous sommes tristes quand ils échouent.

Stanley Tucci joue dans Conclave
L'un des grands noms du film: Stanley Tucci.

Dans l'épilogue de son thriller, Robert Harris remercie les représentants de l'Eglise de l'avoir aidé dans ses recherches. Dans quelle mesure avez-vous collaboré avec le Vatican?
Il y a une ligne blanche sur la place Saint-Pierre au-delà de laquelle aucun tournage commercial n'est autorisé. Nous avons donc dû construire la chapelle Sixtine dans la ville romaine du cinéma, Cinecittà. Mais nous avons rencontré des cardinaux. Ils ne nous ont bien sûr rien dit sur le conclave - ce n'est pas autorisé - mais sur leur foi et leur parcours. Sur le plateau, nous avions des conseillers religieux, dont un fantastique professeur de religion, un spécialiste de la procédure du conclave: comment tenir les mains, comment voter exactement? Bien sûr, nous ne pouvons pas tout savoir, car les portes sont fermées et le voeu de silence ne peut pas être rompu. Mais cela n'a finalement pas beaucoup d'importance pour moi.

«Ce que j'aime dans les films, c'est qu'ils permettent de créer une réalité»

Tout ne doit pas toujours être réel ou authentique. Un film est toujours une manipulation, une vérité fabriquée - surtout lorsqu'il semble réaliste.

Ralph Fiennes est connu pour souvent jouer les méchants. Pourquoi a-t-il été choisi ici?
Je me suis réveillé un matin en me disant: Ralph doit jouer cet homme! C'est quelqu'un qui nous invite à entrer en lui, qu'il joue le mal ou le bien. Son personnage est au septième rang, il ne doit qu'organiser, il est le manager. Il n'a pas le plus de dialogue, il écoute beaucoup. Il est alors important d'avoir quelqu'un qui nous aide à lire dans ses pensées - et Ralph sait le faire.

Ralp Fiennes est la star de Conclave
Ralph Fiennes est la star de Conclave.dr

La question cruciale: quelle est votre attitude face à la foi?
Je suis protestant, je vais tout au plus une fois par an à l'église pour Noël avec les enfants. Par respect de la tradition, donc plus pour des raisons historiques que religieuses. Mais si je pense que nous n'avons pas d'églises, pas de temples, pas de synagogues ou de mosquées, qu'aurions-nous? Nous perdrions alors une grande partie de nos racines et de nos origines.

«Peu importe d'où l'on vient, la religion est un élément important de notre recherche d'identité»

Une question essentielle à laquelle l'Eglise catholique doit faire face et à laquelle Conclave apporte une réponse surprenante, c'est: doit-elle continuer à se positionner comme un roc face à l'esprit du temps ou s'ouvrir aux aspirations progressistes?
Je ne suis pas théologien et je ne considère pas qu'il est de mon devoir d'influencer les orientations religieuses. Mais l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait ce film est la suivante: l'Eglise catholique est le plus ancien patriarcat du monde, toujours plus extrême que de nombreuses autres institutions. Les femmes en sont pratiquement exclues. Pour moi, le progrès est toujours important. A la fin du film, le public peut imaginer que l'avenir pourrait être différent.

On ne veut pas spoiler la fin, mais n'est-elle pas trop irréaliste?
Quoi de plus beau que d'exprimer des utopies au cinéma? C'est à cela que les films servent. On peut y rêver, montrer des concepts de vie alternatifs et trouver des chemins qui n'existent pas dans la réalité. Faire un film nous permet de nous évader dans un autre monde, mais en même temps d'emporter quelque chose dans notre monde.

En mars, la cérémonie des Oscars aura lieu et Conclave sera certainement de la partie. Vous vous en réjouissez?
Il est amusant de constater que j'ai dû faire la promotion de A l'ouest rien de nouveau pendant toute la préparation de Conclave. Au début, je l'ai presque regretté, je souhaitais constamment avoir plus de temps pour me concentrer sur une seule chose. Mais ensuite, je me suis rendu compte que c'était un énorme soulagement de pouvoir déjà choisir mon prochain film. Comme ça, je n'ai pas besoin d'aller aux Oscars - et de gagner quelque chose - et tout à coup, il y a cette pression, oh mon Dieu, qu'est-ce que je vais faire ensuite? Je peux simplement continuer, que ce soit un Oscar ou non. C'est la même chose maintenant, je ne pense pas à la cérémonie de mars prochain, je travaille sur d'autres films.

Vous avez déjà tourné votre prochain film, The Ballad of a Small Player. Entre-temps, les médias vous considèrent comme le prochain réalisateur possible de James Bond, mais vous vous défendez avec assurance...
Dans la presse, il est toujours de vrai que rien n'est vrai. Qui ne voudrait pas faire James Bond? J'ai grandi avec ce personnage et je l'aime. Ce serait un immense honneur de tourner un film sur Bond. Mais il n'y a rien de prévu. (aargauerzeitung.ch)

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

21 photos du tournage de la première trilogie de Star Wars

1 / 22
21 photos du tournage de la première trilogie de Star Wars
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X

Les séries les plus attendues de 2024

Vidéo: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Cette vidéo de Kim Kardashian qui enlève son corset est gore
Dans une séquence de la nouvelle saison de The Kardashians, on voit la star de la télé-réalité enlever sa tenue après le Met Gala de l'an passé. Son corset était si serré que son dos est tout boursoufflé. Berk.

Il faut souffrir pour être belle. Kim Kardashian connaît bien le dicton. Surtout quand il s'agit du Met Gala et qu'il faut se faxer comme un Twix dans des robes trop serrées. En 2022, la star avait suivi un régime drastique et une routine sportive extrême pour perdre les quelques kilos qui la séparaient d'une authentique robe de Marilyn Monroe (qu'elle aurait accessoirement dézingué).

L’article