La projection était prévue le 23 juin au Prince Charles Cinema, mais elle a été annulée au dernier moment face aux réserves des exploitants sur l'utilisation de l'IA.
Peter Luisi se dit néanmoins surpris par ce qui s'est passé et l'intensité des réactions. Pourtant, cela fait un an que les risques potentiels de l'intelligence artificielle sont au cœur de la grève des scénaristes à Hollywood.
The Last Screenwriter raconte l'histoire d'un scénariste qui constate que ce nouvel outil peut écrire mieux que lui. Selon le Zurichois, il s'agit d'une expérience. L'histoire «vise à lancer une discussion et n'a jamais eu d'objectif commercial».
Le cinéaste n'a pas reçu de soutien financier pour ce film. L'œuvre a été financée par des fonds provenant de l'aide au cinéma liée au succès de Ciao-Ciao Bourbine.
Très sollicité, Peter Luisi affirme qu'il n'a pas d'affinité particulière avec l'IA et qu'il est simplement curieux. Il explique avoir écrit une phrase sur le contenu du film et demandé ensuite à l'IA de rédiger un scénario. «L'IA a livré un résultat étonnamment bon», admet le réalisateur qui a repris quasi intégralement le scénario sans en changer un mot.
«Je ne suis pas l'auteur du film», souligne-t-il. Mais hormis la trame de l'histoire, le long métrage a été tourné comme n'importe quel autre avec de vrais acteurs dans un vrai décor.
Peter Luisi est conscient que l'IA suscite des inquiétudes. Avons-nous encore besoin de nous, les scénaristes? Mais pour lui, «la censure n'est pas la bonne approche».
Après 130 ans d'histoire du cinéma, nous sommes à un moment crucial, selon lui. Il importe désormais d'ouvrir la discussion d'une manière ou d'une autre. Il s'agit de questions concrètes et importantes comme des règles, des lois, des droits d'auteur. «Fermer les yeux sur ces questions est pour moi une approche complètement erronée.»
Peter Luisi regrette la décision d'annuler la première londonienne mais affirme respecter cette volonté. Les organisateurs ont agi sous la pression de centaines de réactions avant même la projection.
Selon l'Américano-Suisse, les critiques sont passées à côté du sujet, se limitant à l'écriture par l'IA. Le film a finalement été montré dans une autre salle devant un petit comité. L'auteur assure que le scénario et la documentation sur la réalisation seront publiés. (vz/ats)