Depuis près de 30 ans, la série animée South Park est le bastion de la liberté d'expression et de la satire américaine. Pour son grand retour à la télévision, la série a choisi de se moquer ouvertement de Donald Trump, utilisant notamment son vrai visage dans une séquence lunaire réalisée par intelligence artificielle.
L’épisode intitulé Sermon on the Mount (Le Sermont de la montagne, référence à la Bible) dépeint une Amérique où les médias et les institutions sont terrifiés par un président totalitaire qui n’écoute que lui et menace tous ses détracteurs (y compris Jésus) de finir au tribunal. L’épisode se termine par une vidéo de propagande générée par intelligence artificielle, montrant Donald Trump errant dans le désert, avant de se dévêtir complètement et de s’allonger nu sur le sable. C’est alors qu’un micro-pénis apparaît — le sien — et commence à lui parler.
Une séquence qui aurait pu créer une véritable polémique aux États-Unis. South Park, qui s’est déjà fâchée avec la Chine en parodiant le président Xi Jinping sous les traits de Winnie l'ourson, n’en est pas à sa première controverse. Cependant, la Maison-Blanche, dans une sorte d'indifférence, a simplement réagi par un communiqué.
Dans cet épisode, South Park ne fixe plus aucune limite et présente Donald Trump comme un «dictateur», allant même jusqu’à le comparer indirectement à Saddam Hussein. En effet, Trump entretient une relation avec Satan, qui, fatigué, évoque la toxicité de cette relation et déclare à Trump qu'il lui rappelle son ex. Cette référence n'est pas sans rappeler une parodie déjà présente dans South Park: Le Film (1999), où les créateurs Trey Parker et Matt Stone avaient caricaturé l'ancien président irakien Saddam Hussein comme étant le petit ami du diable, de manière similaire.
Lors de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2016, South Park s'en est moqué régulièrement. Les créateurs de la série ont choisi comme arc narratif de raconter comment Mr. Garrison, l’instituteur de l’école, est devenu le président des États-Unis en se grimant en orange pour imiter Donald Trump dans une caricature complètement absurde. Le président américain avait été ainsi parodié à travers ce personnage, permettant à la série de se moquer de lui sans jamais avoir à citer son nom.
Ce trolling de la part des créateurs de South Park ne se limite pas uniquement au président, mais s'attaque également à la lâcheté de Paramount Global, le géant médiatique qui possède par ailleurs les droits de la série. Au début du mois de juillet, Paramount a accepté de verser 16 millions de dollars pour régler un procès intenté par Donald Trump contre l’émission 60 Minutes de CBS, propriété de la maison mère, à la suite d’une interview de son ancienne adversaire démocrate Kamala Harris diffusée en octobre dernier.
Cet épisode intervient également quelques jours seulement après que CBS ait annoncé la fin du populaire talk-show The Late Show with Stephen Colbert, après 10 ans d’existence. Cette émission iconique de la télévision américaine a vu ses débuts en 1993, animée par David Letterman.
Selon Stephen Colbert, l’annulation de son émission ne serait pas seulement une décision financière, comme l’évoque son employeur. L’animateur a clairement accusé la chaîne de chercher à gagner les faveurs de Donald Trump pour des raisons commerciales. Le président, quant à lui, s’est réjoui du licenciement de l’un de ses détracteurs les plus célèbres, en écrivant sur sa plateforme Truth Social: «J’adore que Colbert ait été licencié».
L'ironie dans cette histoire, c’est que cet épisode intervient après que les créateurs de South Park, Trey Parker et Matt Stone, aient signé récemment un accord de diffusion de 1,5 milliard de dollars américains avec Paramount, selon le Los Angeles Times.
Un pont en or qui permet à la fois la diffusion des deux premiers épisodes de la 27e saison et de l’intégralité de la série sur la plateforme de streaming Paramount+. Le duo a signé un contrat de cinq ans pour les droits de diffusion en continu à l’échelle mondiale de leur dessin animé satirique qui a fait ses débuts sur Comedy Central — propriété de Paramount Global — en 1997.
Quant au président américain, il n’a pas encore réagi en personne à la diffusion de cet épisode. Mais, au vu des nombreux extraits partagés en ligne et de l’engouement sur les réseaux sociaux, il y a de fortes chances que cela lui parvienne. À moins que l’affaire Epstein ne lui laisse pas le temps de s’y intéresser…