Marie-Adèle est maman
Marie-Adèle Copin ne peut s'empêcher de râler. Son bébé, elle l'aime, mais dans les bras de la nounou. Suivez-la sur ses réseaux sociaux et sur son blog.
Marie-Adèle Copin ne peut s'empêcher de râler. Son bébé, elle l'aime, mais dans les bras de la nounou. Suivez-la sur ses réseaux sociaux et sur son blog.
Quand on a un premier enfant, on ne se rend pas tout de suite compte dans quelle catégorie de parents on se situe. On a peu de points de comparaison alors très souvent, dans des conversations avec d'autres mamans, il y a des phrases comme ça qui sortent: «Ah bon, tu lui donnes déjà de la nourriture solide?» «Ah bon, tu ne l'as pas encore mis à la crèche?» «Ah bon, tu lui apprends la langue des signes?»
C'est inévitable, on se compare et on met systématiquement certains parents dans des catégories: les parents control freak, les parents laxistes, les parents dépassés, les parents cool, les parents gnangnans... Il y a également ce couple de parents qui vous inspire et à qui vous demandez sans arrêt des conseils ou au contraire ces parents à qui vous ne voulez surtout pas ressembler et qui finit souvent par devenir une référence dans votre couple du genre: «On ne va quand même pas devenir comme Miriam et Paul-Henry!»
J'ai emmené ma fille à son premier playdate l'autre jour. A première vue, chez la maman de Gustave, l'appartement était plutôt bien rangé. Et puis, j'ai tourné la tête et j'ai vu le coin enfants. Certains parents achètent ce qu'on appelle des parcs. En gros, un carré délimité par une barrière au milieu duquel leur bébé peut jouer en toute sécurité. Si on a de la place, ça peut être un bon achat, surtout si on a un chien.
Le problème, ce n'était pas le parc, c'était les jouets. Gustave était dans son carré protégé avec des boules, plein de boules, des camions qui font du bruit, des instruments de musique, des ballons, des grelots, un tapis d'eau gonflable, des peluches. J'ignore si le parc contenait tous ses jouets ou s'il en avait d'autres dans sa chambre, mais rien qu'en voyant tout ça, c'était le triple de ce que possède ma fille.
J'ai d'abord eu une petite angoisse. Je me suis dit:
Je l'assois dans la cuisine quand je prépare à manger et je lui mets une spatule en bois entre les mains, un dessous de plat en liège et enjoy! Si elle en a marre, j'échange la spatule par un sachet de quinoa (fermé, évidemment) et j'accompagne cette offrande par un «Oooooh!» qui lui donne l'impression qu'il s'agit d'un nouveau jouet d'une grande valeur.
J'étais quand même un peu inquiète. Est-ce que ma fille allait pleinement développer ses connaissances cognitives avec une spatule? Allait-elle être retardée par rapport aux autres bébés qui jouent avec des jouets si variés et colorés? Oui, on se pose ce genre de questions quand on est maman pour la première fois.
«Tu appliques la méthode Montessori», m'a expliqué une amie quand je lui ai exposé mon inquiétude. En effet, la pédagogie du jeu Montessori prône l'unicité, c'est-à-dire que pour s'amuser, l'enfant n'a pas besoin de plusieurs jouets à la fois.
Je me suis un peu renseignée sur Montessori. Ce n'est pas juste un nom commun, une pédagogie de bobo, c'était avant tout une chercheuse passionnante et une mère courageuse qui s'intéressait aux enfants à une époque où on ne s'y intéressait pas.
Sa vie passionnante a été le combat pour un apprentissage libre. Si vous voulez en savoir plus, il existe plusieurs biographies dont des BD: la Maison des enfants, de Caterina Zandonella et Halim et Maria Montessori, l’école de la vie, de Caroline Lepeu et Jérôme Mondolini.
Pour en revenir à Gustave, je ne dis pas que le set-up du parc avec tous les jouets est une mauvaise chose. Chacun a sa façon de fonctionner et comme on l'entend souvent : «on fait au mieux» et à l'instinct. Probablement que certains parents qui ont vu ma fille jouer avec sa spatule se sont dit: «la pauvre!».
Peut-être même que pour ces parents, je fais partie des mamans radines, que je suis dans la catégorie «à ne surtout pas imiter» et ce n'est pas grave. Ce qui compte, c'est que la spatule de ma fille, elle la voit comme une baguette magique, comme un sceptre, comme un instrument de musique, comme le plus cool des jouets ou même comme le plus important ustensile de cuisine.
Après ce playdate fort instructif durant lequel ma fille a mis en bouche tous les jouets de Gustave, j'ai eu l'occasion d'observer d'autres biotopes. J'ai vu chez certains parents des garages remplis de voitures. Pas des voitures pour adultes, celles pour enfants à pédales ou électriques, des imitations de Mercedes, de Fiat 500 et même de Bugatti. J'ai aussi été témoin des jeux de bain de certains bébés. Des jouets si nombreux qu'on ne voyait même plus l'eau du bain. Comme vous vous en doutez, ma fille a une pieuvre en caoutchouc et elle préfère même jouer avec la bouteille de gel douche et le thermomètre.
Aujourd'hui, elle a pratiquement 9 mois et elle entre à la crèche en septembre. La crèche, une autre occasion pour les parents de se comparer et savoir quel est le meilleur établissement qui permettra à son bébé de finir à Harvard.