Le 1066 Festival attrape «d’autres légendes que Taylor Swift»
En automne, les nez coulent, les feuilles tombent et les primes maladie s’envolent. Pour faire la nique à la dépression saisonnière, plusieurs armes s’offrent aux Romands. Parmi elles: s’envoyer des Pumpkin Spice Latte beaucoup trop chers, fuir à Miami jusqu’en avril, serrer les dents pour ne pas les claquer ou... grimper dans une rame du métro lausannois ce week-end et rejoindre Epalinges.
Pourquoi? Parce que, dès vendredi soir, le 1066 Festival va dégainer une programmation à refiler des coups de soleil sous les doudounes.
«1066», parce que c’est le code postal de cette bourgade nichée au-dessus de Lausanne et, «Festival», parce que c’est... un festival. (Qui a dit qu’il fallait toujours chercher de midi à quatorze heures?). Pour la créativité, il faut tremper ses tympans dans le menu et l’ADN particulier de cette manifestation qui déploie sa 11e édition.
De plus, cette année, certains des artistes qui fouleront la scène du 1066 doivent digérer des surnoms plus ou moins heureux: le «guerrier albinos», «Walygator» ou encore «Black Jacques Brel».
Ça vous dit vaguement quelque chose, non? Oui, c’est bien cela: Salif Keita, Prince Waly, et Oxmo Puccino. (Pour ne citer qu’eux.)
Des gars qui ont «pas mal de choses à raconter». Le premier est sans doute l’une des plus grandes fiertés vivantes de la musique africaine, le deuxième maîtrise aime les histoires de gangsters et a survécu au pire. Le troisième, lui, vient d’offrir une crise cardiaque à ses plus grands fans.
Début septembre, Oxmo Puccino, le chansonnier du hip-hop français, annonçait en stéréo la sortie de son nouvel album et le fait que ce sera «le dernier» de sa carrière, «parce qu’il y a un temps pour tout». Après 30 ans de rimes douces et de hip-hop étoilé, le «boss» n’a-t-il donc plus rien à raconter? C’est mal le connaître.
Nous voilà rassurés. Sans surprise, Toto Morand, président du 1066, est doublement fier d’accueillir «cette légende», car il va notamment «nous jouer ses nouveaux morceaux sur scène», vendredi. Oui, le célèbre patron des magasins Pomp It Up à Lausanne, forcément sponsor de la manifestation, adore rappeler que son festival, «même s’il n’a jamais eu Taylor Swift, a toujours réussi à inviter des légendes dans leur domaine», de JoeyStarr à Lee Scratch Perry, en passant par Emir Kusturica, Goran Bregovic ou encore Amadou et Mariam.
Une gageure, sachant à quel point maintenir un festival à flot est désormais un exercice d’équilibriste passionné. Au bout du fil, Toto Morand énumère les galères vécues par n’importe quelle petite manifestation du pays: «Année après année, on a de plus en plus de peine à tenir, soyons francs. L’équation est complexe, puisqu’il faut pouvoir programmer des artistes suffisamment connus pour attirer 1000 personnes par soir, mais à des cachets accessibles à notre budget».
Au point d’envisager de mettre la clé sous la porte?
Avec un budget qui ne dépasse pas les 200 000 francs, le 1066 Festival doit effectivement jongler en permanence entre les coups de cœur et la réalité du marché.
Pour la petite histoire, le 1066 est né sur les cendres du Festival Folk d’Épalinges, crée par le cofondateur du Montreux Jazz Festival, Géo Voumard, en 1976. Pour la petite histoire (bis), c’est en foulant ce festival que... «Daniel Rossellat et Jacques Monnier ont eu l’idée de faire la même chose à Nyon», nous glisse encore Toto Morand, avant de prendre congé pour peaufiner les préparatifs de cette 11e édition.
Toute la programmation, ici: www.1066festival.ch
Salif Keita ou Oxmo Puccino vous branchent? Allez, hop, le festival vous offre 1x2 billets pour le vendredi et la même chose pour le samedi. (Pour cela, il suffit d’envoyer un mail sympa à news(at)watson.ch, premiers arrivés, premiers servis!)