Nous n’avions pas couvert en octobre 2024, à sa sortie sur les autres plateformes, Sonic X Shadow Generations. Il faut dire que la qualité variable et l’accueil commercial tiède de nombreux opus n’ont pas forcément réussi à nous convaincre.
Néanmoins, entre la popularité des récents films ou séries, mais aussi la sortie de Sonic Racing: Crossworlds plus tard dans l’année, il fallait bien que la rédaction se penche à nouveau sur le rival historique de Mario, tout en jugeant ce que la Switch 2 peut apporter à cette sortie.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à prévenir: je ne suis pas un fin connaisseur des jeux Sonic, mais j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup jouer aux épisodes sur Sega Mega Drive à l’époque, et de suivre de loin la licence. Ces 34 dernières années, j’ai bien sûr entendu les cris de joie (Sonic Mania, Sonic Adventure) et les pleurs (Sonic Boom, Sonic 2006) des aficionados en restant en retrait de ces diverses itérations vidéoludiques. Mais l’esprit Sega ne m’ayant jamais totalement quitté, je dois dire que, depuis quelques années, j’étais tenté par ce que je pouvais voir.
Quoi de mieux que de proposer un remaster de Sonic Generations (2011) pour se rappeler des meilleurs moments de la série et d’y ajouter la nouvelle aventure Shadow Generations en «supplément chantilly» pour doubler le plaisir. Mais laissez-moi vous présenter un peu plus en détail la bête.
Sonic Generations est un remaster du jeu de 2011. Le lifting graphique est minimal, mais permet une image plus fine et plus fluide. Cette sortie permet surtout aux joueurs console d’accéder à ce jeu qui ne l'était pas facilement avant, car uniquement sorti sur PS3, Xbox 360, 3DS et sur PC.
À l’occasion des 20 ans du hérisson bleu, le jeu est un florilège de niveaux des Sonic précédents. En ce sens, il est une forme de remake des meilleurs moments des 20 premières années de la franchise.
Niveau scénario, malheureusement rien de transcendant: Sonic et ses amis se font aspirer par une force démoniaque lors d’une garden-party d’anniversaire. Sonic se retrouve alors dans un monde tout vide appelé l'Espace Blanc et y croise son double plus jeune, qui représente en fait le Sonic des jeux 2D.
Dans ce hub, les deux Sonic doivent ramener leurs amis à la vie en terminant chacun le niveau. En effet, chaque niveau se découpe en deux actes: le premier se jouera avec le «jeune» Sonic en 2D, alors que le second se jouera en 3D.
Ce Sonic reste en son essence un jeu de plateforme où il faut atteindre la fin du niveau au plus vite pour le compléter et recevoir sa note. Après trois niveaux terminés, le Portail du Boss apparait, mais il faudra collecter trois clefs pour l’ouvrir et se frotter au Boss de cette zone. Pour obtenir des clefs, il faut réussir des défis, c’est-à-dire une version courte et avec contrainte d’un des actes déjà joués. Par exemple, il faut finir le défi en un certain temps, avec un Ring unique ou avec des ennemis particulièrement pénibles.
En plus de cela, les deux Sonic font face à leurs rivaux qui font office de mini-Boss et permettent de récupérer une Émeraude du Chaos. Une fois le Boss d’une zone vaincu, l’on passe à une autre série de trois niveaux et ainsi de suite. Une fois chaque zone terminée et toutes les Émeraudes du Chaos récupérées, on peut faire face au dernier Boss.
Avec 9 niveaux au total, chacun tiré d’un jeu de la série et chaque fois décliné en 2D puis 3D, nous nous retrouvons avec une jolie démonstration de ce que la licence a pu proposer de mieux. Les défis donnent un peu l’impression d’être là pour allonger artificiellement la durée de vie du jeu, mais le jeu comprend aussi un musée virtuel dans lequel on peut trouver des artworks ou des musiques à débloquer.
Personnellement, j’ai trouvé les niveaux 2D (ou plutôt 2.5D) pas tellement intéressant et j’ai préféré les niveaux 3D. Dans les deux cas, on se retrouve avec une proposition très arcade, proche du jeu de rythme où il faut connaitre assez bien le niveau pour vraiment atteindre l’état de flow. La perspective 2D ne me parait pas idéale, car l’on ne voit pas forcément les obstacles arriver, alors que la 3D, en particulier quand la caméra est de dos, permet de bien mieux anticiper.
Dans le gameplay 3D, l’attaque téléguidée, qui permet de sauter sur un ennemi ou un élément de décor en pressant un bouton, diminue les temps morts et les frustrations. Le fonctionnement du Turbo en 3D, qui est une jauge qui se remplit en récupérant des anneaux, rapproche le jeu de celui d'une course automobile. Alors que dans le gameplay 2D, il faut s’arrêter pour que Sonic puisse se mettre en boule pour charger son boost, ce qui casse un peu le rythme.
Le jeu est heureusement assez permissif et même si on fait une mauvaise performance, on peut valider les niveaux. Mais on se retrouve alors avec une frustration, à réussir les choses alors qu’on a le sentiment d’avoir mal joué, la faute à un Sonic un peu capricieux à manœuvrer ou d’un niveau trop punitif.
Par contre, lorsque tout va bien, le jeu arrive à nous procurer une sensation de maitrise et de vitesse assez jouissive. Et bien que je ne sois pas sensible à cela habituellement, il a réussi à me donner une petite cinétose par moment, ce qui montre bien que le côté frénétique et acrobatique de certaines séquences.
Notons la belle VF pour ce Sonic Generations qui parlera beaucoup à ceux qui ont pu regarder les séries animées, et bien sûr, la bande-son, toujours importante dans Sonic. Le jeu nous propose des reprises des grands morceaux de la licence pour accompagner nos virées vertigineuses.
Oubliez Sonic! Le vrai ado rebelle, c’est Shadow! Le hérisson noir est la véritable attraction de ce jeu et du troisième opus des longs métrages sortis au cinéma. Dans cette histoire parallèle à Sonic Generations, Shadow a décidé de se promener dans une station spatiale plutôt que d’aller à la fête d’anniversaire de Sonic, mais il se fait quand même aspirer dans un autre monde. Une nouvelle fois, le scénario est relativement dispensable.
De nouveau, nous atterrissons dans un hub, mais dans un environnement en 3D cette fois-ci, très inspiré par Sonic Frontiers. Ce hub, toujours aussi blanc, reprendra des couleurs grâce à l’accomplissement des niveaux, et propose un mini-monde ouvert à parcourir. Les niveaux sont aussi déclinés en deux actes, et les défis permettent d’obtenir des clefs pour les Boss. On reprend ici la structure de Sonic Generations.
Exit le gameplay 2D des Sonic «classiques», Shadow Generations se concentre sur le gameplay moderne, plutôt 3D. Ce qui n’empêche pas le jeu de proposer des séquences en vue de côté. Et l’on peut certainement voir les améliorations notables de level design et game design, ce qui rend Shadow bien plus agréable à jouer et les niveaux plus funs à parcourir, d’autant plus qu’il s’agit de nouveau contenu.
Le jeu se permet également d’étoffer la panoplie des pouvoirs de Shadow: le Chaos Control pour arrêter le temps autour de soi, les Lances du Chaos permettent d’attaquer à distance et de nombreux autres pouvoirs à débloquer au fil de l’aventure qui procure une sensation de montée en puissance.
A travers de nombreux petits ajustements, la Sonic Team a réussi à peaufiner le gameplay 3D et je dois bien avouer que j’ai eu beaucoup plus de plaisir sur ce Shadow Generations que sur Sonic Generations.
La version Switch du jeu était plutôt décevante, avec des performances médiocres et particulièrement incompatibles avec un jeu qui demande de la fluidité. La version Switch 2 ne permet toujours pas de jouer dans les mêmes conditions que sur console de salon, mais permet, dans son mode «Performance», d’avoir une image très fluide, avec un léger sacrifice sur la résolution qui amène du flou. Le mode «Qualité» me parait presque inutile tant la fréquence d’image est basse.
Nous sommes face à une compilation de deux aventures relativement courtes (de 5 à 10 heures chacune), mais qui rappelle qu’en dépit des moqueries, les jeux Sonic ont toujours su proposer des moments de pur fun, et Sonic x Shadow Generations en est un florilège.
Telle une respiration après Sonic Frontiers, Sonic x Shadow Generations fait office à la fois de best of de la série depuis ses débuts, et de petite aventure inédite qui montre que la franchise a su évoluer depuis 2011. La Sonic Team semble avoir compris comment peaufiner gameplay et level design pour maximiser le plaisir de jeu. Shadow Generations est une belle promesse pour l’avenir.
Cette nouvelle itération vidéoludique démontre toutefois que Sonic peine encore et toujours à passer la vitesse supérieure. Sega ferait bien de profiter de l’élan généré par le succès de la licence au cinéma pour enfin trouver la formule qui fera mouche. La prochaine sortie du jeu de kart, sans résoudre l’équation, permettra au moins de faire vivre la licence. À défaut d’y parvenir, Sonic restera, encore une fois, derrière sur la ligne d’arrivée.
«Sonic × Shadow Generations» est disponble sur Nintendo Switch 2 ainsi que sur toutes les autres plateformes pour un prix d'environ 50 francs.