Divertissement
Jura

On a mangé chez le cuisinier de l'année 2026, Jérémy Desbraux

Das Ehepaar Anaëlle Roze und Jérémy Desbraux im «Maison Wenger».
Le couple Anaëlle Roze et Jérémy Desbraux à la Maison Wenger.Image: Aurelio

On a mangé chez le cuisinier suisse de l'année: voici ce qu'il vit «très mal»

Le chef français Jérémy Desbraux vient d'être sacré «Cuisinier de l’année» par le GaultMillau. Dans le petit village jurassien où il tient son restaurant, il nous en a mis plein les sens.
07.10.2025, 13:3807.10.2025, 13:38
Christian Berzins / ch media

Connaissez-vous le totché, la fameuse tarte jurassienne à la crème et à la pâte salée? Si vous n’avez pas de grand-mère dans la région, il y a peu de chance. A moins de glisser quelques centaines de francs dans votre portefeuille et de prendre la route pour Le Noirmont...

Ce village du Jura, posé sur la route principale entre Delémont et La Chaux-de-Fonds, près de Saignelégier, compte à peine 1950 habitants. Mais il abrite une demi-douzaine de restaurants – dont la Maison Wenger, dirigée par Jérémy Desbraux. Et c’est là, dans ce temple de la haute gastronomie, que le tout nouveau «Cuisinier de l’année» sert sa version du totché.

Toétché bei Jérémy Desbraux
Du totché en entrée.Image: bez

De l’amuse-bouche aux douceurs servies avec une goutte de Damassine, tout a un goût de reviens-y. La nomination de Jérémy Desbraux comme «Cuisinier de l’année 2026» par le GaultMillau est parfaitement logique – et tombe à point.

L’hiver dernier, le restaurant a été entièrement rénové: un décor chic, légèrement bling-bling, typique de ces maisons d’exception. Mais dans les assiettes, rien de superficiel – et surtout, rien d'ostentatoire.

Un chef qui se promène avec sa toque

A peine l’établissement en vue, on aperçoit le maître des lieux. Difficile de le reconnaître de loin, mais qui d’autre qu’un «Cuisinier de l’année» se promènerait en plein jour dans la rue, toque géante sur la tête, sans qu’on le prenne pour un fou? Il faut un tempérament comme celui de Jérémy Desbraux pour se le permettre.

Feine Vinzel-Bohnen in Vinaigrette, begleitet von einer zarten Tannensprossen-Mousseline aus den Höhenzügen des Doubs. Zu Gast bei Jérémy Desbraux.
Haricots de Vinzel en vinaigrette, accompagnés d’une mousse légère aux bourgeons de sapin du Doubs.Image: bez

Jérémy Desbraux parle vite, avec un accent chantant et sans détours. Un Français débordant d’assurance. Il entre dans sa cuisine le matin comme un torero dans l’arène – sauf qu’il ne tue pas, il crée. Du grand art. A ses côtés, son épouse Anaëlle Roze gère la salle avec une tranquillité déconcertante. Ensemble, ils forment un duo redoutable.

Avec deux étoiles Michelin, 18 points GaultMillau et désormais le titre de «Cuisinier de l'année», la consécration n'est pas loin. Et peut-être bientôt... une troisième étoile?

Le chef cuisinier en sourit.

«Oui, oui, la troisième… mais pas cette année. J’y pense, bien sûr, mais ce n’est pas un but. Je travaille pour mon équipe, pour les clients, pour que tout fonctionne. Le troisième étoile compliquerait les choses»
Jérémy Desbraux

Tout semble pourtant prêt pour ce pas de plus.

Le chef prend des risques calculés. Homard, foie gras, huîtres? Pas forcément. Lors de notre passage à la mi-septembre, les seuls mollusques qu'il sert sont des moules. Pourquoi ce choix apparemment modeste? «Parce que les clients aiment ça», répond-il simplement. Dans ce plat accompagné d’un jus de ratatouille, chaque saveur se distingue clairement. Aucun artifice.

Produits d'ici et de là-bas

Jérémy Desbraux traite artichauts ou haricots avec la même approche: précision, sincérité et une touche de poésie. Les haricots de Vinzel, finement émincés et relevés d’une vinaigrette, reposent sur une mousse de bourgeons de sapin cueillis sur les hauteurs du Doubs – un hommage à la région. Mais pour d’autres produits, il n’hésite pas à voyager: les cœurs d’artichaut confits «à la barigoule» viennent de Bretagne.

Le chef nous confie qu'il peut se passer de beaucoup de produits, mais pas des oeufs ni des produits laitiers. Et quand arrive l’œuf poché déguisé en mystérieux champignon, on lui en sait gré.

Est-il condamné à la perfection? Jérémy Desbraux avoue: «J’aime la perfection, je la cherche même. Quand j’ai découvert la gastronomie et que j’ai gravi les échelons, j’ai compris que j’aimais la rigueur, les règles». Et si quelque chose ne fonctionne pas?

«Je le vis mal, très mal»
Jérémy Desbraux
Die Forelle - vom Meister Desbraux «gezeichnet».
La truite à la verveine du maître Desbraux.Image: bez

Aujourd’hui, il sait qu’il faut apprendre à détecter les erreurs tôt, à les corriger sans paniquer. «Quand je vois une erreur, je reste calme. Je pense au service. On en parle ensuite avec l’équipe.» Mais un plat imparfait peut-il quitter la cuisine?

«Non! Aucun plat ne sort sans mon accord»
Jérémy Desbraux
«Ich liebe die Perfektion, ich suche sie sogar», sagt Jérémy Desbraux.
«J’aime la perfection. Je la cherche sans cesse», déclare Jérémy Desbraux.Image: Aurelio

Et en effet, aucun service ne déçoit. Jérémy Desbraux fait vibrer tous nos sens: chaque produit est sublimé, prolongé par un jeu de textures, de parfums et de couleurs. La truite s’imprègne de verveine et s’habille d’une subtile «peinture naturelle». Rien n’est forcé, aucune épice de trop. Cette retenue, cette précision, prouvent que le Français n’est plus en pleine ascension – il siège déjà sur son trône.

Le prix du succès

Quand le serveur emporte la dernière assiette, on hésite à la laisser partir. On contemple la trace du pain qu’on a passée sur le fond, les arômes qui persistent dans la bouche, et on voudrait tout revivre. Sur les neuf services (305 francs, vins et pain maison inclus), chaque plat surpasse le précédent jusqu’au dessert.

Alors, qu’attendre? Il faut vite y aller. Mais attention: depuis son titre de «Cuisinier de l’année» décerné par GaultMillau, le téléphone de la Maison Wenger ne cesse de sonner. Tout le monde veut une table. Jérémy Desbraux le sait et s’y prépare, avec un sourire: «Nous sommes prêts. Nous avons investi dans l’avenir».

Adapté de l'allemand par Tanja Maeder

20 plats américains qui méritent d'être connus

1 / 22
20 plats américains qui méritent d'être connus

La clam chowder est un plat populaire dans tout le pays, mais la meilleure se trouve en Nouvelle-Angleterre.

source: boston globe / boston globe
partager sur Facebookpartager sur X
Le monde merveilleux du cervelat
1 / 12
Le monde merveilleux du cervelat

Des cervelats à l'ail et à la sauge

source: fooby
partager sur Facebookpartager sur X
Ce romand et sa sculpture rayonnent dans le monde entier
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Voici toutes les victimes de Taylor Swift
Alors que le bulldozer mondial de la pop vient tout juste de livrer son dernier album, The Life of The Showgirl, les fans et les spécialistes s'écharpent déjà sur les forums au sujet des cibles de ses piques lyriques. Voici plusieurs victimes potentielles.
Que vous ayez passé le week-end à vous balancer au rythme de The Fate of Ophelia ou que la simple évocation du célèbre prénom commençant par «T» et finançant par «r» vous file urticaire et démangeaisons, vous n'avez pas pu passer à côté du lancement en fanfare du douzième album du mastodonte de la pop, Taylor Swift. (Oups! Désolée...)
L’article