Divertissement
Kamala Harris

Beyoncé n'a pas chanté pour Kamala Harris

Beyoncé n'a pas chanté pour Kamala Harris
Les fans de Beyoncé attendaient une prestation musicale de sa part. C'est raté.image: keystone

Beyoncé n'a pas chanté pour Kamala Harris (mais elle avait une excuse)

Sept heures d'attente, une file de quatre kilomètres, un million et demi de fans qui ont tenté de choper un ticket et un DJ usé jusqu'au tympan, pour réaliser que la star du R'n'B ne... chantera pas. Au meeting de Kamala Harris au Texas, vendredi soir, Queen B. a délivré un message fort, mais a manqué une opportunité de faire briller la campagne démocrate.
26.10.2024, 07:0226.10.2024, 20:15
Plus de «Divertissement»

Vendredi soir, Harris était à Harris.

Enfin...

Disons plutôt que Kamala Harris était dans le comté de Harris, au Texas. Plus précisément à Houston, au cœur du Shell Energy Stadium. La candidate démocrate n'a pas fait le voyage toute seule, puisque 22 000 groupies ont eu le privilège de se frayer un chemin dans ce rallye aux promesses de concert pop.

Selon le site accueillant les inscriptions, quasi deux millions de personnes ont tenté d'assister à cette importante étape de campagne de la vice-présidente. Dans l’après-midi, il a fallu poireauter plus de cinq heures, dans une file mesurant parfois jusqu'à quatre kilomètres, pour avoir ensuite le droit de poireauter à l’intérieur du stade.

L'effet Beyoncé? Il y a des chances. Depuis la rumeur (très) appuyée de sa présence à Houston (sa ville natale, ça ne s'invente pas), bon nombre de fans de Queen B. muni d’un ticket n'avaient pas l'air de prêter grande attention au bain de sang électoral qui est en train de se jouer dans leur pays.

Si bien que plusieurs milliers de malchanceux ont dû rebrousser chemin. C'est le jeu du premier arrivé, premier servi, mais aussi de la saveur furieusement VIP de cette sauterie politique. Quand on brandit une star planétaire, c'est très vite compliqué de maintenir l'audience éveillée avec Willie Nelson, 91 printemps, pourtant l’admirable patron de l'outlaw country.

Après deux heures sous les assauts d’une playlist toute démocrate (Billie Eilish, Olivia Rodrigo, Katy Perry, Bruce Springsteen…), le stade a enfin accouché de sa première célébrité en chair et en os. L’actrice Jessica Alba, en tailleur bleu présidentiel, a ouvert le bal en s’avouant impressionnée par la marée humaine. La chicana de Spy Kids et Sin City, dont le père est un militaire d’origine mexicaine, a évidemment tapé dans le foie de Donald Trump et de sa politique migratoire autoritaire.

Ce fut ensuite au tour d’une ribambelle de médecins texans de venir défendre le droit à l’avortement, sans conteste la grande vedette du rassemblement. Sans doute aussi parce que la loi Roe v. Wade, fusillée par les trumpistes, trouve ses racines au Texas.

Ironie du sort, une demi-douzaine de blouses blanches ont vécu l’inconfort de devoir héler… une «assistance médicale» au micro, pour soulager un spectateur qui a manifestement peu goûté aux cinq premières heures d’attente sur ses deux jambes. (Les malaises vagaux, comme les promesses, sont monnaie courante dans les meetings américains.)

«Il n’y a pas de place pour Donald Trump dans ma salle d’examen!»
Un obstétricien de Houston, après s'être assuré, de loin, que le supporter en difficulté n'était pas décédé.

Il faut avouer que la recette du rallye de vendredi était risquée. Faire monter la mayonnaise dans l’attente de Beyoncé, en alternant les témoignages poignants d’Américaines contraintes d’accoucher après un inceste et les gros décibels hip-hop pour secouer les popotins.

À 21h30, le pauvre DJ a même dû se résoudre à combler trente bonnes minutes de vide, armée d’un pot-pourri des soirées Ibiza des années 2000. On se serait cru à un concert de Nicky Minaj à Miami ou dans un rayon d’Ikea, tant il a fallu meubler.

22h15, Madame B. a parlé

Suffisant pour dégonfler la motivation des 22 000 Beyhives (les fans de pop stars ont toujours un petit surnom)? Négatif capitaine! Et c'est la force des rallyes organisés dans des stades: les gradins de football incitent au bain d'allégresse. Mais soudain, disons plutôt 7h15 après l'ouverture des portes, Beyoncé a enfin brisé l'interminable suspens à 22h15, accompagnée de sa copine des Destiny's Child, Kelly Rowland.

Beyoncé? Vraiment? Disons plutôt la citoyenne américaine Beyoncé Giselle Knowles-Carter. La chanteuse, la reine, la patronne du R'n'B, a laissé la robe à paillettes et les décibels au vestiaire, pour délivrer un message court, mais très bien charpenté.

«Je ne suis pas ici en tant que célébrité. Je ne suis pas ici en tant que politicienne. Je suis ici en tant que mère. Une mère qui se soucie du monde dans lequel vivent nos enfants»
Beyoncé

Au grand dam de milliers de fans, Beyoncé n'a pas poussé la chansonnette. Mais, comme pour atténuer la (grosse) déception, la star a enchaîné les métaphores pour affirmer qu'il «est temps pour l'Amérique de chanter une nouvelle chanson».

«Une chanson pour l'unité. Une chanson pour la dignité et l'opportunité. Etes-vous prêts à donner de la voix pour la nouvelle chanson américaine? Parce que, moi, je le suis»
Beyoncé

Une astuce rhétorique qui n'a pas eu pour effet de rassasier les fans de Queen B. Sur les réseaux sociaux, on est allé jusqu'à la traiter de «sociopathe», pour avoir évoqué le projet de «chanter une nouvelle chanson», sans daigner s'y coller. Et la fureur n'a pas attendu le speech de Kamala Harris pou inonder les réseaux sociaux.

Beyoncé a décidé de ne pas chanter pour ne pas risquer d'étouffer son message. La stratégie, en soi, n'aurait pas été mauvaise si elle l'avait démoulé un mois plutôt. Bien sûr, vendredi soir, la star a soutenu officiellement la campagne de Kamala Harris et, vu sa formidable popularité, c'est une excellente nouvelle pour la campagne démocrate.

Mais à dix petits jours d'une élection présidentielle qui se joue dans un cul-de-sac, quand on sait qu'une bonne partie des Américains ont déjà voté, la musique voyage mieux que les mots. Et la vice-présidente aurait eu grandement besoin d'un Freedom qui raisonne dans un stade texan et sur tous les téléphones portables des jeunes électeurs américains.

Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Vous pourrez voir cette immense star à Frauenfeld
L'Openair de Frauenfeld, qui se déroulera du 10 au 12 juillet 2025, ne compte pas uniquement sur un programme hip-hop solide. Le festival a décidé de miser cette année sur une offre plus diversifiée.

La programmation du Frauenfeld est arrivée, et il y a pas mal de surprises. Le plus grand festival hip-hop en open air de Suisse a décidé de viser grand, en développant plusieurs axes à travers un concept revisité.

L’article