Dans la vraie vie, on ne fait pas des bisous esquimaux en slow motion à son bébé d’un mois (pardon, quatre semaines). Si vous êtes tenté de coller votre nez au sien, déjà, sachez qu’il va loucher et, en ce qui me concerne, il finit toujours par faire une grimace qui semble dire «ne recommence plus jamais.»
Au début, l’objectif est surtout d’éviter qu’il hurle pendant des heures au risque de péter les plombs et de faire une Mickael Jackson en le jetant par la fenêtre. Chez moi, aucun risque, je n’ai que des baies vitrées, mais pour le moment, à deux mois de vie (pardon, 8 semaines) je compte les jours qui me séparent du fameux cap des trois mois comme un taulard avant sa libération conditionnelle.
Pour citer une amie qui vient d’accoucher et qui désire rester anonyme (coucou Aïnoha):
Pour accoucher de cet article, il m’a fallu 10 jours. J’ai été interrompue moult fois par ce nouveau petit être extrêmement chou mais aussi extrêmement égocentrique. Certains paragraphes sont carrément écrits avec une main, l’autre étant occupée à bercer bébé. Les mamans pouponneuses sur Instagram appellent ça «slow life», moi, j’appelle ça «perte de temps» #rendezmoimesbras.
Oui, il y a des mamans qui aiment pouponner. Elles aiment allaiter, changer la couche de bébé en s’émerveillant de la taille de sa crotte comme s’il s’agissait d’un magnifique papillon. Elles n’hésitent pas à humer son odeur (soi-disant le p’tit pain chaud) et faire gouzi-gouzi pour le féliciter d’avoir chié une telle bouse. Et surtout, elles aiment le porter.
Et puis, il y a des mamans que ça emmerde profondément. Mais chut! On n’a pas le droit de le dire, sinon, on risque de se prendre dans la tronche comme un jet de caca de nourrisson des remarques du genre: «Tu t’attendais à quoi?», ou:
Perso, je ne sais pas encore pourquoi j’en ai fait un, mais ce n’est certainement pas pour lui nettoyer le cul-cul. Je me demande d’ailleurs si des gens comme Kim Kardashian ont torché les fesses de leurs bébés… peut-être une fois… pour le fun, pour voir ce que ça fait d’être une simple mortelle.
Au tout début, quand bébé est trop petit pour le porte-bébé, pour éviter qu’il chiale, il faut le prendre dans ses bras et qui dit porter dit «ne rien faire d’autre» et ça, c’est encore plus déprimant qu’une après-midi à regarder des films de Noël sur TF1 au mois d’octobre. Parce que si on cumule le temps qu’on passe à le nourrir, le changer et l’endormir, il reste à peine le temps d’aller aux toilettes (et parfois, il faut même y aller avec lui.)
Toute activité extra-bébé devient un luxe, genre couper les mèches des bougies tous les soirs comme David Beckham, c’est pas possible avec un bébé. Si on n’a pas une paire de bras en rab, on est condamné à vivre avec des bougies sales et à bouffer du Uber Eats, ce que certains appellent «le lâcher-prise». Ce sont les mêmes qui disent:
L’autre jour, j’ai débarrassé le lave-vaisselle, ça m’a pris 20 minutes avec quatre pauses «bébé pleure-activons-le-mode-baby-transat». Alors forcément, quand la famille ou les amis viennent me rendre visite et s’empressent de prendre mon enfant dans les bras, parce que ça leur fait plaisir, une petite partie de moi culpabilise, l’autre partie pense aux assiettes qui sont toujours dans le lave-vaisselle et que je vais pouvoir enfin ranger. Et là, des questions existentielles surgissent: pourquoi ça me soûle de porter mon bébé? Est-ce que je suis faite pour ça? Est-ce que ça fait de moi une mauvaise mère? C’est un peu comme la zone 51 aux Etats-Unis… tant de questions, si peu de réponses.
D’après une statistique menée par moi-même sur un échantillon représentatif de trois mamans (ok, une), ce sentiment est assez commun. Elle m’a avoué: «C’est une personne que j’ai dû apprendre à connaître, le lien ne s’est pas fait tout de suite.» Et ce n’est pas grave. On n’a pas besoin d’être amoureuse de son enfant dès la première seconde, surtout qu’au tout début, quand il ne dort pas… il pleure.
C’est un peu comme les Gremlins. Quand bébé est calme, c’est Gizmo, trop chou, on adore. Mais si tu mouilles Gizmo et que tu le nourris après minuit, il se transforme en Gremlin qu’on a envie de jeter dans le mixeur (calmez-vous, c’est dans le film).
Il faut dire qu’un bébé, au tout début, ça se vend très mal: quand il nous picore l’épaule à la recherche de notre sein, quand il ne nous regarde pas mais qu’il regarde à travers nous, quand on croit qu’il nous sourit et qu’en fait, il avait juste un pet coincé, pet qui s’avère finalement être un caca explosif. Bref, c’est pas la fête à la saucisse et il faudra encore patienter encore un peu pour voir la marmotte. Pour le moment, c’est un jour sans fin, mais comme disent les gens, apparemment, «ça passe». Je vous laisse, Gizmo se réveille. Bisous🌈.