Essayez de vous projeter: vous êtes mannequin, et vous enchainez les castings pour participer à la Fashion week. Après des milliers d'heures d'attentes, de remarques lapidaires sur votre physique, le temps de montrer votre déhanché à la Campbell à un parterre d'experts de la mode blasés, vous décrochez le Graal: Milan. La classe. Sauf que dans votre contrat, il est stipulé que vous devrez non seulement marcher sur le runway...mais également accepter d'être la cible de tout un tas de choses louches et plus ou moins propres.
Avec son concept, la marque basée à Florence va à coup sûr laisser des traces dans les annales déjà bien colorées de la mode. De même, ses mannequins ont effectué ce week-end l'un des jobs les plus WTF de leur vie, eux qui ont dû essuyer des jets de déchets en tous genres: peau de fruit, bouillasses chelou, bouteilles vides, restes de nourriture, cannettes, papiers froissés.... Une vraie salade estivale!
Les braves travailleuses de la mode sont restées fidèles à ce qui leur avait été briefé; malgré les projectiles intempestifs, elles ont su garder un visage aussi figé qu'une figure de cire de chez Madame Tussauds. Pour elles, le runway s'est pourtant transformé en une épreuve digne d'un Pékin Express miniature. Entre les détritus qui jonchaient le sol, leurs talons, les jets de trucs et de bidules qui éclaboussaient et tachaient leurs jolies tenues, ou encore les gobelets que certaines ont reçus en pleine poire, on peut dire qu'elles ont su garder un sang-froid digne d'un membre de la garde royale anglaise.
Ce défilé aussi excentrique que décalé est l'oeuvre de l'esprit infatigable de Beate Karlsson, directrice artistique d’AVAVAV. A chaque défilé, celle-ci s'assure que ses créations bousculent les règles de l'industrie fashion.
Mais d'où vient ce concept complètement dingo? Cette année, Beate Karlsson s'est laissée inspirer par les haters et les commentaires haineux que la marque reçoit de façon régulière sur les réseaux. «Cette marque est une blague», ou encore «je te déteste» sont des mots auxquels la DA a dû s'accoutumer.
Cette attention n'a pas été facile à gérer pour la maison encore jeune. Celle-ci a donc décidé de répondre aux trolls à sa façon, en matérialisant les commentaires dans la réalité, et de façon très physique. «En faisant cela, nous pourrons montrer que cela n'arriverait jamais dans la vraie vie», développe Beate Karlsson dans une interview accordée au média Hypebea.
C'est donc le public qui a concrétisé ce trash-talk à la sauce cirque Maxime. Dès leur entrée, les invités ont reçu des gants en plastique. Mais pas n'importe quels gants: des gants de marque. Ben oui, ça reste un défilé de mode: si vous faites dans le trash, make it fashion, bitch! Les spectateurs ont également reçu des seaux remplis de déchets, qu'ils devaient balancer gaiement sur les mannequins à leur passage. How fun!
Ce fut donc une eschatologie de peaux de bananes et de vieux café froid que les mannequins se sont mangés, tandis que des écrans numériques faisaient défiler des commentaires insultants. On ne sait pas si des conseils ont été prodigués par les organisateurs, notamment d'éviter de viser en plein museau. Si c'est le cas, des petits malins s'en sont tout de même donné à coeur joie, les petits sadiques!
Sur la Toile, la prestation a divisé. Certains se sont bien marrés, tandis que d'autres ont été dégoûtés: