C’est sûr que, celui-là, on ne s’y attendait pas. 56 jours après avoir lâché Swag, son septième album (et le premier depuis quatre ans), Justin Bieber est déjà de retour. Swag II, dont la promo, comme le précédent, s’est cantonnée à d’immenses panneaux rose bonbon disséminés à travers le monde, de Londres à Séoul, en passant par Paris et même le Mont Rushmore.
Comme la dernière fois, il n’aura donc laissé à ses fans que quelques heures de spéculations frénétiques. A quoi s'attendre pour Swag II? Dans la lignée de la première partie? Un opus plus pop? Plus r'n'b, plus rap, plus méchant, peut-être? Ou au contraire, comme le rose de sa pochette le laisse supposer, quelque chose de plus rond, roudoudou, soft et ronronnant?
SPEED DAMON, le premier morceau, donne d’emblée la réponse. Swag II a la douceur cotonneuse d’une barbe-papa. Lent et long (22 titres), n’espérez pas le punch des albums Purpose (2015) ou Justice (2021), ni le côté étrange et expérimental de Swag (2025).
Swag II n’est pas un réservoir à tubes. C'est une alignée de chansons d'amour sentimentales, intimistes, réconfortantes et doucement optimistes. L'album s’écoute dans sa totalité et le plus grand calme, comme on laisse fondre un bonbon sur la langue.
Trop suave, trop doux, trop léger, sans les interludes qui faisaient toute la singularité de la première partie, Swag II est dépourvu de la lourdeur et de la profondeur qui faisaient le génie de son prédécesseur - un album dans lequel Justin Bieber avait tout jeté. Ses névroses, ses revers professionnels, ses problèmes de santé, les annulations de dates, la séparation avec son manager historique Scooter Brown et ses coups de sang répétés contre les paparazzis.
Ces quatre années se sont apparentées à un long chemin de croix pour le Canadien de 31 ans. Son septième album était le moyen d'exhumer ses démons et de les exposer sur la place publique.
Swag II, au contraire, est le produit d’un chanteur apaisé, heureux en ménage et dans sa paternité, qui semble réconcilié avec la vie.
Cet opus un peu mielleux aura tout de même le mérite de se conclure sur une spécialité: le morceau le plus long de l'album de Justin Bieber à ce jour, Story of God, une version parlée de près de huit minutes de l'histoire d'Adam et Eve - avec l'artiste dans le rôle d'Adam.
Certaines choses ont la faculté de nous «décevoir en bien». Cet album inattendu en fait partie. S'il n'est ni révolutionnaire ni indispensable, il a le mérite d'exister.
Et puis, peut-on vraiment être déçu d'une sortie qu’on n’attendait pas? Aux auditeurs de trancher, une fois l’euphorie et la joie de cette bonne surprise passées.
D'autant que, compte tenu la productivité soudaine du chanteur... qui sait si un troisième opus ne poindra pas très vite le bout de son nez.