Une tournée qui «booste l’économie américaine», un nouveau boyfriend, une sauce ketchup en son honneur et une présence à un match de la NFL qui devient virale. Taylor Swift est partout, que ça vous plaise ou non. Mais comment expliquer ce phénomène à la fois mondial et mystérieux?
Suivez le guide.
Née le 13 décembre 1989 à West Reading, en Pennsylvanie, Taylor Swift a grandi entourée de tout l’amour dont un enfant a besoin pour être épanoui. Ni drame ni scandale ne viendront entacher les jours heureux que coule cette petite famille de quatre personnes, dans cette pépinière où poussent des arbres de Noël, la bien nommée Pine Ridge Farm. Une ferme «où tous les rêves se réalisent» et où Taylor Swift se sent en sécurité, racontera-t-elle, en chanson et bien des années plus tard.
Cette maison, c’est son père, Scott Swift, qui l’a rachetée à l’un de ses clients. Car avant de suivre leur fille au bout du monde, tous deux occupaient des postes importants. Lui était courtier en bourse, avant d'être nommé vice-président de la banque Merrill Lynch. Sa mère, Andrea, a été responsable marketing dans une agence de publicité, avant d'investir son rôle de femme au foyer. Taylor a un frère, Austin, acteur.
Ce qui anime la fillette? La country. Bébé Taylor veut pousser la chansonnette et commence ainsi des cours dès l’âge de 9 ans. Objectif? Devenir la prochaine Shania Twain, dont elle s’inspire beaucoup. A 12 ans, elle apprend la guitare avec l’aide de Ronnie Cremer, une connaissance de la famille dont le job consiste, encore aujourd’hui, à retaper des ordinateurs. Elle enregistre Lucky You, dans son studio, en 2002. Ce sera sa toute première démo.
Une année plus tard, la famille plaque tout, direction le Tennessee, pour que leur fille, alors âgée de 14 ans, puisse percer dans la musique. Et c’est à Nashville, sa «maison», qu’elle déploiera doucement, mais sûrement, ses refrains. Là-bas, elle deviendra la plus jeune artiste signée par la maison d'édition Sony/ATV.
Alors qu’elle n’a que 15 ans, Taylor va attirer l’attention du producteur Scott Borchetta qui, sans le savoir encore, deviendra l’un des protagonistes de son succès. C’est lui qui fondera le label Big Machine Records… Et c’est aussi lui qui finira par vendre les six premiers albums de la chanteuse à Scooter Braun, sans son accord. Un coup de canif qui poussera Taylor Swift à ré-enregistrer ses six premiers albums. Mais ça, c'est une autre histoire.
Avant la chute libre, le bonheur absolu. Taylor Swift enchaine les succès, notamment avec son deuxième album, Fearless, sorti le 11 novembre 2008 et démarrant à la première place du Billboard 200. Il devient, en outre, l’album le plus vendu de l'année aux Etats-Unis et nous offrira les morceaux, aujourd’hui iconiques, Love Story et You Belong With Me. Des tubes qui parlent instantanément à la jeunesse américaine.
De son premier single Tim McGraw à Red, en passant par l’album révélation pop 1989 (2014), la douce country-girl de Pennsylvanie devient grande. A 25 ans, Taylor Swift s’impose, s’assume et devient l’une des plus grandes stars de son époque. Bref, la machine est lancée et tout ce qu'elle touche se transforme, désormais, en or.
Côtoyer la chanteuse, c'est comme gagner le gros lot, preuve en est l'impact de sa récente idylle présumée avec le joueur de la NFL, Travis Kelce, dont «la vie privée n'est plus si privée que ça» dira-t-il. Le mélange «de deux des plus grandes forces de la culture populaire américaine», selon The Hollywood Reporter, a porté ses fruits, puisque l'audience féminine de l'émission sportive Sunday Night Football, a explosé, passant de 24 et 51%.
Si rien n'est jamais scientifique dans le Billboard, Taylor a bien une formule magique. En chanson, elle dévoile tout. Ses amis, ses amours et ses emmerdes. Ces ex sont devenus la matière première de ses albums. Joe Jonas, Harry Styles ou encore Jake Gyllenhaal, tous ont fait l'objet d'une vendetta en mélodies. On se souvient notamment d'une séquence télévision mémorable au Ellen DeGeneres Show, en novembre 2008, où la chanteuse s'est laissée emporter à propos de Joe Jonas. Interrogée sur leur relation, miss Swift n'a pas hésité à lancer quelques piques.
Des piques qui deviendront bientôt l'une de ses grandes spécialités: «J'arrêterai d'écrire sur eux quand ils arrêteront de mal se comporter», se justifiait-elle. Travis Kelce est prévenu.
Pour se remettre de ses relations désastreuses, Taylor Swift a pu compter sur une imposante panoplie d'amis célèbres. Parmi sa clique, on compte entre autres Selena Gomez, Blake Lively, Sophie Turner ou encore les mannequins Gigi Hadid et Karlie Kloss (même si on ne sait pas trop si elles sont encore copines).
Des têtes qu'elle n'hésitera pas à mettre en avant dans son clip Bad Bood, comme pour montrer au monde qu'elle est intouchable et so bankable.
Mais Taylor est aussi accroc à ses chats, Meredith Grey, Olivia Benson et Benjamin Button. Des personnages fictifs qu'elle admire. Et, croyez-le ou non, eux aussi ont eu droit à leur portrait dans le magazine américain People. On y apprend par exemple que Meredith Grey est la première chatte de Taylor, qu'elle est «vraiment super et adorable» et la fan numéro un de l'artiste, car elle miaule dès lors que l'un de ses morceaux passe à la radio. So cute.
Mais son obsession pour le contrôle, sa gueule d’ange et son image d’enfant parfaite de l'Amérique lui feront pas mal de tort.
Si on ne peut pas plaire à tout le monde, Taylor Swift l’a appris «the hard way», comme on dit là-bas. Tout commence en 2009 alors qu'elle vient de gagner l’Award du meilleur clip vidéo pour son titre You Belong with Me. Kanye West, ivre, se hisse sur la scène des MTV Video Music Awards et l’interrompt.
Fin du rêve pour Taylor Swift, le carrosse se transforme en citrouille. La chanteuse restera plantée là, le bec cloué. Kanye, lui, sera sommé de quitter les lieux.
La malédiction d’Hollywood s’abat alors sur la chanteuse. Harcèlement, stalking et tutti quanti, Taylor Swift devient la nouvelle cible préférée de la presse à scandales. On lui reproche ses relations qui (certes) se suivent, ses changements abrupts de style musicaux, ses kilos en trop, ses kilos en moins… Bref, rien ne va pour celle qui voulait croire aux contes de fées.
Et puis, Kanye West reviendra à la charge en février 2016, avec son nouveau morceau Famous. Il y parlera de Taylor comme d'une «salope» et, avec l'égo qu'on lui connait, le rappeur mettra les choses au clair: c’est grâce à lui que Taylor Swift est aujourd’hui célèbre.
Kim Kardashian, qui le défendra contre vents et marées, sera l’instigatrice d’une véritable campagne de dénigrement à l’encontre de la chanteuse. Coups de sang sur les réseaux sociaux, interviews à charges et confidences face caméra dans Keepin Up with the Kardashian et surtout archives vidéos un peu embarrassantes.
Seulement voilà, la jeune femme alors âgée de 27 ans l'assure, elle n'a jamais donné son accord pour ce grand déballage, contrairement à ce que prétend le duo Kimye (la contraction de Kim et Kanye). S’en suit alors une véritable guerre où tant les médias que les internautes lui tourneront violemment le dos. «Vipère» deviendra son nouveau surnom et on célèbrera sa descente aux enfers par le hashtag #TaylorSwiftisOverparty.
Le boycott est total. Plus personne ne veut rien savoir de la blonde qui «agace, avec sa petite vie parfaite et sa bande de copines parfaites», diront les journalistes américains.
Ceci, associé à sa rupture (très) exposée avec le DJ Calvin Harris en juin 2016 et à sa liaison presque immédiate avec l'acteur Tom Hiddleston, la chanteuse atteint un niveau de surexposition qu'elle ne peut plus contrôler. Rideau.
Pour digérer cette folie toxique, Taylor Swift décide de disparaître complètement des radars. Plus de tapis rouge, exit les apparitions publiques, fuck you paparazzis. Pendant une année, au moins, l'artiste ne donnera plus signe de vie.
On apprendra en 2017 que Taylor Swift vivait en réalité une idylle avec l’acteur Joe Alwyn depuis plusieurs mois. On raconte même que la chanteuse se serait installée à Londres, d’où est originaire son nouveau petit ami.
Mais Taylor Swift a bien compris que son image en a pris un coup. La douce et gentille Taylor a disparu. Aux yeux du monde, la chanteuse n'est rien d'autre qu'une garce, alors pourquoi ne pas jouer ce rôle? A son retour sur la scène médiatique, Taylor, plus forte que jamais, prendra même un malin plaisir à se jouer de ses détracteurs. Elle embrassera d’ailleurs, à pleine bouche, la réputation de vipère qu’on lui colle à la peau. Et, oh surprise, elle racontera tout en chanson. Commence alors la Reputation Era.
Un album vengeur et piquant puis une tournée provocatrice où Taylor Swift règle ses comptes: son clash avec Kanye West, Kim Kardashian et bien sûr… son ex, Calvin Harris qu'elle qualifiera de «narcissique» dans cet album. Elle aura d'ailleurs une pensée pour la star du clan Kardashian en affichant un serpent géant sur la scène du Reputation Tour. Une tournée qui fera d'ailleurs l'objet d'un documentaire Netflix.
Plus question de sauver les fesses de qui que ce soit, Taylor est déterminée à prendre sa revanche. Elle le fera savoir au monde entier lorsqu'elle poursuivra le DJ David Mueller en justice pour avoir eu les mains un peu trop baladeuses lors d’une rencontre pendant sa tournée RED en 2013. La victoire de la chanteuse au tribunal fera la une des journaux du monde entier, tout comme son discours après s'être vue décernée le prix de «Femme de la Décennie» en 2019, décerné par Billboard.
Si la chanteuse s'est laissée aller à quelques confidences, elle a surtout mis les points sur les «i» et les barres sur les «t», comme on dit chez nous.
Si la «femme de la décennie» a dénoncé la relation qu'entretient l'industrie de la musique avec ses artistes féminines, Taylor Swift l'a aussi chantée. Son morceau intitulé The Man est devenu l'un des plus populaires de sa carrière.
En chanson, elle règlera aussi ses comptes avec Scooter Braun, l'autre grand méchant de son histoire. Avec le morceau Karma, sorti en 2022, Taylor Swift vide son sac et s'en prend directement au manager de Justin Bieber.
S’il est une chose que Taylor Swift a voulu sauver avec son album Reputation, c’est son image. Mais elle n'en oublie pas pour autant ses racines et ce qui l'a fait connaître. Dans cet opus, ne nous chante-t-elle pas l'importance de «trouver l’amour dans le chaos et de ce que l'on ressent lorsque les gens disent des choses sur nous qui ne sont pas vraies»?
Pour l’album Lover, sorti en 2019 sur son nouveau label, la chanteuse a retenu la leçon: une close figurera dans le contrat selon laquelle ses morceaux lui appartiendront, désormais. Lover n'est ni plus ni moins que le sixième album consécutif à se vendre à plus de 500 000 exemplaires au cours de la première semaine, aux États-Unis. Un record, puisque la chanteuse devient la première artiste féminine à atteindre cet objectif. Et si ça ne prouve pas le pouvoir de cette femme, on ignore ce qui le fera.