Cette petite effrontée revient pour «ba*ser tout le monde»
Ça n’a rien d’une règle scientifique, mais il faut souvent prêter attention aux jeunes pousses qui empoignent le micro pour aller moins mal. Lola Young, 24 ans, sa bouille pâte à modeler, sa voix trempée dans le bourbon local, ses mélodies claudiquantes, sa coiffure digne des IA de première génération et ses fringues qu’on jurerait piochées au hasard dans un bac à linge sale, nous avait tapé dans l’œil en 2023, au détour d’une vidéo postée sur Instagram.
Conceited, hymne de pub anglais décati, nous avait fait comparer cette gamine du sud de Londres au monstre magnifique qui manquait entre Lily Allen et Amy Winehouse. Un coup de foudre.
A l’époque, la gamine n’avait pourtant pas encore été emportée par la houle de son tube Messy, sorti le 30 mai 2024, puis propulsée au sommet des excitations adolescentes de TikTok. S’en suivront des passages télé aux heures de grande écoute, des salles de concert qui enflent et une mainmise dans le haut des charts d’une grosse poignée de pays. Pas mal pour ce puissant et fragile conglomérat de talents qui avait annoncé très vite souffrir d’un trouble schizo-affectif handicapant et de multiples kystes aux cordes vocales.
Son décollage grandiose devait logiquement déboucher sur un nouvel album. Et c’est en janvier dernier que Lola Young a démêlé son esprit pour pondre les prémices de I'm Only Fucking Myself, sorti ce vendredi.
Comme toute bonne rockeuse d’un autre temps, cette amoureuse des boulevards sauvages de Los Angeles a composé douze morceaux (+ deux interludes) entre une nouvelle cure de désintox et un premier record: en début d’année, Messy était devenu la chanson britannique la plus écoutée au monde. De quoi remercier la planète, poliment? Pas vraiment le genre de la maison.
A la manière d’un Kurt Cobain après le tsunami généré par Nevermind, Lola Young revient aujourd’hui avec un hymne indie-pop cradingue baptisé FUCK EVERYONE, en guise de mise en bouche. Toujours admirablement accessible, ce nouvel album refuse pour autant de poncer les échardes qui dépassent.
Si le brouillard n’a pas quitté son esprit sinueux, la diplômée de la prestigieuse BRIT School fait désormais tout son possible pour se catapulter au plus près des nuages.
Libérée de la coke, bizarre par manque de choix et moins soul que dans ses premiers pas, Lola Young est en revanche toujours aussi génialement effrontée, bavarde et sans filtre. Si le personnage de la petite frappe de la pop n’est pas né avec elle, la diva sans retouche et doucement brutale fait un bien fou à cette époque calibrée pour entrer dans les algorithmes d’Instagram et les bandes-son des séries fast-food.
Le manager d’Amy Winehouse a eu fin nez, il y a trois ans, en lui promettant que tout était réuni pour que ça ne se passe pas... trop mal.