Oui, à la fin, ils finissent ensemble. Je vous spoile, mais c'est pour votre bien. Comme ça, vous n'avez plus besoin de regarder Toi chez moi et vice versa, ce film absolument épouvantable.
Pourquoi j'ai cédé face à la pression de Netflix? Parce que depuis sa sortie le 10 février, la plateforme essaie de me le faire regarder. Selon la plateforme, il fait partie du top 10 en Suisse. C'est un peu comme quand un restaurant te donne la suggestion du jour, tu sais que c'est une façon d'épuiser les stocks.
Vendredi dernier, début du week-end, pas de plans, pas d'amis, j'ai été faible: j'ai donné une chance à cette romance hétérosexuelle entre Reese Whiterspoon et Ashton Kutcher. Sur un malentendu, ça aurait pu me relaxer.
Un moment de fragilité qui m'a fait perdre 1h49 de mon existence de mortelle. En vrai, 30 minutes, j'ai pas tenu, mais c'est amplement suffisant pour vous soumettre ma critique. Spoiler alert numéro 2: c'est pas que c'est nul, c'est que c'est archi-nul. Et pourtant, des films nuls, j'en vois à la pelle. Pour vous donner une petite idée, j'ai trouvé que le film de Noël de Netflix avec Lindsay Lohan était mieux.
Debbie (Reese Whiterspoon) et Peter (Ashton Kutcher) sont meilleurs amis depuis leur adolescence. Elle, est le cliché de la Californienne bobo qui vit à Los Angeles, lui, est le cliché du mec friqué, mais malheureux qui vit à New York. Un jour, ils décident d'échanger leur maison durant une semaine et découvrent ainsi la vie l'un de l'autre.
J'aurais vraiment voulu aimer ce film. J'aime Reese Whiterspoon, c'est l'actrice idéale pour jouer la «girl next door», mais il n'y a aucune alchimie entre elle et Ashton Kutcher, il n'y a pas d'humour, le scénario et les dialogues sont si faiblards que même ChatGPT aurait fait mieux. Après 30 minutes de film, on se demande quand est-ce qu'on va entrer dans le vif du sujet. Est-ce qu'il va y avoir un rebondissement à un moment ou à un autre? Ou est-ce que l'encéphalogramme va rester plat jusqu'à la fin? Même les décors sont claqués. Le jardin de Debbie a l'air d'être fait de fleurs en plastique.
Sur Twitter, le film se fait démolir même si certains internautes tentent de prendre du recul: «C'est une comédie romantique pas de la rocket science.» Ça, on avait bien compris, mais est-ce une comédie? Pas vraiment. Est-ce un drame? Pas vraiment. Est-ce un film d'amour ? Peut-être pendant quelques minutes.
On dirait vraiment que tous les éléments pour faire une mauvaise «com rom» ont été réunis:
Ce dernier point explique d'ailleurs pourquoi les photos promotionnelles du film sont si étranges. En effet, depuis deux semaines, les clichés d'Asthon Kutcher et de Reese Whiterspoon font beaucoup parler. Ils posent devant le photocall et ils ont l'air très gênés. On comprend pourquoi maintenant. Les deux acteurs n'ont tourné que deux scènes ensemble, la première et la dernière. Tout au long du film, ils se parlent au téléphone ou via FaceTime.
Comme l'explique un critique américain sur son blog, Chez toi et vice versa ou Toi chez moi et vice versa (peu importe le titre exact) fait partie ce qu'on appelle des «films algorithmiques». Ils ne sont pas là pour leur contenu de qualité mais pour augmenter le nombre de visionnages et le nombre d'abonnements. Netflix n'est pas le seul service de streaming à utiliser cette stratégie, mais il gagne la palme. D'ailleurs, c'est à cause de l'algorithme que j'ai cliqué sur cette «comédie romantique» vendredi dernier.
Tous les films algorithmiques ne sont pas des flops. Love Hard, comédie romantique de Noël sortie en 2021 sur Netflix, s'est avérée être un film drôle et les retours étaient positifs. J'avoue, j'ai de la peine à trouver un exemple récent, mais il y en a sûrement.
Ce n'est en tout cas pas avec ce genre de films que Netflix va gagner des abonnés. C'est peut-être justement à cause de ces productions que ceux qui squattent le compte d'un ami ou de la famille décideront de quitter définitivement la plateforme et le verront comme une bénédiction.