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Netflix: Le «Monstre» Ed Gein va vous horrifier

Charlie Hunnam est Ed Gein.
Charlie Hunnam, monstre à la voix douce, flirte avec le glauque dans Monstre: l'histoire d'Ed Gein.Image: Netflix

Netflix dissèque le mal incarné

Celui qui est devenu l'archétype du méchant monstrueux des films d'horreur vient hanter Netflix. Ed Gein est portraituré par Ryan Murphy dans son anthologie devenue phénomène.
03.10.2025, 18:5504.10.2025, 15:22

Après le succès planétaire de Jeffrey Dahmer et les frères Menendez, Ryan Murphy et Ian Brennan s'attaquent à un autre morceau de l'histoire criminelle américaine: Ed Gein.

Nouveau venu dans l'anthologie des deux créateurs, le meurtrier qui a inspiré certains des plus grands tueurs en série du XXe siècle, comme Ted Bundy, le film Massacre à la tronçonneuse (1974), ou encore Buffalo Bill dans Le Silence des agneaux (1991) a fait régner l'horreur dans son Wisconsin natal et rural, là même où le meurtrier a nourri son héritage de tueur sans émotion.

Ed Gein fascine. En 2001, on rapportait que 182 sites web lui étaient consacrés.

Maintenant, place à Monstre: l'histoire d'Ed Gein.

Dans la peinture des années 40 peinte par Murphy, on découvre un homme qui porte les habits de sa mère et pratique l'étranglement pour jouir. Une mère, Augusta (Laurie Metcalf), qui ne jure que par la Bible, qui lui intime de «ne jamais fréquenter une Jézabel», qu'«il ne doit jamais toucher» et «épouser une femme», qu'il ne doit «jamais verser sa semence». Et de conclure:

«Les femmes, c'est le péché!»

Eddie jure fidélité à sa matriarche. «Seule une mère peut t'aimer», lui assène-t-elle. Ça blesse. A force, cette voix dure et grave lui empoisonne l'existence. On comprend alors la voix étouffée d'Ed Gein, douce et posée employée par un Charlie Hunnam qui évolue loin de son registre habituel. Un monstre naissant sous l'apparente douceur, un contraste dérangeant, qui laisse éclater ses vices en feuilletant «La chienne de Buchenwald», jouée par l'excellente Vicky Krieps.

Ce nouveau chapitre des «Monstres» de Ryan Murphy quitte le fric et les belles bagnoles des frères Menendez, pour étreindre le froid et la rudesse du Wisconsin.

Schizophrène avec une mère morte sur le dos

C'est là que se trouve Gein, schizophrène notoire qui a vu sa maladie grandir après avoir découvert des photos d'atrocités perpétrées par les nazis. Si la puissance photographique n'avait pas touché son cerveau, il serait resté simple benêt, comme l'affirme Robert Bloch, l'écrivain derrière le film et le livre Psychose qui analyse le comportement du «Boucher de Plainfield». L'épisode 2 le décrit avec justesse.

Cette série est une archéologie de l'intime, une balade dans la psyché d'Ed Gein qui dessine un monde parallèle, le sien, celui d'un tueur aux voix envahissantes.

Pour le raconter, la série se brouillera entre récit fictionnel et historique. Ryan Murphy joue de malice et s'applique à ancrer la création du classique Psychose, d'Alfred Hitchcock, en passant par d'autres oeuvres qui ont le tampon Ed Gein. On y découvre Anthony Perkins (Joey Pollari), l'acteur qui endossera le mythique rôle de Norman Bates, glisser dans l'effroi après sa découverte du personnage du meurtrier du Wisconsin - qui lui-même se perçoit comme un monstre à force de taire son homosexualité.

Le plateau de Psychose dans la série Monstre: l'histoire d'Ed Gein.
Image: Netflix

Croiser l'existence de Perkins à celle de Gein, cela débouche sur un petit bonbon d'épisode (Secrets toxiques), peut-être le plus convaincant. Mise en scène et écriture, cet épisode reste de bonne facture.

Miroir des critiques des précédentes saisons

On jurerait que Ryan Murphy et Ian Brennan font résonner les critiques émises lors des deux précédentes saisons où les plus fervents détracteurs déploraient une «glamourification des criminels». Cette fois-ci, c'est une entrée pour comprendre cet esprit malade et étaler la fascination de l'industrie du divertissement pour ces fous à lier. Une mise en abîme maligne qui fait danser les paroles outrées.

L'exploration de la face sombre d'Eddie Gein fera sûrement bondir. Des actes et des meurtres, des déviances qui mettent mal à l'aise; l'humanité présentée sous sa forme la plus macabre pour mieux gober la nature du bonhomme à la sinistre réputation.

C'est une immersion dans le quotidien d'un psychopathe qui transforme de la chair et des os en meubles et objets ménagers, comme un abat-jour, des ustensiles de cuisine et une chaise en peau.

Charlie Hunnam dans la série "Monstre: l'histoire d'Ed Gein".
Image: Netflix

Les traits inquiétants, cet oeil droit tombant, Ed Gein est le mal incarné. Et au fond, cette série, qui va assurément faire exploser l'audimat, est sûrement le meilleur des trois «Monstres» adaptés sur petit écran par Ryan Murphy et Ian Brennan.

Le récit est plus intéressant lorsqu'il s'échappe dans le futur et renvoie à l'impact d'un personnage, tel qu'Ed Gein qui a imprégné l'histoire criminelle des Etats-Unis. La série s'emploie à rappeler que l'âme de ce type du Wisconsin a inspiré la laideur, la violence, la dépravation, le mensonge et la cruauté. Un plateau de l'horreur que la fiction a dépouillé (et fait fructifier) pour en faire un être isolé et malade. La réflexion sur le voyeurisme prend alors tout son sens.

«Monstre: l'histoire d'Ed Gein» est disponible en intégralité depuis le 3 octobre sur Netflix.

Bande-annonce

Vidéo: watson
Les coulisses de la série Monsters sur Netflix
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Les coulisses de la série Monsters sur Netflix
Les coulisses de la série Monsters sur Netflix
source: monsters_mc_202_20240205_dsc_3750.nef
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