Après l'adaptation en chaire et en os de One Piece mis en ligne en août dernier, Netflix continue de piocher dans les classiques nippons en déclinant en série animée le manga Pluto, se déroulant dans l'univers d'Astro, le petit robot de Osamu Tezuka. Pour la petite histoire, Astro, c'est le premier manga moderne à devenir populaire, né dans les années 1950 sur papier et adapté en animation dès les années 1960.
Avec 100 millions de volumes commercialisés, c'est l'une des bandes dessinées les plus vendues au monde. Dans les années 1980, c'est une deuxième adaptation animée, Astro, le petit robot, qui a fait découvrir aux petits francophones que nous sommes le personnage attachant créé par Osamu Tezuka.
Si en 70 ans le manga a connu bien des déclinaisons, c'est en 2003 que le mangaka Naoki Urasawa a repris le flambeau pour Pluto. Celui-ci a proposé une réinvention plus adulte et sombre de cet univers, sous la direction de Makoto Tezuka, le fils du légendaire mangaka.
L'intrigue, inspiré des écrits de Philippe K. Dick (à qui l'on doit Blade Runner), nous plonge dans une intrigue policière prenant place dans un monde néofuturiste dans lequel les robots vivent en harmonie avec les humains. Si certains robots ont leur corps de métal, d'autres sont des androïdes qui nous ressemblent énormément et tous sont dotés d'une conscience.
Ils travaillent, étudient, et sont parfaitement intégrés. Cependant, lorsqu'un célèbre robot est assassiné dans les Alpes Lucernoise, l'enquête est confiée à l'inspecteur Gesicht d'Europol, un robot blasé et déprimé. Son enquête va le mener à découvrir qu'un tueur en série assassine l'un après l'autre les robots les plus puissants de la planète.
Vous l'aurez bien compris, si le matériel de base est enfantin, cette adaptation ne l'est point. Car une enquête policière qui consiste à résoudre des crimes où chaque corps est retrouvé avec des cornes plantées dans le crâne n'est pas vraiment des plus appropriées pour les plus jeunes. Destiné à un public averti, l’anime de Netflix ne nécessite aucunement d’avoir lu le manga de Naoki Urasawa, et encore moins celui d’origine, Astro Boy de Osamu Tezuka.
Le monde utopique dépeint dans Pluto est en réalité dystopique à bien des égards. Les thématiques de l'oppression et d'une forme de racisme avec les robots, considérés comme des êtres inférieurs, s'ajoutent à cette intrigue policière. Ainsi, le récit soulève de nombreuses questions sur «l'humanité» des robots et apporte une dimension philosophique sur l’intelligence artificielle, le deuil et l'existence. Au-delà, on retrouve également un message pacifiste qui résonne spécialement en ces temps troublés au Proche-Orient.
Bien loin d'un Naruto ou d'un One Piece, la série se démarque particulièrement de la concurrence par sa finesse d’écriture et la profondeur de ses personnages qu'elle prend le temps d'explorer tout au long des 8 épisodes que compte ce «Netflix Original». De Ghost in The Shell à Neo Genesis Evangelion en passant par Cowboy Bebop, la série a l'étoffe des meilleures oeuvres de science-fiction qu'a pu nous offrir l'animation japonaise.
De Lucerne, vous ne verrez pas grand-chose, si ce n'est son décor alpin et un bout de sa vieille ville. Le futur de Pluto étant un monde globalisé, fait de mégastructures de verre. Cependant, le fait que l'intrigue se déroule chez nos amis alémaniques prête à sourire de nombreuses fois.
«Pluto» est une série animée en 8 épisodes d'environ une heure, disponible depuis le 26 octobre sur Netflix.