Les chiffres ont donné le tournis: plus de 250 millions de visionnages pour le feuilleton sud-coréen, pensé par Hwang Dong-hyuk, qui s'est inscrit pour l'éternité dans la pop culture.
En misant sur un deuxième chapitre, Netflix prend un gros risque artistique. Financier, moins, sachant qu'à la sortie de la nouvelle saison, le 26 décembre, de nombreux fans seront arc-boutés devant leur écran, à se ronger les ongles en regardant les participants du funeste jeu se faire laminer par une société secrète.
Pour petit rappel, Squid Game est une série d'épreuves où la mort rôde dangereusement. Les participants, affublés d'un numéro, se battent pour gagner et remporter la somme hallucinante de 45,6 milliards de wons. Cet argent provient des participants trucidés lors des différentes épreuves.
Nous retrouvons Seong Gi-hun (incarné par l'excellent Lee Jung-jae), grand gagnant de la première épreuve de la saison 1, le porte-feuille garni de plusieurs milliards.
On l'avait quitté, prêt à mettre un pied dans un avion en direction d'une nouvelle vie. Sauf que le bonhomme découvre qu'il était encore surveillé par ses maîtres chanteurs. Remonté comme un coucou, il souhaite retrouver la trace du maître du jeu pour faire payer cette congrégation secrète.
A mort la boucherie, Seong, matricule «joueur 456», a les crocs et enfile le costume du joueur téméraire, chef de meute pour cette fois-ci gagner sur toute la ligne: il est l'heure de faire tomber le maître du jeu.
Mais Squid Game 2, derrière cette notion de divertissement sanglant, peuplé par des personnages caricaturaux (le rappeur Thanos, par exemple, un nouveau joueur un poil agaçant), dessine les contours d'une bande de joueurs aveuglés par les billets.
Avec son cash et ses réunions de votes incessantes pour stopper le carnage, la deuxième saison de la série coréenne nous donne la sensation d'accompagner une bande d'accros au casino qui continuent à repousser l'irréparable pour se remplir les fouilles. Pour rappel: pour continuer à remplir la cagnotte de milliards de wons, il faut une majorité de joueurs pour poursuivre la partie.
On pense à la tyrannie de la majorité de Alexis de Tocqueville. Le philosophe français écrivait:
Des questions qui ont une forte résonance dans l'enfer du jeu coréen.
Dans ce dédale d'interrogations et d'escaliers, Seong reste spectateur de participants qui ont comme obsessions de gommer leurs dettes tout en retournant dans la cour de récré, composant la face burlesque du show. On y voit l'innocence de l'enfance confrontée à la noirceur du récit, contrebalancée par cette esthétique flashy, jaune fluo, rose pétaradant, qui se marie à des poches d'hémoglobine déversées au fil des épreuves, au grés des cadavres empilés. Le décor joue toujours son rôle de légèreté enfantine, presque régressif, en opposition à la violence froide qui s'y déroule.
Or, si l'analyse reste intéressante, bien qu'un poil timide, sociologiquement, ce deuxième round de la série coréenne a tendance à brasser les ingrédients de la première saison. Il flaire comme un air de retour en arrière, sans saveur, sans vertige. Exit le facteur surprise.
Force est de constater que derrière cette sensation de déjà-vu, les sept (très longs) épisodes offrent quelques beaux moments de tension, comme cette séquence de roulette russe entre Seong et le mystérieux homme du métro (interprété par un très bon Gong Yoo). Ça marche, on mord à l'hameçon, on se laisse ferrer, un temps.
Au bout du compte, après le déluge, les morts, le retour au jeu de Seong, la construction de ce deuxième chapitre est une nouvelle étape pour armer une troisième saison (prévue en 2025) qui devrait mettre le feu à cette poudrière une bonne fois pour toutes.
Mentionnons enfin qu'une sous-intrigue peu convaincante se déroule à l'extérieur. Les recherches s'activent hors du jeu pour découvrir où se niche cette île mystérieuse.
Elle est incarnée par Hwang Jun-ho (Wi Ha-joon), souvent cantonné à un rôle secondaire, qui glissera (sûrement) dans une nouvelle dimension dans le troisième et dernier chapitre. Faut-il le rappeler: il est à la recherche de son frère perdu, le «Front Man», le superviseur de cette boucherie. Et notre petit doigt nous dit qu'on va en entendre parler. Mais même ce segment ne pèse pas très lourd, freinant le rythme de la série.
«Squid Game 2» est à découvrir le 26 décembre sur Netflix.