Après Jeffrey Dahmer, le prolifique réalisateur Ryan Murphy (American Horror Story) s’attaque à un autre fait divers sordide à travers une nouvelle saison de son anthologie Monstres.
Il raconte cette fois-ci l’affaire de Lyle et Erik Menéndez, deux frères issus d'une famille fortunée qui ont sauvagement assassiné leurs parents en leur tirant dessus à 15 reprises la nuit du 20 août 1989.
Lyle et Erik Menéndez ont été condamnés en 1996, soit sept plus tard, et ont été jugés coupables du meurtre de leurs parents avec une peine à perpétuité. Une affaire judiciaire très suivie aux États-Unis qui contenait tous les ingrédients d'une histoire à sensations: un parricide au sein d'une famille riche dont la face cachée derrière le vernis et la fortune va se craqueler au fur et à mesure du procès.
Les deux frères ont confessé que leur geste était le fruit de toute une vie de violence infligée par leurs parents, dont des abus physiques et sexuels de la part de leur père incestueux. Les deux frères n'ont jamais contesté leur mobile, malgré le fait que l’accusation les soupçonne de n'en vouloir qu'à la fortune familiale.
Ce n'est pas la première fois que cette affaire est mise en lumière, puisque l'histoire a inspiré plusieurs documentaires, ainsi qu'une série en 2018.
C'est une affaire judiciaire connue, mais qui prend une ampleur différente au travers du prisme de Ryan Murphy. Ce showrunner est bien connu pour instaurer le malaise, comme il l'a fait d'ailleurs par le passé avec la série Dahmer, la première saison de cette anthologie produite par Netflix.
La série met donc en scène Lyle (Nicholas Alexander) Chavez) et Erik (Cooper Koch) dans les rôles des frères Menéndez. Elle débute en octobre 1989, deux mois après la mort de Kitty et José, leurs parents joués respectivement par Javier Bardem et Chloë Sevigny.
À bord d'une limousine, où passe à la radio un kitchissime morceau au saxophone de Kenny G, Lyle et Erik se rendent à la cérémonie funèbre de leurs parents. Lyle, le frère aîné, est à la fois indifférent et excentrique, contrairement à son frère Erik, qui passe du mutisme à une crise de larmes.
Rassuré par son frère, Erik se reprend, et les deux hommes présentent une cérémonie solennelle et étrangement froide, tant ils semblent détachés de la mort de leurs parents. Une scène qui illustre immédiatement les personnalités que l'on va suivre durant ces neuf épisodes. Un petit frère émotif rongé par les remords, et un ainé plein de ressentiments, totalement dans le contrôle. Les deux comptent l'un sur l'autre pour maintenir leur mensonge à flot.
Dans les mois qui suivent les meurtres, Erik, profondément suicidaire et torturé par les images de ses parents mutilés, se confesse à son thérapeute et lui révèle alors son crime. La série va dévoiler son intrigue sous la forme de flashbacks. Les confessions décortiquent ainsi le règne de terreur qui a imprégné la famille Menéndez.
Tout comme pour Dahmer et l'incroyable performance de l'acteur Even Peters, Monstres: l’histoire de Lyle et Erik Menéndez continue sur cette lancée avec les acteurs confirmés que sont Javier Bardem et Chloë Sevigny. Ils apportent toute leur ambiguïté et leur monstruosité en composant ce couple idéal en façade, mais complètement malsain et dysfonctionnel.
Malgré son casting et sa réalisation léchée, la série souffre malheureusement de son format. Les premiers épisodes sont véritablement prenants. et nous mettent face à une fascination morbide sur les motifs qui poussent des enfants à assassiner sauvagement leurs parents.
Cependant, s'avaler neuf épisodes sur le sujet rend l'ensemble peu digeste. Les moments d'abus, jamais explicitement montrés, mais vraisemblablement réels, instaurent inévitablement un profond malaise. Si Dahmer nous tenait en haleine grâce à la multiplicité de ses meurtres, l’histoire de Lyle et Erik Menéndez se résume surtout à un procès et s’avère plus proche d'une série juridique que d'un véritable thriller.
Cependant, l'anthologie Monstres continue sa forme de voyeurisme en reconstituant des histoires sordides avec une frontière infime entre documentaire et fiction, et il faut admettre qu'elle le fait très bien.
On sait déjà que le troisième volet qui va suivre portera sur l’un des tueurs en série les plus connus des Etat-Unis: Ed Gein. Ce tueur en série et voleur de cadavres avait terrifié l’Amérique des années 1950, et même inspiré Alfred Hitchcock pour son personnage de meurtrier dans Psychose (1960).
On sait même à qui reviendra ce rôle, puisque Ryan Murphy a pris la parole sur le sujet pour annoncer que c'est le Britannique Charlie Hunnam (Sons of Anarchy) qui l'incarnera. Cette histoire plus proche de celle de Jeffrey Dahmer que des frères Menéndez devrait satisfaire les déçus de ce deuxième volume. Quant aux amateurs de récit de procès, ceux-ci devraient aisément y trouver leur compte.
Les neuf épisodes de «Monstres: l’histoire de Lyle et Erik Menéndez» sont disponibles depuis le 19 septembre sur Netflix.