Souvenez-vous. À la fin de la deuxième saison, Emily, l'Américaine trop bien sapée, perdue dans un Paris trop propre, devait faire un choix cornélien: rester vivre dans la capitale française, rentrer chez elle à Chicago, ou suivre son nouvel amoureux à Londres. Une comédie romantico-niaise mise en scène par Darren Star, pour Netflix, à grands renforts de clichés franco-français vus par les Américains. Si certains prêtent à sourire, d'autres frisent le ridicule.
Dans cette troisième saison, dont on a regardé les trois premiers épisodes, ce qui a fait le succès de la série est toujours au rendez-vous: des fringues très (trop?) colorées qu'on croirait tombées d'un camion de la Fashion Week, des histoires d'amour compliquées (mais pas tant) et des Français hautains qui râlent et qui draguent à tout-va.
Le scénario est toujours saupoudré d'atrocités improbables. Comme l'histoire de cette fille qui chante dans la rue et qui, du jour au lendemain, se retrouve sur la scène d'un grand club de jazz parisien. Ou ce type qui se voit proposer un rôle de directeur, pile dans l'entreprise qui lui permet de vivre à Paris auprès de sa belle. Mais les personnages, eux, semblent avoir un peu plus de profondeur. Et ça se ressent dans le jeu des acteurs. Lily Collins (Emily), à qui on a manifestement demandé, cette fois, de mimer un peu plus que deux émotions. Un vrai bol d'air. Il y a bien l'hystérique boss américaine, Madeline, qui surjoue sa peine comme une pleureuse catholique. Mais c’est sans doute pour que le spectateur de la première heure ne se sente pas trahi.
it's time for my annual binge watch of Emily in Paris, also known as Sylvie in Parispic.twitter.com/4AXxAjCzNl
— muffin hemingway (@astaIavistaa) December 21, 2022
Mais revenons à l'histoire. La troisième saison commence par un drame capillaire: Emily, seule face à son miroir et ses doutes, empoigne des ciseaux et se coupe une frange. Oh là là. Un court instant, on craint de retomber dans la superficialité des saisons précédentes. Heureusement, les premiers sous-entendus sexuels (sortis de la bouche d'une Française, parce que si c'est pas cliché, c'est pas drôle) arrivent après même pas trois minutes. Ouf.
Après cette catastrophique histoire de cheveux, tout s'enchaîne pour l'Américano-parisienne, qui se retrouve, entre ses choix cornéliens, à devoir vendre un McBaguette aux Français, présenté comme «un petit luxe». Le tout, dans un McDonald's trop propre pour être vrai. Une proposition qu'elle doit à son ex, qui l'appelle de Chicago quand elle a besoin de trouver un nouveau client (comme le hasard fait bien les choses!). Entre autres drames, plus ou moins dramatiques.
Faire passer les McDo de Paris pour un endroit chic... Et ce, dès le premier épisode de la S3. Cette fois-ci Emily in Paris va trop loin.
— Clémence (@ClemPouletty) December 21, 2022
Dans ces premiers épisodes, dont le visionnage fait étonnamment moins saigner des yeux qu'on l'aurait cru, quelques scènes bien cucul viennent soutenir un propos déjà très sucré. Mais au lieu de frôler l'indigestion, on en redemanderait. Une séquence en particulier nous colle un sourire mi-heureux, mi-contrit, où l'amour, chanté timidement sur estrade qui surplombe les quais à la Fête de la Musique, ravive une relation au point mort. So cute.
Ce qui n'arrive jamais dans la vraie vie (ou alors, tout le monde est ivre, et c'est pas mignon). Mais dans Emily in Paris, on a envie d'y croire. Des gens beaux, du romantisme un peu niais, décoré de guirlandes et de lampions, avec vue sur la Seine, ça fait du bien.
a thread of edits on Alfie (and Emily) in Emily in Paris : #EmilyInParis pic.twitter.com/GsyBQqQ4LD
— snoo ☆ (@snoowzy_) December 20, 2022
Comme les précédentes, cette troisième saison donne furieusement envie de croire à ce Paris propre, beau et qui ne sent pas la pisse. Où les gens citent Sartre de bon matin, et où les vitrines des McDonald's ressemblent à celles d'une pâtisserie de Cédric Grolet.
Mais pas la peine de se ruer pour réserver une escapade parisienne pour les Fêtes: les contrôleurs de la SNCF sont en grève. Le Paris d'Emily in Paris n'existe que sur Netflix.
Mais a-t-on vraiment besoin, en cette fin d'année tiédasse, de voir la réalité en face? Non. Un peu de guimauve et quelques croissants (toujours prononcés «cwwoissants»), ça n'a jamais tué personne. La série se laisse regarder, un verre de rouge à la main, comme les Frenchie dans quasiment chaque épisode.
D'ailleurs, je vous laisse, je vais mater les épisodes suivants, en espérant qu'ils seront as cute as les trois premiers. Bon binge-watching à tous!