Les Français sont les maîtres incontestables du croissant. Doivent-ils aussi devancer l'Allemagne en ce qui concerne l'économie? Une croissance d'un bon 1% est prévue cette année et l'année prochaine pour l'Hexagone. De son côté, l'Allemagne pourrait sombrer dans la récession après deux trimestres négatifs. Michael Sauga, chroniqueur au Spiegel, décrit la France comme «la meilleure version de l'Allemagne». La politique économique d'Emmanuel Macron a apporté à son pays «le genre d'essor qui manque cruellement à ce pays»
En France, les affaires se portent mieux que chez son grand voisin, qui était pourtant si fier d'avoir attiré l'usine Tesla de Berlin-Grünheide. En matière d'investisseurs étrangers, la France est désormais le numéro 1 européen. Avec 1250 projets financés extérieurement, elle devance nettement le Royaume-Uni et l'Allemagne. Elle vise des projets industriels et innovants d'envergure, dans les domaines de l’hydrogène, des batteries au lithium et de l’énergie nucléaire.
A Londres, The Economist écrit que le président français peut aujourd'hui «récolter les fruits de ses réformes favorables aux entreprises».
Une fois par an, Macron réunit les plus grandes entreprises internationales au château de Versailles. Cette année, l'événement baptisé «Choose France» a généré 13 milliards d'euros d'investissements et 8000 emplois créés par des entreprises telles que Pfizer, Nokia, Accenture, Roche, Morgan Stanley et Manpower. Le chômage s'élève actuellement à 7,4%.
Le problème de la France aujourd'hui, c'est la dette nationale. Durant la période Covid, Macron a financé généreusement le chômage partiel. Depuis son élection en 2017, la dette de la France est passée de moins de 100% à 115%. En chiffres absolus, son pays a accumulé une dette record à l'échelle européenne de plus de 3000 milliards d'euros, soit plus que l'Italie. Le Fonds monétaire international (FMI) a critiqué en avril le fait que la France soit le seul pays de la zone euro dont la dette continuerait d'augmenter jusqu'en 2028. Le déficit budgétaire restera supérieur à 3% d’ici là.
La France ne connaît des déficits budgétaires que depuis 40 ans. Pour résumer, elle vit au-dessus de ses moyens. Macron a l'esprit d'un libéral. Il se fiche les contraintes budgétaires.
L'argument du président français en faveur de sa gestion économique pendant et après la période Covid? Essentiellement que son pays a mieux résisté à la pandémie par rapport à de nombreux Etats européens, dont l’Allemagne. S’il n’avait pas ouvert le robinet doré, la France aurait sombré dans la récession – et cela aurait coûté bien plus cher à la nation, assure le gouvernement. Qui plus est, affirme le discours officiel, la croissance économique positive actuelle pourrait contribuer à réduire la dette nationale.
Cet argument, martelé par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, n’est qu’à moitié convaincant, car il pose aussi la question de savoir si la France «survit» ou au moins profite de la zone euro. Sans la monnaie commune, la France très endettée, c’est-à-dire son franc, aurait longtemps été la cible des marchés financiers. L'écart, la différence de taux d'intérêt avec l'Allemagne, monterait jusqu'à la limite et la France serait au plus bas. Comme l'Italie.
La «macronomie» ne nie pas ce fait, mais elle rétorque que l’UE est un succès précisément parce que tout le monde en profite:
A leurs yeux, qui en profite plus que les autres n’a pas d’importance. D'autant que ce n'est pas toujours le tour des mêmes pays. Autre constat: il y a encore dix ans, la France était surnommée, par les allemands «Krankreich» — jeu de mots entre Frankreich (France) et krank (malade). Désormais, le vent a tourné.
L'Allemagne se voit afublée de l'étiquette d'«homme malade de l'Europe», écrivent certains journaux économiques parisiens. EMais les Français l’écrivent sans aucune dérision. Ils savent qu’ils seront également touchés si la politique financière allemande est en crise et si leur économie s’effondre.