«Une économie à deux vitesses» s'installe en Suisse
Les sociétés suisses résistent avec plus ou moins de succès aux droits de douane américains et les disparités se creusent. A cette situation difficile vient s'ajouter l'affaiblissement du dollar qui affecte leur rentabilité, avertit Valérie Lemaigre, économiste en chef de la Banque cantonale de Genève (BCGE).
La baisse des droits de douane américains de 39% à 15% est-elle bénéfique pour les entreprises suisses ou ces taxes restent encore un fardeau trop lourd à porter?
Valérie Lemaigre: l'absorption de ces taxes à 15% peut à priori se faire sans trop de dégâts. Mais les disparités entre les sociétés et les secteurs sont en train de se creuser. Une croissance en forme de K est en train de se dessiner, avec des secteurs en croissance et qui profitent du contexte international et d'autres qui le subissent et reculent. Cela crée une disparité de plus en plus forte entre les secteurs stratégiques – pharma, technologies, IA, défense – et non stratégiques – biens de consommation, équipement de base non technologique – qui subissent.
Dans quel état de santé se trouvent actuellement les sociétés?
Valérie Lemaigre: la situation financière des entreprises reste bonne et solide, c'est un facteur de résilience important. Elles sont peu endettées et ont une profitabilité qui reste solide. Les entreprises ne sont pas attaquées par des hausses de coûts importantes (énergie, matières premières, taux d'intérêt).
Quelles sont les perspectives financières des entreprises suisses?
Valérie Lemaigre: avec l'affaiblissement du dollar, nous sommes dans une phase où la profitabilité progressera peu d'ici à 2026. Les grandes sociétés cotées s'attendent encore une hausse de 10% de la rentabilité. Les PME régionales, plutôt orientées vers une activité domestique, ne sont par contre pas en croissance et affichent un tassement de leurs profits. C'est là où la disparité se creuse. (jah/ats)
