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La Banque nationale suisse est confrontée à un nouveau problème

Die Schweizerische Nationalbank, am Donnerstag, 26. September 2024, in Bern. (KEYSTONE/Peter Klaunzer)
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La Banque nationale suisse est confrontée à un nouveau problème

La BNS abaisse une nouvelle fois son taux directeur car l'inflation est trop faible. Mais une baisse des prix ne ferait pas que des heureux.
13.12.2024, 05:31
Niklaus Vontobel / ch media
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Ce jeudi, la Banque nationale suisse a de nouveau abaissé son taux directeur, cette fois d'un demi-point de pourcentage. La banque centrale a ainsi opéré un revirement extrêmement rapide vers le bas. Au début de l'année, le taux directeur était de 1,75%, maintenant il n'est plus que de 0,5%.

Et ce n'est pas fini. La Banque nationale suisse (BNS) devrait bientôt descendre encore plus bas et ramener son taux directeur à 0% d'ici la fin de l'année 2025. C'est ce que prévoit actuellement la bourse. Le taux directeur baisserait encore plus vite si la banque J. Safra Sarasin a vu juste. Ses économistes s'attendent à ce que le taux directeur atteigne 0% dès le mois de juin. D'une manière ou d'une autre, les banques ne recevront bientôt plus rien lorsqu'elles prêteront leur argent à la BNS.

Une situation surprenante pour la BNS

Ce revirement rapide des taux d'intérêt vers le bas a des antécédents surprenants. La Banque nationale se retrouve dans une situation qu'elle n'aurait sans doute pas imaginée il y a un an.

Elle a été très efficace dans la lutte contre le tsunami inflationniste mondial déclenché par la pandémie de Covid-19 et l'attaque de la Russie contre l'Ukraine. Elle a pu maintenir l'inflation à un niveau plus bas que la Banque centrale européenne (BCE) et que la Réserve fédérale américaine (Fed). Et elle a pu baisser son taux directeur plus tôt. Et ce, au grand soulagement de tous les emprunteurs hypothécaires, qui ont au total plus de 1200 milliards de francs de dettes dans notre pays.

Mais aujourd'hui, la Banque nationale est confrontée à un nouveau problème: l'inflation pourrait devenir trop faible, voire négative.

Un retour à l'avant-Covid

Ce danger est clairement visible dans les statistiques. L'indice national des prix à la consommation n'a de nouveau pas augmenté en novembre – il a même baissé. Ainsi, tous les biens et services dont un ménage type a besoin pour subvenir à ses besoins sont devenus moins chers. Certes, ce n'est que légèrement et seulement en moyenne, mais les prix ont tout de même baissé.

En novembre, tout était donc un peu moins cher que le mois précédent. Et c'était déjà le cas en octobre et en septembre. En août, l'indice national est resté au même niveau, et en juillet, il avait également baissé. Si cela continue encore quelques mois, la Suisse aura définitivement une inflation négative.

Et tout porte à croire que les prix continueront à baisser en 2025. L'électricité, qui est actuellement encore l'un des principaux facteurs d'inflation, sera moins chère de 10% selon l'autorité de surveillance de l'électricité Elcom. Selon les prévisions de la Banque Raiffeisen, les loyers, l'un des postes de dépenses les plus importants, augmenteront probablement encore, mais beaucoup moins que cette année, ce qui affaiblira encore plus l'inflation.

La Suisse pourrait donc être ramenée à un monde similaire à celui qui prévalait avant le Covid-19. A l'époque, le pays avait souvent une inflation nulle et même négative pendant des années, c'est-à-dire un niveau de prix en baisse. En 2019, l'indice national des prix à la consommation se situait encore au niveau d'il y a dix ans.

Mais qu'a donc la Banque nationale contre l'inflation négative? Cela signifie simplement que les prix, et donc les coûts de la vie quotidienne ou des vacances, baissent. Tout le monde peut acheter plus avec son argent. C'est le paradis. Quel mal y a-t-il à cela?

La Banque nationale ne peut jamais vraiment satisfaire tout le monde

La Banque nationale ne peut pas se contenter de regarder les consommateurs. Selon la Constitution, elle doit agir dans «l'intérêt général du pays». Et c'est une tâche délicate. Car les intérêts individuels dans le pays sont généralement contradictoires. Ce que les uns trouvent divin n'est peut-être pas infernal pour les autres, mais mauvais, voire très mauvais.

Les consommateurs aiment que les prix baissent; les entreprises plutôt qu'ils augmentent. Ceux qui prêtent de l'argent veulent des taux d'intérêt élevés; ceux qui en empruntent, des taux bas. Ceux qui achètent des marchandises à l'étranger veulent un franc fort; ceux qui vendent à l'étranger, un franc faible. Et ainsi de suite. Il y a toujours quelqu'un qui n'est pas satisfait de la Banque nationale. Elle ne peut jamais satisfaire tout le monde.

L'enjeu est pourtant de taille pour tous, comme l'explique Karsten Junius, économiste en chef de la Banque J. Safra Sarasin: si le niveau global des prix baisse dans notre pays, de nombreuses entreprises devront accepter une baisse des prix. Leur chiffre d'affaires diminue, elles gagnent moins d'argent. Elles économisent donc, suppriment et réduisent leurs effectifs. Un jour ou l'autre, les choses se gâtent.

L'argent manque pour des investissements qui seraient essentiels à la survie. Ou bien l'austérité touche les salaires, souvent le plus gros poste de dépenses. En soi, il ne serait pas mal de réduire les salaires. Après tout, l'inflation est également négative. Tout devient moins cher et les collaborateurs peuvent toujours acheter la même quantité de marchandises malgré la réduction des salaires.

Mais il s'agit là d'une théorie qui se révèle être un échec cuisant dans la pratique, comme les entreprises ne le savent que trop bien. Leurs employés seraient en colère ou apathiques, travailleraient moins ou moins bien si leurs salaires diminuaient. Les entreprises ne réduisent donc pas les salaires, mais paradoxalement le nombre d'employés. Il y a ainsi plus de chômeurs que nécessaire, plus que si l'inflation était raisonnablement élevée.

Il faut donc une politique monétaire qui satisfasse plus ou moins tout le monde, aussi bien ou aussi mal. Ce compromis s'appelle «stabilité des prix» et est prescrit ainsi par la loi sur la Banque nationale. La BNS doit donc fixer son taux directeur de manière à ce que les prix restent stables.

Les économistes ne sont pas d'accord sur ce qu'il faut entendre par «stabilité». Néanmoins, la Banque nationale s'est engagée à ce que la stabilité des prix soit une inflation comprise entre 0% et 2%. Si l'inflation devient négative, la Banque nationale le tolère temporairement, mais pas pour trop longtemps. Et maintenant, elle doit veiller à ce que cela ne se produise pas. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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