Un an et demi après l'effondrement du Credit Suisse, les banques étrangères semblent prêtes à faire plus d'efforts dans les affaires avec les entreprises suisses. La banque allemande Commerzbank, qui se positionne dans notre pays comme «banque principale pour les entreprises orientées vers l'exportation», a pris des dispositions pour augmenter considérablement ses effectifs.
La banque a loué des surfaces supplémentaires à son siège zurichois de la Pelikanstrasse, à quelques mètres seulement du siège principal d'UBS, afin d'étendre ses bureaux de deux tiers à 2000 mètres carrés au début du mois de septembre. L'institut de crédit de Francfort veut embaucher trente collaborateurs supplémentaires au cours des deux prochaines années. Une porte-parole de la Commerzbank a confirmé l'information à la demande de CH Media.
En mars déjà, Marc Steinkat, chef de Commerzbank Suisse, avait précisé ses ambitions dans le secteur de la clientèle d'entreprise suisse: «Nous voulons une grosse part du gâteau», avait-t-il déclaré en faisant référence aux nombreuses entreprises suisses clientes qui doivent établir de nouvelles relations bancaires après le rachat de Credit Suisse par UBS.
«La disparition du Credit Suisse est un malheur pour la Suisse, la banque a longtemps été un pilier de la forte économie suisse», a déclaré le manager de 56 ans, avant d'ajouter que la nouvelle situation concurrentielle «représente maintenant une énorme opportunité» pour la Commerzbank.
La dernière fois que la banque s'était lancée dans un développement de la clientèle d'entreprise suisse, c'était en 2014 et elle avait mis en place un réseau de six succursales dans presque toutes les régions du pays. Mais la phase de taux d'intérêt négatifs a ensuite durement frappé l'établissement et a nécessité des mesures d'économie en Suisse également. L'effectif du personnel est passé de 100 à 80 personnes et une centralisation a eu lieu.
Mais entre-temps, la banque jouit à nouveau d'une bonne situation commerciale et bénéficiaire. Les résultats semestriels du groupe publiés mercredi de cette semaine ont été les meilleurs de ces 15 dernières années. Fin juin, le bilan de la Commerzbank affichait des crédits aux entreprises d'un montant de 99 milliards d'euros. Après un recul dû à la conjoncture au cours des derniers trimestres, la demande de crédit a repris, en particulier dans le domaine des crédits d'investissement, peut-on lire dans le communiqué de presse publié à l'occasion de la clôture semestrielle.
Interrogée sur ses activités en Suisse au premier semestre, la Commerzbank s'est montrée «très satisfaite». La porte-parole de l'entreprise a cité le patron suisse:
Les banques d'affaires sont importantes pour une économie comme celle de la Suisse, avec ses nombreuses petites et moyennes entreprises de production et de commerce, souvent orientées vers l'international. Les spécialistes expérimentés du crédit aux entreprises estiment la taille de ce marché suisse important, sans les petites et micro-entreprises, à peut-être 20 000 adresses. Derrière ces chiffres se cachent des entreprises qui ont recours à des financements bancaires qui ne peuvent pas être simplement couverts par une couverture hypothécaire à faible risque.
Au cours des années précédentes, ce segment était en grande partie desservi par le Crédit Suisse, l'UBS, la Zürcher Kantonalbank et la Banque Cantonale Vaudoise. L'importance du Credit Suisse était élevée. C'est ce que l'on peut déduire des derniers rapports annuels. Ceux-ci suggèrent, par exemple, que le Credit Suisse a mis à la disposition des entreprises industrielles locales environ trois fois plus de crédits en blanc non garantis que l'UBS, plus importante en termes de bilan. Le portefeuille de crédits en blanc est un indice fiable de l'appétit pour le risque d'une banque d'affaire.
Dans ce contexte, l'arrivée de banques étrangères sur le marché suisse de la clientèle d'entreprises est particulièrement bienvenue, d'autant plus que le Credit Suisse avait tout à fait réussi à opérer sur le marché suisse de la clientèle d'entreprises.
On sait peu de choses sur l'appétit pour le risque de la Commerzbank en Suisse. Selon ses propres indications, la banque avait en mars des promesses de crédit en cours à des entreprises suisses pour un montant de 11 milliards de francs. A titre de comparaison, le total des crédits non couverts par des hypothèques accordés à des entreprises de plus de 50 collaborateurs en Suisse s'élève à environ 60 milliards de francs, selon les statistiques de la Banque nationale.
Le potentiel de croissance supplémentaire des établissements de crédit étrangers est donc bien réel. Ces derniers mois, quelques banques internationales ont fait part de leurs ambitions pour les entreprises suisses. Mais leurs efforts généralement très modestes pour recruter des spécialistes du crédit laissent entendre que ces banques veulent surtout se focaliser sur les 100 à 150 plus grandes entreprises suisses cotées en bourse - et non sur le segment beaucoup plus large des PME. Or, un approvisionnement suffisant des PME en crédits avantageux est décisif pour le succès à long terme de l'économie suisse.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)