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Terres rares: La Suisse ne doit pas snober cet enjeu crucial

La Suisse ne doit pas snober cette «lutte géopolitique» cruciale

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La Chine est le leader mondial du marché des terres rares et utilise cette position comme une arme redoutable dans la guerre douanière qui l'oppose aux Etats-Unis. Seule la Suisse semble ne pas avoir encore compris à quel point ces matières premières critiques sont très disputées.
02.08.2025, 19:0102.08.2025, 19:01
Othmar von Matt / ch media
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La situation géopolitique actuelle est caractérisée par une lutte stratégique pour les terres rares. C'est dans le but de contrôler ces matières précieuses que Donald Trump aimerait annexer le Groenland et le Canada. De son côté, le Parlement suisse demande au Conseil fédéral de réagir à cette situation délicate.

Pourquoi les terres rares sont importantes

Les terres rares sont nécessaires à la fabrication des smartphones, des voitures électriques ou des drones.

Ce terme générique regroupe 17 éléments chimiques, tels que le néodyme, le praséodyme, le cérium ou le dysprosium. Il s'agit de matières premières critiques qui sont certes présentes en grande quantité dans la croûte terrestre, mais dont l'extraction présente de grandes questions de rentabilité à cause des coûts induits et des dommages environnementaux élevés.

À l'ère de la numérisation, les terres rares constituent donc un atout stratégique.

Les grandes puissances se chamaillent

Donald Trump lorgne ouvertement les matières premières critiques et les terres rares dans de nombreuses régions. Fin avril, il a signé un accord sur les matières premières avec l'Ukraine. Et dans l'est du Congo, les Etats-Unis ont négocié un accord de paix entre le Congo-Kinshasa et le Rwanda. Ils veulent ainsi s'assurer l'accès aux gisements de matières premières.

Vladimir Poutine a également pris conscience de l'importance des matières premières critiques. Il souhaite exploiter les gisements nationaux de terres rares, de lithium et d'autres matières premières essentielles.

La Chine est de loin le leader mondial du marché. Elle contrôle une part considérable des réserves, de la production et de la transformation mondiales. Pékin utilise sa position dominante comme une super arme dans la guerre commerciale avec les États-Unis et a décrété un embargo mondial sur les exportations. Sept matériaux indispensables à l'industrie high-tech américaine ne peuvent désormais quitter le pays qu'avec des licences d'exportation.

Pourquoi le Conseil fédéral ne veut pas agir

Fin 2024, le Conseil fédéral a publié un rapport sur les matières premières. Étonnamment, il n'y voit guère de nécessité d'agir. Il écrit que des développements importants ont, certes, eu lieu au niveau international – l'UE, les États-Unis et d'autres pays ont pris des mesures pour garantir leurs besoins en matières premières. La Suisse suit «attentivement» l'évolution de la situation.

Le Conseil fédéral estime toutefois que les entreprises ont un rôle à jouer: elles seraient elles-mêmes responsables de s'approvisionner en aimants contenant des terres rares en quantité suffisante.

Il convient de noter que la Suisse a conclu la révision de l'accord de libre-échange établi il y a vingt ans avec le Chili sans prendre en compte les matières premières ou les terres rares. Et ce, malgré le fait que le Chili dispose d'importants gisements de lithium et de cuivre.

Le Parlement presse le Conseil fédéral

Mais le Parlement fait désormais pression sur le Conseil fédéral. En juillet, la Commission de politique extérieure du Conseil national a adopté à l'unanimité une motion déposée par la conseillère nationale Elisabeth Schneider-Schneiter. Celle-ci demande que le Conseil fédéral négocie de manière «contraignante» la sécurité d'approvisionnement en matières premières stratégiquement importantes lors de la négociation et de la modernisation des accords de libre-échange.

L'Union européenne, le Japon ou la Corée du Sud ont déjà commencé à intégrer systématiquement des chapitres consacrés aux matières premières dans leurs accords commerciaux, explique Elisabeth Schneider-Schneiter, justifiant la motion. Et d'ajouter:

«Si la Suisse veut rester compétitive à long terme, elle ne doit pas passer à côté de cette évolution»
Elisabeth Schneider-Schneiter

La Commission de politique extérieure a fait un premier pas dans cette direction il y a un an, en modernisant l'accord de libre-échange avec la Chine. Elle a demandé au Conseil fédéral d'aborder de manière ciblée les risques liés à la dépendance vis-à-vis des matières premières critiques et stratégiques provenant de Chine.

La réaction du Conseil fédéral

«L'intensification géopolitique de la lutte pour les matières premières critiques est évidente», estime la conseillère nationale. C'est pourquoi le Conseil fédéral a désormais intégré cette question dans son mandat de négociation avec la Chine.

Actuellement, le Secrétariat d'État à l'économie élabore une liste de pays avec lesquels il souhaite conclure des accords spéciaux en vue d'une coopération plus étroite dans le domaine des matières premières. Le Chili fait partie de ces pays, confirme le Secrétariat d'État à l'économie.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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