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France: les finances sont incontrôlables depuis 1974

epa11236520 French President Emmanuel Macron speaks to the press during the second day of a European Council meeting in Brussels, Belgium, 22 March 2024. EU leaders are meeting in Brussels to discuss  ...
Lentement mais sûrement, la politique de dépenses généreuses du président se retourne contre lui.Keystone

Les finances françaises sont incontrôlables

Avec un déficit budgétaire représentant 5,5% de son PIB en 2023, la France dépasse toutes les prévisions. L'endettement atteint le montant record de 3000 milliards d'euros. L'Union européenne est-elle menacée par une nouvelle crise financière?
28.03.2024, 11:5728.03.2024, 19:09
Stefan Brändle, Paris / ch media
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L'Insee, l'institut français des statistiques, vient d'annoncer que l'endettement hexagonal représentait 5,5% de son PIB. Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire avait jusqu'à présent tablé sur 4,9%. Pour expliquer ce dépassement, il a évoqué des recettes fiscales inférieures aux prévisions. En 2022, l'inflation avait permis d'augmenter les recettes de la TVA et de masquer dans une certaine mesure l'augmentation du déficit.

Mais les critiques reprochent depuis longtemps au gouvernement d'avoir laissé le robinet financier ouvert trop longtemps, même après la période du Covid. Cette politique de dépenses généreuses est toujours en vigueur aujourd'hui, à quelques nuances près. Actuellement, le président Emmanuel Macron propose de contracter une dette publique sous forme d'euro-obligations pour soutenir militairement l'Ukraine.

Inquiets, les économistes soulignent que la France affiche aujourd'hui une dette record de plus de 3000 milliards d'euros. Cette somme colossale correspond à 110% du produit intérieur brut. Les médias français se demandent de plus en plus si la France et l'Italie ne pourraient pas plonger la zone euro dans des turbulences, comme la crise grecque il y a une dizaine d'années.

Car contrairement au Japon ou aux Etats-Unis, les pays de la zone euro comme la France ne peuvent pas agir sur leur monnaie nationale pour réduire les dommages, observe Elie Cohen, l'un des principaux économistes à Paris. L'expert ne croit toutefois pas à une nouvelle crise financière.

«Tant que nous serons dans la zone euro, nous bénéficierons de la protection de l'économie allemande»
Elie Cohen

Le «Mozart de la finance» déchu

En revanche, Elie Cohen a mis en garde contre des conséquences négatives pour la France. En avril et mai, les principales agences de notation pourraient abaisser la note financière du pays. Cela renchérirait encore les intérêts de la dette. Le gouvernement y consacre aujourd'hui plus de 50 milliards d'euros par an. Ce montant devrait atteindre 80 milliards d'euros d'ici 2027. Le remboursement de la dette serait alors le poste budgétaire le plus élevé, devant les budgets de l'éducation et de l'armement.

Bruno Le Maire a donc lancé un avertissement sous forme de lettre aux décideurs publics pour qu'ils prennent davantage de mesures. Pour l'année en cours, le ministre promet 10 milliards d'euros d'économies. Il veut réduire le déficit budgétaire à 4,4% cette année. En 2027, lors des prochaines élections présidentielles en France, il devrait passer sous le seuil européen de 3%.

L'opposition critique vivement le ministre de l'Economie. Le chef des Républicains Eric Ciotti a également pris le président à partie sur le déficit élevé inattendu et a tweeté:

«La dernière symphonie du "Mozart de la finance" ressemble au chant du cygne»

La gauche reproche à Emmanuel Macron, ancien banquier, d'avoir endetté le budget de l'Etat plus que tous ses prédécesseurs socialistes. Depuis 1974, c'est-à-dire depuis 50 ans, aucun président français n'a réussi à présenter un budget équilibré. Selon le Fonds monétaire international, la France sera le seul pays de la zone euro à ne pas maîtriser son endettement d'ici 2028.

Le gouvernement craint donc également des conséquences politiques négatives pour la France. Ses points de vue en matière de politique financière risquent en effet de perdre du poids à Bruxelles et à Francfort. Ce n'est pas un hasard si Rome et Paris militent justement pour un assouplissement des règles européennes en matière de dette. Mais sur cette question-là, les chiffres élevés des déficits sont de mauvais arguments face aux positions allemandes.

Traduit et adapté par Tanja Maeder

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