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L'immobilier mondial entre boom et crash: l'impact en Suisse

L'immobilier mondial entre boom et crash: quel impact en Suisse?

Les dernières nouvelles concernant l'inflation et les prix de l'immobilier ont été étonnamment bonnes. Il est néanmoins trop tôt pour lever l'alerte: l'incertitude reste exceptionnellement élevée.
26.07.2023, 11:5726.07.2023, 12:50
Niklaus Vontobel / ch media
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Les dernières nouvelles en provenance des Etats-Unis ressemblaient déjà à une victoire finale sur l'inflation. En juin, l'augmentation des prix par rapport à 2022 a été nettement plus faible que les mois précédents. Et l'augmentation des prix par rapport au mois de mai était très faible: si la situation se poursuivait ainsi pendant un an, l'inflation serait déjà inférieure à 2%, c'est-à-dire à la valeur cible de la banque centrale américaine (Fed).

Pourquoi une victoire américaine sur l'inflation est importante?

Une telle victoire serait vraiment une bonne nouvelle. La Fed devrait alors augmenter moins fortement ses taux directeurs et les maintenir moins longtemps à un niveau élevé. Cela réduirait également le risque que la lutte contre l'inflation ait pour effet secondaire de déclencher une nouvelle crise quelque part dans le système financier américain, qui se propagerait ensuite en Europe et en Suisse.

Une victoire américaine sur l'inflation aurait des répercussions dans le monde entier. Si les Etats-Unis y parviennent, la zone euro ou la Suisse ne tarderaient sans doute pas à en faire autant. Le risque serait moindre que la Banque centrale européenne (BCE) ou la Banque nationale suisse (BNS), en augmentant les taux d'intérêt, fassent chuter les cours de la bourse ou provoquent une forte correction sur les marchés immobiliers.

Ce risque a récemment été évoqué par le Fonds monétaire international (FMI), qui a mis en garde les banques centrales du monde entier. Le FMI a même recommandé que si ce risque augmentait, les banques centrales devraient prendre plus de temps pour atteindre leurs objectifs en matière d'inflation. Le but d'une telle mesure est d'éviter une crise supplémentaire.

Quelle est la situation en Suisse actuellement?

Parallèlement aux bons chiffres américains, les chiffres du marché immobilier suisse sont également réjouissants. Au deuxième trimestre, les prix moyens des maisons individuelles dans le pays ont augmenté de 4,8% par rapport à l'année précédente, annonce le conseiller immobilier Iazi en se référant aux résultats de son enquête. Les prix augmentent donc nettement plus vite que la tendance à long terme. Aucune trace d'un ralentissement du boom, et encore moins d'une fin.

La Suisse se démarque ainsi nettement des autres pays où le changement de taux d'intérêt a fait chuter la croissance des prix de l'immobilier. Au premier trimestre 2022, la zone euro affichait encore une croissance de 10%. Un an plus tard, au 1er trimestre 2023, elle n'était plus que de 0,8%. Certains pays ont déjà connu des corrections de prix significatives. La Suède, par exemple, a connu une baisse de 6,9%, l'Allemagne de 6,8%, le Danemark de 6,2% et la Finlande de 5,1%.

Pourquoi la situation dans l'UE est différente de celle en Suisse?

La grande différence avec la Suisse, ce sont les taux d'intérêt. La Banque centrale européenne a dû augmenter ses taux directeurs beaucoup plus que la BNS, ce qui explique que le niveau général des taux d'intérêt dans la zone euro soit désormais beaucoup plus élevé. Par conséquent, les frais d'intérêt pour l'achat d'un logement sont également beaucoup plus élevés, ce qui pèse sur la demande de biens immobiliers.

En Suisse, les prix de l'immobilier sont en outre soutenus par l'immigration, elle-même stimulée par un marché du travail en plein essor. Parallèlement, l'offre de logements en propriété est limitée. La construction de biens immobiliers est loin de suivre la demande.

Pourquoi y a-t-il un problème et cela concerne-t-il la Suisse?

Et pourtant, la constellation reste globalement mauvaise et beaucoup de choses peuvent encore mal tourner. Le Fonds monétaire international indique par exemple:

«L'incertitude est inhabituellement grande»

Si l'Allemagne subissait ce que le FMI craint, c'est-à-dire «une correction désordonnée sur les marchés immobiliers», cela aurait des conséquences pour la Suisse. Les prix ont déjà baissé, le marché, qui était auparavant en pleine ébullition, se refroidit, écrit le FMI dans son dernier rapport national sur l'Allemagne. Mais les prix sont encore nettement plus élevés que la moyenne historique, de 20 à 40% pour l'immobilier résidentiel.

Selon le FMI, une «correction désordonnée» pourrait survenir si l'inflation dans la zone euro restait trop élevée plus longtemps que prévu, obligeant la Banque centrale européenne à relever encore ses taux d'intérêt. En juin, l'inflation s'élevait à 5,5% selon les dernières estimations.

L'effet va-t-il bientôt s'estomper?

Et aux Etats-Unis, l'inflation est loin d'être vaincue, même si les dernières nouvelles ont d'abord donné cette impression. Comme l'analyse l'économiste américain Paul Krugman, l'inflation a surtout diminué parce que l'essence est devenue moins chère et que les chaînes d'approvisionnement fonctionnent mieux. C'est réjouissant et cela pourrait maintenir l'inflation à un bas niveau pendant quelques mois. Mais ensuite, ces effets s'estomperont.

Ce qui pourrait alors apparaître, c'est une inflation sous-jacente de 4 à 5%. C'est beaucoup, du moins par rapport aux dernières décennies. Et c'est loin de l'objectif de la Fed de 2%. Fermer cet écart n'est pas une sinécure. Selon Krugman, la Réserve fédérale américaine a dû faire face à un écart comparable dans les années 1980 – l'expérience a été douloureuse et le taux chômage a longtemps été très élevé, tout comme les taux d'intérêt.

Va-t-on vivre une crise comme dans les années 1980?

La résolution de la situation actuelle ne doit pas forcément être aussi terrible qu'à l'époque, affirme Krugman. Dans les années 1980, l'inflation élevée était devenue la norme. On négociait les salaires en pensant qu'ils s'élèveraient de 10% pendant des années; les prix étaient également fixés dans cette croyance. La Fed devait alors briser cette normalité, ce qui a nécessité une longue crise.

Actuellement, une telle normalisation de l'inflation élevée n'est pas présente. Bien au contraire: les sondages indiquent que les gens s'attendent à une inflation annuelle de 2% à long terme. Cela pourrait donc être plus facile que dans les années 1980, mais ce ne sera pas simple.

Aujourd'hui, il s'agit surtout de refroidir une économie américaine en surchauffe – ce qui nécessitera des hausses de taux d'intérêt. C'est pourquoi Krugman estime que «s'il y a des économistes qui considèrent le problème de l'inflation comme résolu – je n'en fais en tout cas pas partie». (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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