Le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, a réuni mardi à Berne les organisations suisses de consommateurs. Le renchérissement était au centre des discussions. Parmi les mesures concrètes demandées figurent une diminution des frais bancaires et un gel des primes maladies.
Rien de contraignant n'a émergé de ce premier sommet sur le pouvoir d'achat, mais plusieurs propositions et demandes ont été formulées dans une déclaration commune. Etait-ce un raté? On a posé la question au principal intéressé.
Vous avez organisé un sommet sur le pouvoir d'achat. A première vue, le résultat est décevant: pas un seul chiffre concret ne figure dans votre communiqué.
Je n'avais même pas remarqué (rires). Non, plus sérieusement: mon titre est à la fois une malédiction et une bénédiction. On attend des choses irréalistes du Surveillant des prix. J'aimerais bien me promener avec la baguette magique de Harry Potter à la Migros ou à la Coop et rendre tout plus avantageux. Mais ce n'est pas ainsi que cela se passe.
Comment alors?
Il faut avant tout être très patient.
L'objectif du sommet était de prendre au sérieux la position des Suisses sur ce sujet et d'augmenter la pression politique.
Mais le Parti socialiste (PS), généralement un partenaire fiable en matière de protection des consommateurs, a également émis des critiques. Il vous reproche de ne pas avoir abordé les principaux «ennemis» du pouvoir d'achat. Au lieu de cela, vous vous seriez concentré sur des sujets secondaires. Que répondez-vous à cela?
Je prends cela comme dans le sport. Si tout le monde est un peu mécontent, ça ne doit pas être si mal. Je suis aussi content des critiques de la gauche. Il y a certainement un peu de campagne électorale de la part du PS. Mais je n'ai pas à m'adapter au programme du parti. Mon travail, ce sont les prix.
Mais le PS a raison dans la mesure où la hausse des loyers et des primes d'assurance maladie est actuellement le problème le plus urgent.
C'est vrai. Les loyers ne relèvent toutefois pas de ma compétence. Mais le secteur de la santé souffre bien d'un blocage de la réforme des prix.
Que voulez-vous dire par là?
Prenez l'exemple de la réduction des primes, à laquelle je suis vraiment favorable. En fin de compte, ce n'est qu'un ibuprofène qui soulage brièvement la douleur. Il y a des années déjà, j'ai soumis des propositions au monde politique, par exemple une baisse des prix élevés des génériques. Rien n'a été fait.
Pourquoi?
Parce que tout le monde dépend du système.
Les cantons jouent également un rôle. Ils refusent que les prestations ambulatoires et stationnaires soient financées de manière uniforme. Pourquoi? Parce que cela leur évite de devoir participer à l'augmentation des coûts ambulatoires.
Les prix de l'énergie sont également une source d'inquiétude pour les gens. Aujourd'hui, la Commission fédérale de l'électricité (Elcom) a annoncé que les prix de l'électricité augmenteraient de 18% en 2024. Faudrait-il libéraliser le marché de l'électricité?
Ce n'est pas à moi de décider, mais au législateur. On oublie volontiers que la plupart des entreprises d'électricité sont en mains publiques. Je peux comprendre les attentes de la population, qui souhaite participer aux bénéfices très élevés de ces entreprises.
Qui est en fait le plus touché par la hausse des prix?
Si l'on considère les grands postes de dépenses comme les primes, le logement, la mobilité et les impôts, c'est selon mon expérience la classe moyenne inférieure, qui ne reçoit pas de subventions de l'Etat.
En Suisse, l'inflation est d'environ 2%. Dans les pays européens voisins, le renchérissement atteint jusqu'à 10%. Est-ce qu'on ne se plaindrait pas un peu trop?
Heureusement, nous nous en sortons encore bien. Mais ici aussi, la peur du déclassement social grandit.
N'attendons pas que le mot d'ordre soit, comme au Royaume-Uni, heat or eat (réd: choisir entre se chauffer ou manger).
Cela signifie aussi que la pression sur les politiciens pour qu'ils fassent quelque chose n'est pas encore assez forte en Suisse, non?
Oui, en partie. De nombreux pays européens renforcent la concurrence et plafonnent même les prix de l'énergie. En fait, tous font quelque chose; seule la Suisse observe, sans rien faire.
A quoi attribuez-vous cela?
Le Parlement discute actuellement de la nécessité d'assouplir la loi sur les cartels – au détriment des consommateurs. Nous ne sommes certes plus le paradis des cartels, mais nous avons 20 ans de retard sur l'Union européenne.
N'est-il pas parfois frustrant d'avoir les mains liées dans certains domaines et de voir des solutions torpillées par la politique?
Je fais mon travail depuis quinze ans. Si j'étais facilement frustré, je ne serais plus en fonction depuis longtemps. Pendant la pandémie, j'ai par exemple obtenu que les frais de paiement par carte dans les magasins baissent pour les petites ventes. De nombreux boulangers m'ont remercié. J'ai également fait en sorte que le prix de l'abonnement général en deuxième classe reste inférieur à 4000 francs dans les transports publics. (aargauerzeitung.ch)
Interprété de l'allemand par Tanja Maeder